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Satura, troisième album de Lacrimosa, marque le début de l’émergence du suisse Tilo Wolff, avec les incontournables Satura et Versuchung. Satura est l’album de transition parmi l’œuvre Lacrimosienne, comptant en son sein des morceaux typés Angst (premier album) comme Flamme im Wind, mais aussi des mélodies poignantes annonçant les futurs Stille et autres Inferno. On a donc ici un album peu homogène, comprenant des pièces ayant peu de rapport les unes avec les autres, mais, malgré tout, comportant quelque chose en plus qui rend cet album assez unique. Dernière petite précision pour en terminer avec l’intro, ne vous fiez pas au nombre réduit de pistes, elles sont toutes assez longues et l’album a une durée normale (environ cinquante minutes).  Un mot pour qualifier les mélodies de Satura ? Simplicité. En effet, le but visé ici est bien d’instaurer des atmosphères, des ambiances, et non d’enrichir l’album par des démonstrations techniques ou des recherches approfondies sur les différentes utilisations des instruments. Les mélodies sont donc assez austères, tant au niveau des rythmes, qui ne sont jamais très techniques ni très originaux, qu’au niveau du rendu du son. Pas de saturations, on distingue clairement les différents instruments qui sont plus superposés les uns aux autres que combinés entre eux pour former une éventuelle harmonie. Mais cela ne veut pas dire que la musique obtenue ici est dénuée de sentiments. Au contraire, Tilo nous montre, dans l’intro de Satura ou sur Das Schweigen, qu’un piano et un violoncelle (ou un violon), sans balancer cent notes à la mesure, avec un tempo lent, peuvent susciter tout un tas d’émotions. Et curieusement, on ressent lors de ces passages des sentiments d’une nature très différente de ceux qu’on avait pu ressentir dans les autres albums. Ici, ce n’est pas la passion qui vous submerge, mais la quiétude, un sentiment de bien-être, d’apaisement. D’un point de vue plus technique, le son est complètement typé 90’s, avec une utilisation importante de l’écho, notamment sur la caisse claire de la batterie, dont le jeu est très distinct et peu technique. Les guitares jouant dans les aigus de même que les chœurs au synthé renforcent cet aspect années 90. Mais l’instrument dominant l’album est incontestablement la basse, qui donne toute leur personnalité aux morceaux, car elle se révèle être le plus souvent, la base mélodique de la chanson. Elle est donc la clef de voûte instrumentale de l’album et il est clair que sans elle, l’album perdrait presque tout son charme. Les morceaux, eux, sont facilement mémorisables, ce qui est assez étonnant car l’univers de Satura est quand même bien spécial et son accessibilité n’est pas celle de Stille ou d’Elodia. Ils sont très travaillés dans le sens où l’immersion dans le monde de Tilo est complètement réussie, et bien que l’album soit hétérogène, chaque pièce possède son essence, son Innerwelt. A noter tout de même, chose exceptionnelle parmi l’œuvre Lacrimosienne, un morceau basé hard ! Je ne vais pas vous faire un track by track mais je me dois de vous dire quelques mots sur cette piste : Erinnerung (souvenir en français) ou comment mêler hard rock et gothisme. Un début assez déconcertant, surtout quand on sait ce qui va suivre, des riffs on ne peut plus hard des années 80, un refrain de la même facture, une basse qui alterne mélodie entraînante et sensuelle et jeu gothique et un solo de guitare digne des grands du heavy allemand. Bref, un morceau à découvrir ! J’en viens maintenant au point le point le plus négatif de l’album : le chant. « Quoi ?? Mais qu’est-ce qu’elle dit Licornette ?? Elle devient folle ?? » Non, non, chers lecteurs, je vais très bien. Oui c’est Tilo Wolff au chant et oui cette fois ci c’est horrible. On voit bien qu’il n’en est qu’au début de sa carrière et heureusement (pour lui et pour nous) qu’il a évolué ! Puissance ? Mensonges… Emotions ? Tromperies ! En effet, on est encore loin de la voix si particulière, si puissante et porteuse de sentiments du chanteur de Halt Mich et autres Kelch der Liebe ! On a affaire ici à un Tilo souffreteux, à la voix chevrotante et monocorde, qui frise parfois les grognements autistiques. Et s’il possède déjà à cette époque son timbre si singulier, ce n’est pas pour autant qu’il le met à profit (excepté sur Das Schweigen, la moins pire, vocalement parlant, de l’album car la voix s’accorde plutôt bien à la mélodie du piano).  Pour terminer, que retenir de Satura ? Des morceaux que l’on mémorise facilement, avec des mélodies simples mais de qualité, travaillant beaucoup sur les ambiances, mais un album cependant hétérogène et un chant rebutant au possible. Si vous aimez seulement le Lacrimosa d’Elodia ou d’Echos, passez votre chemin. Si vous ne connaissez pas le groupe, ne commencez pas par cet album, ses successeurs sont largement meilleurs. Mais si vous aimez passionnément l’œuvre de Tilo Wolff et si vous n’avez pas été gêné par Inferno, alors jetez une oreille à ce Satura qui offre un aspect intéressant qui ne sera plus jamais abordé dans l’œuvre du maître. Satura prouve que si tout ce qui vient de Tilo est unique, tout ce qui est Lacrimosien n’est pas forcément un chef d’œuvre… Bonne écoute !  ~ La Dame à la Licorne ~

0 Comments 08 juin 2006
Whysy

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