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Je commence cette chronique en vous posant une question et j’aimerai que vous y réfléchissiez quelques secondes avant de lire la suite :

Et si Iron Maiden était né en Russie ?

Bien sûr ici je ne veux pas parler d’une pâle copie russe du plus grand groupe de tous les temps, non !

Prenez les éléments de ce qui fait la vraie magie de Maiden : une basse chatouillée et galopante, des guitares duellistes efficaces et rythmées, une batterie de pur feeling, un chant sortant à la fois du cœur et des tripes avec des poumons d’acier, des compositions emplies de passion et de puissance faisant naître une alchimie parfaite !

Et maintenant, transposez tout cela en Russie, dans le pays le plus grand du monde où la température moyenne est de -5,5 °C. Un pays ayant une industrie lourde puissante sur Terre et un pied dans l’espace.

A cela, mettez au micro et aux compositions Valery Alexandrovich Kipelov, qui a officié dans ce même poste à la tête d’Aria pendant 17 ans et 8 albums, et pour terminer, ajoutez d’excellents musiciens et invitez en 2nd guitariste sur tout l’album le guitariste incroyable de Rage, j’ai nommé Victor Smolski.

Voilà le décor planté pour aborder cette chronique dans les bonnes conditions.

L’album débute avec Na Rasput'e (À la croisée des chemins) sur l’air d’une basse solitaire très profonde, des coups de baguettes délicats sur la charley à peine audible et des larsens de guitare offrant une courte introduction purement Heavy. Chaque instrument se fait alors entendre de plus en plus et nous propose une montée en puissance jusqu’à l’apparition de Valery Kipelov, nous dévoilant un Heavy très rythmé et tranchant.

Et c’est à ce moment précis que quelque chose vient nous interpeller, l’album est intégralement chanté en russe ! Bien que pour certains, la barrière de la langue les tentera à arrêter là l’écoute de Reki Vremen, je ne leur dirai qu’une chose : la langue russe apporte une véracité et une couleur unique à l’album, tel un étendard montrant à la face du monde que la Russie est aussi une puissance musicale forte ! Comme l’a fait plus récemment Joakim Brodén sur Carolus Rex, la langue maternelle de Valery transcende littéralement l’univers de l’album et nous plonge à la découverte de ce pays de gré ou de force.

Le second titre, Dyhanie Tmy (Souffle des Ténèbres) est dans la lignée du premier, puissant et efficace. La double pédale fait son apparition par toutes petites touches et vient violenter un peu plus cette grosse caisse qui avait déjà subi des coups énergiques. Comme sur le premier titre, la touche personnelle de Victor Smolski se ressent pour le plus grand plaisir de nos oreilles, arborant des riffs et des soli de haute voltige.

Prokok (Le Prophète) commence par un “Heavy-low tempo”, mélangeant guitare acoustique et guitare électrique en introduction, suivies d’un son très lourd et d’un chant très emporté. Puis vient soudain le roulement de caisse claire annonçant l’arrivée imminente d’un interlude/solo plus costaud.  Le titre finira par le riff de départ, à l’instar d’un Fear of a Dark nous faisant traverser diverses émotions au sein d’une même chanson.

Ne Seichas (Pas Maintenant) et Matrichnyi Bog (Le Dieu Matrice) sont quant à eux deux mid-tempo venant démontrer que le groupe est à l’aise sur tous les tempos du Heavy. Un exercice périlleux car ô combien de groupes n’arrivent pas à baisser le tempo sans que cela ne donne l’impression qu’ils  jouent simplement au ralenti (je ne vise pas le dernier album de DragonForce non non :P ). Chaque titre de l’album est joué sur le tempo qui lui va le mieux, ce qui les renforce incroyablement.

Clip “Ne Seichas”


Bon d’accord, low, mid et high tempo, ils savent faire ! Mais qu’en est-il des ballades ? Une vraie, qui prend aux tripes, calme et envoûtante ?! Alors, bloqués les russes ?

A cela, Kipelov répond Ya Zdes (Je Suis Là), le 6ème titre de l’album. Piano, guitare acoustique et chant nous emportent dans une ballade digne d’un Wind Of Change de Scorpions. Elle semble raconter la renaissance après une vie torturée, peut-être fait-elle allusion au paradis ou à la vie après la mort.

Clip “Ya Zdes”


La ballade finie, un mid-tempo se fait entendre. Navazhdenie (Illusion), tempo changeant, batterie McBrainienne. Le grand intérêt de ce titre est ce qu’il cache en son antre, un passage très torturé avec des choeurs et des violons, puis vient un solo d’abord très étrange puis très Heavy, une maîtrise des changements d’univers grandiose.

L’album nous dévoile un 2nd titre calme, Reki Vremen (Les Rivières Du Temps), accompagné de violon et de guitare clean, et se termine sur un titre de Heavy, Prizrachnyi vzvod (Peloton Illusoire) où la basse gronde chacune de ses notes et où les riffs de guitares sont lourds. Le cross-fade final laisse alors partir le bulldozer vers d’autres horizons...

Tout l’album est d’une production nickel, et ne souffre d’aucune répétitivité dans les morceaux. Les paroles sont écrites de façon poétique, pleines d’images, parlant d’espoir et de désespoir, de liberté et de souffrance.

Alors, vous y êtes ? Avez-vous ressenti à quoi aurait pu ressembler la face du monde si Maiden était né en Russie ? La langue internationale aurait sans doute été russe !

A Vreki Vrement, je me dois de mettre la note absolue car je n’arrive pas à décrocher de ce groupe, abasourdi par ses morceaux à chaque écoute, brûlant de cette même passion qui m’a animé à la découverte de Number of the Beast ou Powerslave et qui m’anime encore aujourd’hui. Je suis sûr que vous savez ce que je ressens...

Et pour terminer, comme dirait notre Camarade national, Gérard Depardieu : на здоровье (Santé) !

0 Comments 30 mars 2013
Whysy

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