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Près de deux ans après Killing Season, le plus philippin des groupes américains de thrash métal revient au devant de la scène. Ce retour s'annonce avec un remaniement du line-up, car Will Carroll remplace désormais Andy Galeon à la batterie et Damien Sisson prend la succession de Dennis Pepa à la basse. C'est donc avec un peu de sang neuf et une section rythmique rafraichie qui marque Relentless Retribution. Les thrasheux ont eu une carrière en dent de scie en terme de sorties. Cependant, cette dernière décennie semble marquée par la stabilité et un débit de production plus régulière. L'album sur lequel nous allons nous concentrer risque bien de marquer un virage dans la carrière du groupe. Je ne dis pas ça parce que la cover à la fois apocalyptique et colorée dans les teintes chaudes en font un bel atout commercial (oh oui beaux toutous méchants). Je dis ça car je suis persuadé que même si la sortie de l'album ne marque pas une révolution au sein de la bande, il pointera un renouveau et une certaine évolution très appréciable.

C'est certes toujours avec Mark Osegueda au micro que nous retrouvons la formation employée dans une vigueur hors du commun. Cet homme a l'incroyable don de crier et de faire des grandes parties vocales avec beaucoup plus d'aplomb et de grandeur. Son timbre peut sembler dans un premier temps criard sur le titre éponyme mais sur sur "Volcanic" par exemple, le frontman nous fais la démonstration de ses multiples talents. Sur "Claws In So Deep" le frontman semble habité et fais la démonstration de la schizophrénie la plus totale avec un combat opposant un chant frénétique assez jeune dans sa démarche à celui d'un timbre impérial presque filtré. Pour l'occasion Rodrigo y Gabriela est invité sur la chanson afin de faire une démonstration à la guitare sèche et raviver ce thrash froid et acéré par des vibrations mexicaines.

L'album s'inscrit dans la grande lignée du thrash métal, avec des rythmiques qui déboitent et des riffs pénétrant le tout supporté par un dosage survolté en testostérone et en violence. Les guitaristes ne déméritent pas, et enchainent de véritables prouesses tout en marquant la musique de feeling et d'envolées en tout genre ("Truce"). Les variations sont certes limitées sur cet opus, mais on peut lui reconnaitre un véritable effort de création. Ceci se traduit par des morceaux de choix estampillés par des riffs et des mélodies très aguicheuses. C'est simple, on a l'impression que l'apport des deux nouveaux musiciens a complètement changé la manière de Death Angel de s'exprimer. Ce n'est plus dans un potage épais et homogène que les Américains frappent, c'est dans une musique aérée et remplies de petites subtilités que l'on découvre la magie ("Into The Arms Of Righteous Anger"). L'album défile à cent à l'heure et les chansons sont expédiées avec la plus grande volupté qu'il est nécessaire sans rentrer forcément dans l'exagération ou la lassitude.

Il est vrai que les titres envoient sacrément plein la poire, grâce à des morceaux comme "River Of Rapture" ou "Relentless Revolution", on se rend compte que malgré son âge (le mien) Death Angel a une jeunesse éternelle. Les musiciens sont terriblement enragés et semblent encore plus convaincus que jamais, prêt à tout pour livrer ce combat avec les accords et les mélodies pour remporter l'adhésion des auditeurs. Néanmoins, certains points noirs viennent entacher cet élan. "Absence Of Light" s'enfonce dans une catégorie de chansons trop faciles, n'apportant rien si ce n'est que de la lourdeur à l'intégralité de l'album. Le rythme est plus appuyé et s'accélère peu à peu sans devenir non plus dément, l'alliance des instruments à cordes bourdonnent et les solis passent presque inaperçus. Pour ce morceau mid-tempo, ça sera le mid-effet. Et la suite semble également, salie par un manque d'innovation. "This Hate" contemple encore une fois la facilité sur un tempo plus rapide, mais ni les lignes de chants, ni les lignes instrumentales ne feront plus sourciller qu'un pet coincé.

Et pourtant, si le milieu de la tracklist n'éblouit pas plus que ça, Death Angel arrive à créer un magma musical montant en pression et agréable à découvrir. Les bonnes idées refleurissent par la suite et s'imposent naturellement."Opponents At Sides" nous donne une sacrée leçon de musique avec lequel le sentiment d'hypnose est acquis, et où Ted Aguilar et Rob Cavestany défoncent les portes du conscient et du subconscient à coup de shreds tandis que Damien Sisson emprisonne l'esprit avec le grondement de ses vibrations. On ne pourra pas adopter longtemps une attitude réfractaire tant les instrumentistes font preuve de doigté, de finesse et pour cette chanson ô combien magique. Les esprits seront malmenés par des soli d'une envergure affolante et d'un chant parfaitement retranscrit dans la plus belle authenticité.

Voilà pourquoi, j'annonçais que Relentless Retribution indiquerait un grand changement dans l'évolution des Américains. Les morceaux sont, pour la plupart, doués d'exception et résonnent dans un registre malléable à la frontière entre violence et enchantement. Les assauts bouillonnants du groupe sauront convaincre tout amateur du genre et c'est sans compter sur la production donnant un son moderne aux arrangements. Cet alliage musical se montre à la fois détonant et enivrant, pourquoi ne pas l'essayer puisqu'il ne fait pas de mal ?


- ȦɭɐxƑuɭɭĦĐ -

0 Comments 03 septembre 2010
Whysy

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