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Les groupes à chanteuses ont souvent la cote en baisse quand leur voix vient à leur faire défaut. Certains ne semblent pas s’en remettre (Visions of Atlantis, Xandria), tandis que d’autres choisissent de faire oublier le talent de la partante par des recrutements plus ou moins convaincants (Nightwish, Elis, mais aussi Theatre of Tragedy).

Tristania était marqué par la voix de Vibeke, allure de fée lunaire, faisant rêver filles et garçons. Après une période de flottement, Mariangela Demurtas est intronisée comme une Pénélope Cruz au rabais (la classe en moins, le glamour version pouffe). La douce sensualité du Nord a disparu, place au «je m’impose» de l’Italienne, nouvelle «voix» de Tristania. Enfin, nouvelle voix cela se discute, car personnellement, j’ai surtout eu le sentiment que la nouvelle voix de Tristania, c’était Kjetil, omniprésent, et en tout cas bien plus que Mariangela.

Le sixième album des Norvégiens est sans conteste le successeur des cinq précédents. Considérant que c’est dans les vieux chaudrons qu’on fait les meilleures soupes, Tristania remet le couvert pour continuer à servir les mêmes recettes. Simplement, les plats semblent cette fois quelque peu indigestes. Il faut dire que la subtilité de Vibeke manque pour donner leur envol à des compositions qui ont tendance à être assez rase-mottes. Le chant néo façon Lacuna Coil (et encore, ce n’est pas très sympathique pour cette dernière) de la nouvelle venue est trop insipide pour donner de la saveur à des titres relativement semblables. Je n’arrive pas à comprendre cette manie récente des groupes à chanteuses de recruter des greluches qui se font fort d’avoir appris le chant en s’admirant dans la glace de leur chambre, et pas de les choisir avec un peu de personnalité et ou de conservatoire. Si j’étais mauvaise langue, j’aurais tendance à penser que les rituels du metal se satisfont davantage de poupées manipulables que de divas qui ont conscience de leur talent.

Bien sûr, «Year of the rat» est une chanson réussie, entraînante, bien qu’un peu trop lisse pour donner l’envie de l’écouter et de la réécouter. «Protection», dans le genre «pop métal», est un peu plus intéressante, certainement grâce aux aspérités du chant black d’Anders qui accompagnent le refrain stéréotypé. «Patriot Games» est une très bonne surprise, avec un refrain rock’n roll plutôt original. Dans les bonnes surprises, «Exil», aux accents gothiques languissants...
La première partie de l’album est ainsi, et même si on regrette la puissance qu’avaient les titres de «World of Glass» (notamment, mais pas seulement), l’écoute est plaisante : «The Passing», du Tristania à la Evanescence, porte, en toute logique, sa dose de niaiserie, malgré des accents tristes de violon russe plutôt réussis, bien qu’immédiatement étouffés.
C’est ensuite que cela se gâte : les titres font écho aux chansons précédentes, en moins bien.
Le violon se fait agaçant, la répétition guette aux coins du riff, l’attention se fixe difficilement, l’ennui n’est pas compensé par la soudaine mise en valeur de la batterie, et surtout, la dernière piste, incompréhensiblement longue, n’en finit plus d’ébranler la patience de l’auditeur.

Le succès d’Amy Lee a beaucoup nui à la scène du goth métal. En voulant s’approcher du succès des Américains, de nombreux groupes s’estimant lésés par ont alors choisi de s’aligner sur les standards FM. Bien qu’il n’y ait sans doute pas à juger, lorsque la perte de personnalité et d’originalité n’est pas compensée par l’acquisition d’autres qualités, cela est tout de même regrettable.

0 Comments 20 septembre 2010
Whysy

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