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Epica fêtera en 2012 ses dix ans d'existence. En dix ans, le groupe a fait preuve d'une évolution continue, sachant profiter de ses changements de line-up pour modifier en profondeur sa musique. Des morceaux comme Death of a Dream, the Obsessive Devotion ou Menace of Vanity n'auraient jamais vu le jour sans Ariën van Weesenbeek aux fûts, et Martyr of the Free Word n'aurait pu exister sans Isaac Delahaye.

Et après ? Requiem for the Indifferent supporte la lourde charge de succéder à un album unanimement applaudi, avec un line-up stabilisé.

Il commence sur Karma qui ne dépaysera pas l'auditeur : ambiance martialo-orientale, avec quelques choeurs, et une belle montée en puissance. Pourquoi changer une recette qui marche, depuis Adyta jusqu'à Sahmadi, en passant par Hunab K'u et Indigo ? Non, le choc arrive un peu plus tard. Trente secondes plus tard en fait, dès les premières vocalises de Simone sur Monopoly on Truth : c'est faux. Ou pas loin. Le constat est malheureusement valable tout au long de l'album. Exit la voix lyrique, Simone favorise désormais sa voix de poitrine, sur le modèle de Burn to a Cinder. Les exemples ne manqueront pas, presque toutes les pistes sont flanquées de cette nouveauté, et en souffrent. C'est le cas surtout pour Deter the Tyrant et Internal Warfare.
Son timbre n'est pas agréable à l'oreille, et ses lignes de chant sont plus complexes, comme en témoigne par exemple la piste titre.
Ce qui était jusque là une force du groupe, du moins en version studio, devient une faiblesse tant sa prestation est irritante sur la majeure partie de l'album.

Heureusement, sur certains passages, on retrouve la Simone qu'on connaît : Serenade of Self-Destruction voit le retour de sa voix lyrique ; Delirium lui permet de chanter dans ses tons les plus graves, qu'elle maîtrise mieux ; Avalanche exploite toutes les facettes de son organe. Avalanche d'ailleurs est parmi les morceaux les plus accrocheurs, doté principalement de choeurs et d'un refrain diablement efficaces. Ils sont amenés intelligemment, et soutenus par une piste bien conçue, dont la pression ne retombe jamais, malgré sa durée.
Mais ces passages ne sont que trop rares.

De son côté, Mark a fait des progrès au growl, mais voit sa présence écrasée par celle de sa comparse : s'il apparaît sur presque tous les morceaux, sur la plupart il ne fait qu'une apparition. Trois ptits cris et puis s'en va sur Storm the Sorrow par exemple. Son chant apporterait une petite touche d'aggressivité bienvenue. Parce que oui, comparé aux deux derniers albums, Requiem for the Indifferent manque un peu de puissance. Les guitares sont quasi inexistantes, sous mixées, noyées dans les nombreux passages orchestraux et les choeurs. Pourtant, on sent qu'elles sont toujours là, prêtes à exploser. L'introduction de Monopoly on Truth est prometteuse, le riff principal de Deter the Tyrant aussi. Les deux morceaux composés par Isaac en somme. Pour le reste, on assiste impuissants à un retour en arrière, à l'époque où la guitare n'était presque que rythmique.

Dans la série des défauts, il faut ajouter la longueur de l'album. Depuis the Divine Conspiracy, Epica s'est régulièrement vu reprocher des longueurs. Sans surprise, c'est le cas ici, et l'impression est renforcée lors des premières écoutes. En effet, la composition est au mieux complexe, au pire confuse, et rend toutes ces 73 minutes indigestes. Dès Deep Water Horizon, facile de décrocher, et de rater les dernières chansons, peut-être les plus réussies.

[Minute Culture Générale]

[quote]Deepwater Horizon était le nom de la plateforme pétrolière louée par BP dans le Golfe du Mexique, qui a explosé en avril 2010
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[/Minute Culture Générale]

Malgré la thématique sombre et triste, la partie ballade de la chanson n'éveille aucune émotion. Les guitares sèches flamenco-like, soutenues par du violon, s'effacent dès l'arrivée de Simone, mixée très en avant. Les orchestrations et la rythmique n'apportent rien de plus sur cette première partie. Heureusement, l'horreur, l'intensité et la violence de l'explosion sont mieux retranscrites dans la deuxième partie de la chanson, à grand renfort de choeurs et de hurlements de Mark. Dommage finalement que la chanson souffre d'une intro poussive de trois minutes.

L'autre ballade en revanche, Delirium, est intéressante par plusieurs aspects. Simone revient à une utilisation maîtrisée de sa voix, sur fond de clavier très touchant (Coen à la composition, forcément), le tout accompagné de choeurs plus fragiles, sortis de l'époque Consign to Oblivion ... Tout ça rend le morceau agréable, oasis de tranquilité entre Storm the Sorrow et Internal Warfare. C'est une façon innatendue de traiter le thème de la folie, douce et triste. Storm the Sorrow dispose également de lignes de clavier de qualité, posant l'ambiance et le rythme, se mêlant aux choeurs, et concluant les phrases musicales. 
Coen a même droit à un interlude tout à lui, Anima, nouvelle pause entre deux chansons plus denses. Pas de démonstration de compétences ici, il s'agit d'une pièce sans prétention, pour créer la rupture après la longue piste titre.

La piste titre justement, décevante au regard des précédents albums. Tout y est pourtant, l'ambiance orientalisante, les choeurs épiques, les variations des cris de Mark, les nombreux breaks et changements de rythme ... Mais la sauce ne prend pas. Le tout est trop décousu, et pourtant prévisible. Le mixage par ailleurs ne met que la batterie et les voix en avant. Et le reste ?

Heureusement, la chanson de cloture, Serenade of Self-Destruction, elle, ne déçoit pas. Montée en puissance, guitares bien présentes, choeurs de l'enfer. Malgré l'utilisation de son chant de poitrine, Simone ne dénote pas de l'ambiance de la chanson, et lance un refrain aérien, en opposition avec l'obscurité des premières minutes. Le break nous la montre plus à l'aise que jamais dans des vocalises accompagnées du clavier, et la chanson reprend sur une nouvelle mélodie, tout aussi prenante. La double pédale se fait entendre, et Arien donne à nouveau de sa voix parlée... et puis terminé ! Dommage qu'il faille attendre tout l'album avant d'en arriver là.

Vous l'aurez compris, c'est donc un résultant en demi teinte. Il faudra de nombreuses écoutes pour arriver à apprécier cet album. Mais même dans ce cas, que donnera-t-il en live ?

5,5 arrondi à 5, pour la déception.

0 Comments 01 février 2012
Whysy

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