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Dans une interview assez mythique donnée dans « Metal hammer » en 1992, Gene Simmons présentait son nouvel opus « Revenge » avec énormément d’enthousiasme et de véhémence. Il reniait complètement les trois dernières réalisations du groupe, trop influencées par les courants glam et hard fm en vogue à l’époque, et louait du mieux qu’il le pouvait leur nouvelle réalisation, une « revanche » apparemment bien nommée et qui selon lui devrait célébrer une nouvelle fois le grand retour de Kiss vers le style des origines, ce hard rock puissant et fédérateur, sombre et accrocheur à la fois, tel qu’ils le pratiquaient à leurs débuts. Mais ce retour, combien de fois nous avait-il été promis ? Dans quelle mesure pouvions-nous accorder du crédit à cet homme, connu aussi bien pour sa musique que pour son sens du business ?  Et pourtant… Tous les anciens fans ayant perdu leur intérêt pour le groupe auront été bluffés. Car, oui, au-delà du discours purement promotionnel typique de Mr Simmons, impossible de le contredire, le bougre ayant on ne peut plus raison !!   Très marqué par le décès de leur batteur, Eric Carr, survenu le 14 Novembre 1991 (le même jour que Freddie Mercury de Queen), après plus de 10 ans de bons et loyaux services (ce dernier aurait dû chanter deux titres sur ce nouvel album, et il figure encore sur le clip du premier single), le groupe saura, malgré son chagrin, retrouver une nouvelle force, tirer des conclusions de cet évènement tragique, et revenir sur le devant de la scène plus soudé et fort que jamais. Cet opus est d’ailleurs dédié à la mémoire du disparu, un homme en or et un musicien hors pair que les fans n’oublieront pas.  Et « Revenge » est effectivement le recueil de bombes promis. Regorgeant de riffs accrocheurs, très direct, efficace et heavy à souhait, il sera pour beaucoup l’album de la réconciliation et du grand retour. L’arrivée du nouveau batteur, Eric Singer, ayant travaillé avec les plus grands (et notamment Alice Cooper), fera probablement beaucoup de bien à la troupe, qui avait grand besoin de se remettre sur les rails après les errances plus pop des albums précédents.  Tout cela attaque très fort avec un « Unholy » plus heavy, sombre et puissant que jamais. Un riff destructeur, un Gene Simmons à la voix tout simplement excellente (méconnaissable par rapport aux albums précédents : son timbre est plus rauque, éraillé, sa voix toujours savoureuse et ténébreuse par ailleurs), une véritable pépite, et une ouverture absolument idéale pour ce nouvel album ! Le schéma de l’album oscille en gros entre un titre de Gene puis un de Paul Stanley, l’alternance étant ici judicieuse et parfaitement menée.  Paul est comme à son habitude impérial, qu’il se lance dans des titres franchement provocateurs (la très explicite « Take it off »), des titres plus sombres aux refrains destructeurs (« Tough love »), des ballades poignantes à souhait (« Everytime I look at you », tout simplement magnifique, et l’une des plus belles réussites du groupe en la matière), ou des titres à l’énergie plus rock et directs (l’entêtante et merveilleuse « I just wanna »). Quant à Gene, on sent en lui une véritable rage ; ses titres, selon moi un poil moins réussis que ceux de son compère, vont du plus explicite (le coup de gueule « Thou shalt not »), au plus étrange (la sensuelle « Domino » et ses rythmiques irrésistibles).  Et lorsque nos deux orgueilleux leaders s’unissent, le résultat est encore plus incontournable ; en témoignent l’obsédante et atypique « Spit » ou plus encore le hit de l’album « God gave rock n’roll to you ». Malgré son côté plus gentillet et ses paroles peu recherchées, cet hymne au rock and roll s’avère être un morceau extrêmement attachant, efficace et accessible à la fois, une magnifique réussite qui coupe avec l’aspect légèrement plus sombre de l’album.  Et toujours en hommage à Eric Carr, l’album se termine avec un solo de batterie rehaussé de quelques rythmiques de guitares réenregistrées pour l’occasion. On saluera l’aspect humain du groupe, qui tient à présenter son batteur non pas seulement comme un excellent musicien, mais comme un ami précieux que l’on n’oubliera pas.   En conclusion, cet album, l’un des plus heavy de Kiss, s’avère aussi faire partie de ses incontournables. Ne passez pas à côté de cette bombe et des perles qu’elle recèle. Pour ma part, j’ai dû (sans exagérer) écouter ce disque une bonne centaine de fois, et j’y retrouve toujours un parfum d’authenticité et une force de composition assez rare. A mes yeux l’un des 5 indispensables du groupe, à ranger aux côtés de « Psycho Circus » ou « Creatures of the night » parmi les albums les plus heavy et bien foutus du combo new yorkais. Un album de légende.   Gounouman

0 Comments 10 mai 2007
Whysy

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