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Aujourd’hui, amis lecteurs « je vais vous parler d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaîtreuuuuhh » , un temps où la plupart d’entre nous n’étions même pas une lueur dans les yeux de nos parents mais une époque charnière puisqu’elle va donner naissance à l’une des figures les plus légendaires du heavy métal, le métal God !!!

En effet, c’est sur le deuxième album de Judas Priest , Sad wings of destiny paru en 1976 chez le groupusculaire label Gull records qu’est apparue pour la première fois LA VOIX si particulière et si chère de Rob Halford. Néanmoins ce cd est très influencé par son époque et les immortels musiciens du groupe abordent même des looks exceptionnels qu’ils doivent bien regretter aujourd’hui : K.K Downing portait alors une sympathique moustache et un chapeau de cow-boy et Rob, pas encore chauve, se complaisait dans des toges fluos, des robes de chambre médiévales ou des chemises taillées dans les rideaux de sa grand-mère Bref toute une époque que l’on peut revivre avec bonheur avec le dvd rétrospectif de la carrière du Priest, Electric eyes. Mais que Marianne Jaymes m’émascule avec une corde à linge (toute ressemblance de cette situation avec un souvenir de ta vie privée, ami lecteur, ne serait que coïncidence pure et gratuite ! ), c’est de ces « Tristes ailes du destin » qu’il convient de parler.

Alors tout commence par un titre exceptionnel, "Victim of change", un morceau titanesque où Rob Halford lance ses premières envolées caractéristiques dans un final grandiose qui sera immortalisé sur le magnifique live Unleashed in the East !!Des breaks puissants, un chant très habité où Rob semble à un moment dialoguer avec quelqu’un puis se parler à lui-même, un solo monstrueux, lancinant et psychédélique et une lente montée en puissance finale où le chant strident et les sonorités suraiguës fixent pour un quart de siècle la particularité du métal. Un titre d’anthologie !!

Néanmoins ce n’est pas la seule pépite de cet album qui envoûte littéralement l’auditeur par ses ambiances sombres et limites malsaines comme sur "the Ripper", autre titre historique si cher au deuxième chanteur du Priest, Tim Owen. L’atmosphère du titre est assez troublante, le refrain tonitruant (« oh hear my warning, never turn your back to the ripper, THE RIPPER !! ») et le solo très court mais assez dérangeant qui illustre la rage grandissante et irrésistible du meurtrier avant de passer à l’acte un peu comme dans l’Etranger de Camus.

L’opus est aussi marqué, et c’est notable pour le groupe, par l’importance du piano. Deux titres sont entièrement dévoués à ce noble instrument (qui revient, par ailleurs, à la fin de "Dream deceiver"), « Prelude » qui introduit le tranchant "Tyrant" et "Epitaph" où la mélodie de Tipton, qui évoque irrésistiblement Queen, rencontre un chant très Mercuryen du métal God. Deux parenthèses très réussies mais qui prouvent bien que Judas Priest n’a pas encore versé dans le heavy métal qu’il va créer plus tard. L’album est bien ancré dans la décennie 1970, avec ses sons psychédéliques parfois planants, ce splendide solo ledzeppelinien ou gilmourien sur « Dream deceiver »ses thèmes cosmiques (les deux volets du deceiver où la mélodie acoustique qui commence le premier titre « Dream deceiver » et qui termine le second « Deceiver » est la même) et sa production si particulière qu’il serait aujourd’hui blasphématoire de critiquer.

Genocide illustre parfaitement la situation du groupe à cette époque, déchiré entre son passé Hard rock 70 (solo, interlude parlé hippie) et les orientations de plus en plus affichées vers ce style qui émerge, le métal (chant, riffs). Sad wings of destiny apparaît ainsi comme un album intermédiaire, une passerelle entre deux mondes où la bête métallique qui naît alors se teinte des derniers oripeaux oniriques.

Enfin je ne peux passer sous silence, nom d’un Tamagochi sodomite et sous acide , la magnifique pochette de Patrick Woodroffe. Cette représentation de l’ange déchu, foudroyé et tombé aux enfers comme le Caïn biblique est une merveille des sens, une illustration mythique qui voit apparaître pour la première fois en pendentif, le métalian, signe égyptien qui va représenter le groupe. Les ailes du destin se déploient pour le Priest mais elles ne seront pas mélancoliques.

0 Comments 14 décembre 2008
Whysy

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