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C’est un peu ce qu’on appellera le double visage de l’Amérique du sud : capable d’un côté de nous donner des groupes métal de grande classe, on pense notamment à Angra, Sepultura ou plus récemment à Aquaria, mais sujette également à un phénomène que nous connaissons depuis un certain temps déjà en Europe. L’engorgement musical de certains styles, notamment le speed mélodique et ses dérivés, est en train de faire tache d’encre sur le continent sud américain, comme le prouve ce Revealed.

Groupe originaire de Colombie, Introspeccion confirme en tous les cas l’éveil progressif des amériques sur la scène métal international. Bien évidemment, il faudra quelques années pour que l’identité du métal sud américain se construise et s’affirme, mais il y a des signes qui ne trompent pas, notamment l’un des publics métal les plus « bruyants » au monde.

Mais rentrons plutôt dans le vif du sujet : après une ouverture assez prometteuse, l’album débute par Despair, un titre qui va très vite pointer les forces et les faiblesses de l’album. Et en premier lieu, la production. Autant le dire dès maintenant, il s’agit du talon d’Achille de Revealed, tellement le son des instruments est étouffé et mal mis en valeur, notamment les riffs guitare qui ont un son très « garage », ce qui sied assez mal au speed mélodique du groupe. Au-delà de ça, c’est plutôt bien ficelé techniquement, les liaisons rythmiques sont bien exécutées, ça va vite et c’est maîtrisé. Au niveau de la construction des morceaux, c’est du grand classique, riff principal et petit solo de guitare / clavier qui va bien, il est clair que Introspeccion n’innove en rien tout au long de l’album.

Par exemple, le titre Distant Love est illustratif de cela. Assez proche de Dragonforce par la puissance et la vitesse d’exécution, le groupe recherche nettement l’efficacité au détriment de l’innovation. L’autre souci majeur est le chant : ça manque d’accroche, de virtuosité, c’est correct dans les graves mais ça devient très crispant quand le chanteur s’essaye dans les aigus. Dommage car cela gâche les quelques passages vraiment intéressants de l’album, où l’on distingue des notes plus progressives, plus de recherche dans la construction, plus de liberté donnée à la musique, comme sur Blinded Eyes notamment. Les deux chansons bonus apportent également des choses intéressantes, le chant en espagnol rend plutôt bien avec des morceaux plus mid tempo, qui ironiquement illustrent mieux le potentiel du jeune combo.

Certes, c’est bien foutu techniquement, les musiciens maîtrisent bien leur sujet musicalement, et l’on entrevoit du potentiel sur des parties plus calmes et atmosphériques, mais l’ensemble reste quand même faible. Handicapé par une production cauchemardesque, un chanteur emprunté et un manque d’originalité flagrant, Revealed s’inscrit dans la lignée du phénomène que j’évoquais plus haut, à savoir un énième groupe de speed qui continue à vampiriser un style qui est arrivé à maturité depuis quelques temps déjà. Seuls les puristes pourront tirer un intérêt musical de l’album, les bonnes consciences décèleront peut-être un potentiel sur certains aspects de l’album, mais Revealed semble être destiné à occuper le second plan pour longtemps encore. Triste mais vrai…

0 Comments 03 novembre 2006
Whysy

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