« Amoral, par amour du goût … ». Et je n’aurai pas tort car ce troisième album des Finlandais possède cette saveur épicée et légèrement brûlante caractéristique du métal extrême mélodique. « Reptile Ride » est l’une de ces excellentes surprises auxquelles on ne s’attend pas. Voilà peut-être ce qui le rend aussi délicieux, mais il faut savoir qu’ici l’élégance la dispute au talent. Amoral n’est pas un bête groupe extrême, il est à l’origine d’une musique violente certes, mais très technique et se distingue par une approche musicale inédite.

Amoral pratique un death métal technique et mélodique selon une optique sensiblement différente de ce que l’on a l’habitude d’entendre. Il faut avouer que la recherche artistique opérée ici est une franche réussite tant les 9 chansons semblent complètes malgré un aspect parfois progressif, parfois brutal. Cela démontre un réel talent de composition et fait de « Reptile Ride » un album des plus diversifié. Très travaillé dans sa forme, le disque aligne les prouesses techniques tout comme les excellents solis et autre riffs destructeurs. Il arrive parfois que l’aspect progressif et technique puisse rebuter ou dégoûter mais Amoral s’accommode de cette tâche avec stratégie. C’est grâce à un feeling hors norme que ces jeunots parviennent à capter notre attention et notamment lors de solis d’une qualité toute nordique et d’une mélodicité à rude épreuve. Le talent parvient ici à réconcilier technique hallucinante et mélodie entraînante. Les solis sont extrêmement nombreux, souvent plusieurs par chansons, et s’affichent comme l’un des atouts majeurs de ce « Reptile Ride ».

Bien entendu ce disque réserve une grande place aux démonstrations techniques, mais le considérer comme un disque pour musiciens serait bien réducteur. Amoral sait aussi se montrer plus « catchy » grâce à d’excellents riffs et certaines mélodies groovy très bien écrites : « Mute », le refrain de « Nervasion » ou « Snake Skin Saddle ». De même nos Finlandais ont su aérer leur disque de touches atmosphériques plus ou moins appuyées. Je citerai ainsi l’excellente chanson finale « Pusher » qui fait office de parfaite fermeture d’album. Chose plus rare, l’instrumental « Apocalyptic SCI-FI Fun » est un modèle de fluidité et de cohérence où technique, mélodie et atmosphère forment un ensemble à la fois beau et accrocheur. Chapeau ! En à peine 42 minutes Amoral a su imposer son style et sa conception de la musique d’une très belle manière et signe ainsi l’une des grosses surprises de l’année. Je pense sincèrement que ce disque pourrait intéresser toute personne ouverte d’esprit et suffisamment dégourdie intellectuellement capable de comprendre une musique pas forcément simple d’accès, mais composer avec un grand talent.

Alors certes, on reste dans un terrain très extrême ou rythmiques aiguisées et très grosses guitares orchestrent un ballet de voix extrêmes. C’est violent, ça va vite, c’est virtuose, bref… cela ne plaira malheureusement pas à tout le monde. « Reptile Ride » , malgré sa pochette de très mauvais goût, semble prouver la bonne santé de la musique nordique et appuie tout simplement l’énorme potentiel d’un groupe qui aura su, en l’espace de trois albums, trouver sa propre voie et s’y épanouir. Grand disque !

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