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L’hiver, le thème par excellence pour inspirer un métal froid et ambiancé. « Routa » signifiant « givre » en français est un double concept album autour de la longue période hivernale finlandaise. Deux disques et deux univers antagonistes car si l’un aborde le désespoir, la mélodie et la tristesse, le second s’attarde sur la violence. Par cette approche « Routa » affiche ses nuances et s’érige en album de choix, où la sensibilité de chacun déterminera ses préférences. Black Sun Aeon permet à Tuomas Saukkonen d’exploiter et développer ses idées les plus sombres et d’habiller son art d’une aura ténébreuse. Succomberez-vous à la beauté glacée de « Talviaamu » (Winter Morning) ou vous abandonnerez-vous plutôt à l’énergie de « Talviyö » (Winter Night) ?  Autant l’annoncer tout de suite, c’est à « Talviaamu » que va toute mon admiration. Très proche de la perfection ce premier disque cristallise à peu près tout ce que j’aime dans la musique. Un univers empreint à la fois de dépression, d’une tristesse maîtrisée mais surtout d’un sens aigue du rythme et la mélodie. Des orchestrations légères et superbes parsèment les compositions et participent aux ambiances. J’apprécie tout particulièrement l’introduction de « Core Of Winter » ainsi que son final à couper le souffle. Fidèle à sa réputation, Tuomas Saukkonen offre une performance inspirée et sait insuffler à ses mélodies un feeling, une émotion qui me touche tout particulièrement. Dès ses premiers accords « Sorrowsong » parvient à me subjuguer sans plus parvenir à me lâcher. Il en va de même pour la démente chanson éponyme « Routa », toute en finnois, au contraste saisissant entre l’aspect triste et désabusé de la mélodie, et la brutalité de la rythmique ! Une folie ! Je me permets également d’insister sur la beauté de « Dead Sun Aeon » au refrain épique et magnifique, le tout sublimer par une ambiance magique. A vous hérisser le poil ! « Cold » quant à elle clot l’album par sa douceur et la beauté de sa voix féminine.  « Talviaamu » est tout en ambiance et en mélodie. Il sait jouer avec nos émotions et possède un véritable sens de la dynamique. En témoigne la très calme « Wreath Of Ice » toute en voix claire qui permet de souffler après la dévastatrice « Routa ». Le single « Frozen » remplit allégrement son rôle mais ne possède pas, à mes yeux, la même puissance que les autres chansons car il se contente d’être juste efficace. Le chant gothique de Mikko Heikkilä est utilisé avec beaucoup de soin et d’intelligence car seules quatre chansons en sont pourvues aux moments opportuns. Une voix qui brille d’autant plus lorsqu’elle s’oppose à la puissance gutturale du maître à penser – « Core Of Winter » et « Frozen » – pour de vrais moments de bravoure. Il n’y a aucun doute possible, « Talviaamu » est exceptionnel. Qu’en est – il de la suite ?  Le second disque « Talviyö » préfère insister sur la puissance dégagée et ne jouera que très peu avec nos émotions. C’est un parti pris à respecter, mais surtout une envie claire de contraste avec « Talviaamu ». L’album n’est ni moins, ni plus intéressant ou réussi, il est juste différent et séduira un autre auditoire. Les rares voix claires qui subsistaient jusqu’alors ont complètement disparues et Tuomas Saukkonen offre une performance vocale toute en noirceur. Les mélodies sont font plus discrètes, les riffs se font plus rapides et les rythmiques s’intensifient. Si la première chanson « Funeral Of World » annonce en quelque sorte la couleur – une musique moins nuancée et plus directe – son approche n’en devient toutefois pas évidente. Il faut avouer qu’à mes yeux l’élixir a quelque peu perdu en saveur, car ces deux premières chansons « Funeral Of World » et « River » peinent à m’accrocher. La première véritable débauche d’énergie arrive avec l’explosive « Frozen Kingdom » – à l’introduction surprenante – qui s’avère véritablement dévastatrice. Outre sa rythmique hallucinante, c’est son cheminement et ses riffs qui imposent le respect. Malheureusement pour moi c’est la seule composition qui m’a véritablement scotché sur ce second disque. Bien évidemment il subsiste d’excellents moments, notamment le final de « The Beast » et son jeu de cymbales presque tribal, dommage que la chanson peine à se mettre en place, et que le break soit trop lourdaud. « Silence » quant à elle s’avère agréable et ouvre le chemin vers l’excellent instrumental final « Apocalyptic Reveries », avec quelques effets de voix pour le moins surprenants !  A mes yeux « Talviyö » souffre de la comparaison avec « Talviaamu » : question de sensibilité sans nul doute. Sûrement le fait de passer d’un univers riche en ambiance, en mélodie et en émotion à quelque chose de plus froid, de plus fade … peut être même de moins inspiré tout simplement ? Bien évidemment l’ensemble reste très correct, autant dans la composition que dans l’interprétation. C’est un peu comme si à mes oreilles « Talviyö » s’inspirait de la scène métal nordique sans pour autant en tirer sa propre personnalité, chose que « Talviaamu » a su faire avec brio. Un second disque qui reste toutefois réussi mais sans âme véritable. Peut être que mon problème vient de là, tout simplement. Qu'il est difficile de noter un double album dont le premier disque frôle à mes yeux la perfection, mais dont le second n'en demeure que bon... Quoiqu’il en soit, je suis impatient de connaître votre avis.  …TeRyX…

0 Comments 21 mars 2010
Whysy

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