Il est 19h un soir d’automne, je viens de rentrer chez moi d’un cours de mécanique quantique, quand retentit le téléphone : « Bonjour, Rob Rock à l’appareil ! »



-Pourriez-vous vous présenter vous-même ainsi que votre groupe pour les lecteurs de Heavylaw qui ne vous connaitraient pas encore ?

-Je m’appelle Rob Rock, je suis le chanteur et compositeur du groupe Rob Rock, constitué de CJ Grimmark à la guitare, d’Andreas Olsson à la basse et d’Andreas Johansson à la batterie. Mon groupe est originaire de Suède, et moi de Floride, aux USA. Nous sommes signés chez AFM Records.


-Vous avez chanté dans de nombreux groupes, dont M.A.R.S., Impellitteri et Axel Rudi Pell, avant de commencer votre carrière solo. Vous êtes actif depuis plus de 20 ans. Comment avez-vous évolué, en tant que chanteur, en tant que compositeur, en tant que parolier… ?

-Durant toutes ces années j’ai pu travailler avec des musiciens et des compositeurs très différents, ce qui m’a permis de développer mon propre style de composition. J’essaie de m’améliorer avec chaque album, mais aussi de les rendre différents de leurs prédécesseurs. Je travaille désormais beaucoup avec Roy Z, qui est un producteur très célèbre : il a produit des groupes comme Halford, Bruce Dickinson, maintenant Sebastian Bach, etc. Il m’a été d’une grande aide.


-A propos de Roy Z, quel a été son rôle dans la création de ce nouvel album ?

-Nous avons beaucoup parlé avec Roy de comment nous envisagions Garden of Chaos et du son que nous voulions lui donner. Nous avons décidé de faire un album de heavy traditionnel dans la lignée de Holy Hell, notre précédent opus, mais en apportant une plus grande diversité dans les morceaux. Il a écrit 7 morceaux pour l’album, et j’ai coécrit les 4 autres avec plusieurs personnes différentes. J’ai écrit Garden of Chaos avec Gus G, un guitariste grec, un autre avec mon guitariste CJ Grimmark et encore un autre avec Bob Rossi, un guitariste qui faisait partie de mon précédent line-up. Et puis j’ai écrit une ballade avec ma femme Liza. Cette variété d’auteurs apporte une grande diversité aux morceaux.


-Les autres membres du groupe ont-ils participé à l’enregistrement de l’album?

-Oui, dans les faits c’est principalement CJ Grimmark qui a produit cet album. Il s’est occupé des répétitions du groupe en Suède, et de l’enregistrement de la batterie, de la basse et des guitares. Il est même venu en avion en Floride pour m’assister dans l’enregistrement de mes vocaux. Il était donc responsable de la majeure partie de l’enregistrement, et je l’ai crédité pour cette tâche. Ensuite, nous sommes allés aux Studios Hansen, au Danemark, où j’ai mixé l’album avec Jacob Hansen, comme nous l’avions fait pour Holy Hell.


-J’ai discuté il y a quelques semaines avec les guitaristes de Helloween, qui m’ont répété à de multiples reprises qu’ils n’étaient que de « stupides musiciens » qui laissaient la plupart des décisions artistiques à leur producteur. A l’opposé, certains groupes veulent absolument tout contrôler. Où se situe Rob Rock sur cette échelle ?

-Je m’occupe de la composition, des textes et de mon chant. Ce sont Roy et le reste du groupe qui étaient en charge de la production, et je laisse les performances individuelles de chacun entre les mains de la production. Je me concentre surtout sur mon chant.


-Quels sont les thèmes principaux des paroles de Garden of Chaos?

-Le thème principal est en rapport avec le chaos : le monde est né dans le jardin d’Eden, mais aujourd’hui nous nous trouvons dans un jardin de Chaos. Nous sommes dans une situation critique, avec des guerres et beaucoup de tension. Le morceau Garden of Chaos parle de pays en guerre sans que les populations en aient envie. Satan’s Playground traite du Jihad, de ces gens qui disséminent le mal à travers le monde. Il y a aussi un hymne au metal, Metal Breed, qui parle de l’évolution du metal, de la radio à la télévision, et aujourd’hui à l’Internet. D’autres morceaux comme This Time Is The Last Time ou Unconditional traitent des relations humaines. Et puis il y a Ode to Alexander, que j’ai écrit avec ma femme Liza, et qui parle de notre fils Alex. Je l’ai écrit juste après sa naissance, c’était vraiment parmi les meilleurs moments de ma vie !


-En fait, je me demandais si vous parliez d’Alexandre le Grand dans ce morceau! (rires)

-Eh non, c’était mon fils ! (rires)


-J’espère qu’il deviendra Grand lui aussi! Changeons de sujet : vous êtes souvent catalogué dans le courant du White Metal ou Metal Chrétien. Est-ce quelque chose que vous revendiquez ?

-Je suis fier d’être chrétien, mais je ne suis pas signé sur un label chrétien. La majorité des groupes chrétiens qui se trouvent sur un label chrétien ont pour ambition de propager la parole de Dieu. Ils jouent le rôle de l’Eglise, et souvent avec le soutien de l’Eglise. A l’inverse, je suis sur un label laïc, AFM Records, et je ne me prends pas du tout pour un prédicateur ou quoi que ce soit, même si mes paroles sont souvent influencées par mes opinions de Chrétien.


-Je trouve la pochette de votre album assez trompeuse: elle a un style urbain et peut faire penser à un metal plus « moderne » que le heavy metal classique de Garden of Chaos. Etait-ce un choix délibéré ?

-Je n’ai jamais imaginé que cette pochette puisse être trompeuse. J’essaie de composer du metal classique en y incorporant des sons modernes. J’ai travaillé sur la première version de la pochette de Garden of Chaos, qui figure dans la version japonaise, avec ma femme Liza. Cependant, le label a considéré que cette pochette avait trop l’allure d’une œuvre d’art, et qu’elle ne répondait aux attentes du public metalleux. J’ai donc travaillé avec un artiste qui avait déjà fait de nombreuses pochettes pour AFM. Il a fini par arriver à ce concept de base dont je t’ai parlé de jardin d’Eden se transformant en jardin du Chaos. Je ne pense pas que la pochette soit trompeuse. En tout cas c’était la volonté des commerciaux de chez AFM de lui donner un aspect plus heavy et plus moderne par rapport à la première version. Peut-être sommes-nous allés trop loin ? Je ne sais pas…


-Prévoyez-vous de tourner en Europe, et plus particulièrement en France?

-Nous sommes en pleine discussion à ce sujet, mais a priori nous tournerons en Europe en Février 2008 et en Amérique du Sud en Mars.


-J’espère vous voir à Paris !

-J’espère aussi !


-Quelles sont vos influences musicales?

-Je pense que ma principale influence provient des albums solos de Dio de la fin des années 80.


-Vous devez être ravi de la formation de Heaven and Hell alors!

-Oh que oui, surtout que je les ai vus en concert la semaine dernière ! Très très bon concert, ils avaient l’air de bien s’amuser !


-Ecoutez-vous des groupes de metal plus récents?

-Non, pas vraiment. Et je ne supporte pas ces vocaux hurlés qui prédominent dans la plupart des groupes aujourd’hui…


-Quand et pourquoi avez-vous commencé à chanter du heavy metal ?

-Ça remonte à 1986, lorsque j’ai enregistré mon premier album avec M.A.R.S. Project Driver. Il y avait Rudy Sarzo à la basse, Tommy Aldridge à la batterie et Tony MacAlpine à la guitare. J’ai commencé à chanter du metal parce que j’adorais le metal, j’étais un grand fan des albums solo de Dio, et j’ai eu la chance de saisir l’opportunité qui se présentait à moi. En fait, avant cet enregistrement, je jouais dans un petit groupe de rock progressif dans la veine de Styx et de Kansas. Mais quand je rentrais à la maison j’écoutais des groupes plus heavy comme Black Sabbath, Ozzy Osbourne ou Rainbow.


-Beaucoup de monde en France vous connaît par le biais de votre participation au projet de Tobias Sammet Avantasia. Comment cela s’est-il déroulé ?

-En fait, Tobias m’a contacté et m’a invité à chanter sur un projet d’opéra metal sur lequel il travaillait, parce qu’il était fan de ce que j’avais fait depuis M.A.R.S. Project Driver. C’était lors des débuts de ce projet et je lui ai donné mon accord avec enthousiasme. Je n’imaginais pas alors qu’il y aurait autant d’invités, et je ne savais pas qu’il y aurait deux parties ! J'ai chanté sur 4 morceaux différents, et je fus très content d’être présent sur les deux albums !


-Etes-vous toujours en contact avec lui ? Avez-vous des informations sur la troisième partie ?

-Oui bien sûr, nous sommes amis, mais je ne sais rien sur ce nouvel Avantasia !


-Les politiques français débattent en ce moment du téléchargement illégal. Quelle est votre opinion sur ce sujet ?

-Mon opinion est que ça craint. Je n’aime vraiment pas ça. Avant même que Garden of Chaos sorte, je l’ai vu proposé en téléchargement gratuit sur un site Internet russe. Je pense que le grand public télécharge simplement des albums gratuitement, et ne paye jamais pour ce qu’il a acquis. Mais ce n’est pas possible pour un artiste de continuer à faire de la musique s’il ne touche pas assez d’argent pour enregistrer un album – et je ne parle même pas d’en vivre ! J’ai peut-être tort, mais je crois que ce phénomène tue la musique en général. Bien sûr, il y a cet argument que le téléchargement illégal augmente la notoriété des artistes, mais cela ne constitue un point positif que si les personnes qui téléchargent achètent par la suite la musique qui leur plait. Mais j’ai l’impression que ce n’est pas la mentalité des jeunes d’aujourd’hui. En ce qui me concerne, je préfère patienter jusqu’à la sortie d’un album, puis aller l’acheter dans un magasin, et apprécier l’artwork, la pochette, les paroles lorsqu’elles figurent sur le livret. On perd tout cela en téléchargeant sur Internet.


-Terminons sur une note humoristique: vous arrive-t-il souvent d’être confondu avec Bob Rock ?

-(rires) Plus très souvent aujourd’hui, mais cela m’arrivait souvent à l’époque de la sortie de mon premier album solo. Les gens me demandaient : « C’est toi le Bob Rock qui a bousillé Metallica ? » (rires)


-Merci beaucoup pour cette interview Rob! Avez-vous quelque chose à ajouter à l’intention des lecteurs de Heavylaw ?

-Je veux juste remercier les gens qui m’ont soutenu durant toutes ces années et qui ont acheté mes cds, et j’espère qu’ils continueront de la sorte ! Vous trouverez plus d’informations sur mon site internet www.robrock.com et sur ma page MySpace www.myspace.com/robrock1. Merci pour votre soutien! Et merci pour l’interview !