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Chaque année nous apporte, inconditionnels fans de musique que nous sommes, bien des attentes vis-à-vis les nouvelles offrandes de nos groupes préférés. Malheureusement, ces espoirs tournent tout de même assez souvent en déceptions. On parle souvent des albums qui n’ont pas tenu leurs promesses, on en débat, on se demande même souvent si l’album déçoit parce que les évolutions du groupe et de ce qu’on veut entendre s’avèrent différentes. Heureusement que, et remercions la prolifique scène métal, d’autres groupes arrivent à voler notre attention, à nous faire oublier nos attentes pour simplement nous faire passer du bon temps. Aspera est un de ces groupes inconnus, nouveaux sur la scène, qui offrent dès leur premier enregistrement un travail de qualité, accrocheur, mélodique, prometteur. Pas étonnant qu’ Inside Out, gourou du rock et du métal progressifs, les ait pris sous son aile. Ripples, fruit de l’expertise du label et de l’inspiration du groupe, s’avère un album de métal progressif complet, tout en restant très mélodique et assez lourd par moments, un style que l’on pourrait associer à Symphony X, en moins épico-dramatique, ou à Pagan’s Mind mais sans effets futuristes. Comparaison il peut y avoir, mais ce premier album d’Aspera ne s’avère pas une vulgaire réplique, mais possède bien une identité particulière.

Ces quelques compliments, aussi valides soient-ils, se justifient encore par la jeunesse du groupe. Les 5 Norvégiens d’Aspera n’ont pas encore 20 ans, ce qui ne les a pas empêchés d’enregistrer 3 démos sous le nom d’Illusion avant cette signature et ce changement de nom. Fort de peu d’années d’expérience, le groupe fait preuve d’une maîtrise instrumentale surprenante. Robin Ognedal, adepte avoué de Petrucci et autres grands guitaristes de ce monde, bluffe l’auditeur non averti de son jeune âge par des lignes rythmiques inventives, progressives et par des solos et shreds maîtrisés, inspirés et développant, côte à côte avec le clavier, des ambiances variées tout en restant très mélodiques. Ce clavier partage sa place avec la guitare de façon naturelle, cédant parfois l’attention par une mélodie discrète supportant le chant, ou prenant sa place au front en répondant à la guitare de belle manière.

Pourtant, et même si l’identité Prog est toujours présente, les pièces de Ripples restent toujours très mélodiques. Si certaines pièces sont développées autour d’un canevas certes assez standard, celles qui marquent le plus sont celles qui contiennent progressivement 2 ou 3 ambiances différentes, trois identités mélodiques qui se complètent (Ripples, Between Black and White, The Purpose. Ainsi donc, et je ne le mentionnerai jamais assez, le développement des pièces reste toujours facile à suivre, même au travers de ces breaks instrumentaux. Qu’est-ce qui permet au groupe d’embrasser son propre son dans un premier album ? Cette facilité à mêler un jeu technique et progressif à un développement d’ambiances. Ainsi, Aspera évite le piège de vouloir verser dans un métal progressif trop instrumental et démonstratif, comme bien des groupes post- Dream Teather.

Ripples bénéficie aussi d’un mixage très professionnel, preuve qu’Inside Out n’a pas fait les choses à moitié pour son nouveau protégé. L’exemple marquant de cette qualité d’enregistrement et de mastering est l’occasionnelle mise à l’avant de la basse. On peut entendre distinctement les cordes claquer pendant un solo de clavier (Do I Dare) ou pendant le break instrumental de Catatonic Coma. Seule fraction de la musique qui s’avère un peu plus faible, le chant d’Antle Peterssen est néanmoins assez varié, parfois clair, parfois plus hargneux, et souvent appuyé par ses confrères pour des effets vocaux variés. On devine toutefois chez le jeune chanteur une inexpérience dans l’interprétation, et son ton de voix parfois un peu pop rappelle certains jeunes chanteurs de groupes rock-pop ou Emo. Aspera gagnera donc à s’améliorer de ce côté. Aussi, l’appréciation des pièces s’avère inégale, certaines marquent par des refrains très accrocheurs et des structures intéressantes (Ripples, Do I Dare, Between Black and White) mais d’autres manquent de punch, et par conséquent restent moins mémorables (Remorse, Torn Apart).

Aspera, vous l’aurez compris, surprend par le rapport entre son extrême jeunesse et ses capacités instrumentales et de composition digne de groupes plus matures. Aussi bon qu’il soit, Ripples n’est néanmoins pas parfait. Son successeur pourrait bénéficier d’une meilleure maîtrise du chant, et peut être d’un développement des thèmes et du concept de l’album, qui sont ici un peu difficile à saisir. Une chose est sure : S’ils continuent dans cette voie, les jeunes Norvégiens sont en passe d’entrer dans la cour des grands du Métal progressif !

0 Comments 04 février 2010
Whysy

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