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Avec la sortie de Singularity Phase 1, Scar Symmetry espère bien enfoncer le clou et montrer qu'ils sont toujours là. Concept ambitieux s'il en est, j'ai donc discuté un long moment avec Per Nilsson, unique compositeur du groupe pour savoir ce qu'il en retourne, entretien avec un homme bien bavard et passionné par son sujet.  Golder :Bonjour Per, cela fait maintenant trois ans que vous avez sorti The Unseen Empire. En écoutant l'album maintenant, qu'en penses-tu ?  Per Nilsson :J'aime vraiment beaucoup cet album. C'était un album qu'on a fait rapidement, on a pas passé beaucoup de temps dessus, et c'est assez amusant, la façon dont les gens perçoivent ta musique. Quand on a enregistré Dark Matter Dimensions on a du virer Christian (Älvestam, ancien chanteur de Scar Symmetry) du groupe et on a ramené Robert (Karlsson, chant saturé) et Lars (Palmqvist, chant clair) pour chanter avec nous. Quand on s'est séparés de Christian, on a pas autant tourné autant avec Robert et Lars, on a juste fait quelques concerts pour les tester sur scène. Après, on a très rapidement bossé sur du nouveau matériel, pour avoir de la musique avec le nouveau line-up et on a vraiment passé beaucoup de temps à composer et enregistrer cet album. Quand l'album est sorti, il a semblé sortir très rapidement après Holographic Universe même après qu'on ai passé tant de temps et fait tant d'effort sur l'album, si bien que le public l'a perçu comme quelque chose qu'on a juste assemblé rapidement, juste pour sortir un truc, ce qui n'était absolument pas le cas ! J'ai pu lire sur les forums "La prochaine fois, ils ont intérêt à prendre plus de temps pour faire l'album" Quand on a commencé à travailler sur The Unseen Empire, on a été bookés pour faire une tournée aux États Unis au moment où on était censés bosser sur l'album, on ne voulait pas trop passer une telle tournée aux États Unis donc on s'est dit "Tant pis, on devra le faire en même temps" On a écrit l'album en quelques semaines, enregistré la batterie très rapidement et on a fait pas mal de bourdes, des bourdes qu'il a fallu rattraper plus tard. On a ensuite enregistré les guitares pendant la tournée, dans le tour-bus, dans de mauvaises circonstances évidentes. Quand on est revenu à la maison, Jonas (Kjellgren, ancien bassiste) s'était cassé le bras pendant la tournée donc il ne pouvait pas jouer, l'enregistrement a été un vrai désastre mais a été assez rapide. Pour une raison ou une autre, le temps entre l'album précédent et The Unseen Empire a été juste un peu plus long, le public avait commencé à accepter le nouveau line-up et je pouvais voir sur les forums et en commentaire sur Youtube que les gens étaient plus positifs. "On voit qu'ils ont bossé plus dur sur cet album" C'est vraiment amusant. C'est une chose d'aimer ou non un album mais la façon dont les gens les interprètent et les perçoivent et vraiment intéressant.  G : Comment The Unseen Empire vous a-t-il influencé pour la composition de Singularity Phase 1 ?  P.N : Je pense que pour chacun des albums qu'on a réalisé, l'album précédent détermine la direction du suivant, en quelque sorte. On peut entendre ça depuis Symmetric In Design vers Pitch Black Progress puis de celui là vers Holographic Univers, chaque album devient de plus en plus poli et raffiné. Après Holographic Universe, on en a eu tous marre de certains trucs qui se passaient dans le groupe, les difficultés, le fait de rassembler un nouveau line-up et tous les problèmes que ça entraîne. Je pense qu'on avait aussi l'impression que Holographic Universe était peut être trop poli, donc on voulait un album un peu plus brutal, un peu plus rentre-dedans, on avait envie de moins utiliser les outils du studios, comme auto-tune, faire un album plus authentique.  G : Comment s'est passé le processus de composition ? Est ce que toi et Henrik (Ohlsson, batterie) vous bossez ensemble, ou est-ce que vous commencez chacun de votre côté ?  P.N : Et bien, c'est le premier album que je compose tout seul. Avant, je co-écrivais les chansons avec Jonas. D'habitude, on écrit chacun de notre côté, je compose une chanson, il en écrit une et on se réunit et on s'aide mutuellement pour les arrangements vocaux. De temps en temps, on co-écrit des chansons mais c'est vraiment la première fois que j'ai un contrôle total sur le processus créatif de la composition des chansons. Tout a commencé entre Henrik et moi, on a commencé à discuter de faire une trilogie. Il est rentré chez lui et a commencé à travailler dessus et il m'a présenté un synopsis en trois parties où, pour chaque partie, il avait un titre, des autres idées de titre et même une histoire dans laquelle les paroles s'incrusteraient. L'histoire n'est pas finale encore, c'est juste un résumé. J'ai donc commencé à écrire les chansons, j'avais déjà une bonne idée à quoi les paroles allaient ressembler et je ce que je voulais dire pour compléter ces paroles. J'avais aussi déjà une idée de ce à quoi la musique allait être sur la partie deux et trois de la trilogie. Cela a donc influencé mes décisions d'écriture pour la première partie. Par exemple, je savais que la deuxième partie allait être un peu plus sombre et agressive dans l'atmosphère générale de l'album au vu du concept et la musique devait donc suivre les paroles, cela veut dire que quand j'ai composé la musique pour la première partie, vu que je savais que la deuxième partie allait être plus sombre, que je pouvais me permettre de faire cette première partie un peu plus légère et mélodique, vu que la partie sombre et brutale allait venir plus tard. Je peut juste m'étaler dans cette direction, c'est un point très important et une grande différence par rapport à la façon dont on composait avant.  G : Est-ce que le reste du groupe a aidé un peu, aux paroles ou à la musique ?  P.N : Euh, non. Je crois être auteur de chacune des notes jouées sur cet album. J'ai écrit toutes les chansons, toutes les mélodies vocales, tous les arrangements vocaux. J'ai écrit les parties de basses, enregistré et produit tout sur l'album. J'étais là pour toutes les sessions d'enregistrement donc quand il y avait des changements à faire, ça venait de moi.  G : La pochette de l'album a donc été réalisé par Mircea Gabriel Eftemie, pourquoi ce choix ? Est-ce quelqu'un que tu connais ?  P.N : On a pris contact l'année dernière, on a discuté de l'éventualité de faire des tournées ensemble, vu qu'il fait partie du groupe Mnemic. Cela ne s'est jamais fait mais on avait déjà parlé ensemble en ligne quand on réfléchissait pour les pochettes pour la trilogie, c'était d'ailleurs une idée du label de bosser avec lui et on a entendu qu'il était un super artiste pour les pochettes. On a commencé à échanger des idées ensemble et il a réalisé les pochettes des trois albums en une seule session, tout est fait à ce niveau, il avait même fini avant que j'ai fini d'écrire toute la musique, donc les pochettes ont été une sorte d'inspiration quand je composais. Pour le premier album, vu que cette partie s’appelle "Neo-Humanity" et que la première piste s’appelle Neo-Human (la deuxième en fait, la première était une courte piste instrumentale) et cela introduit le concept de "néo-humanisme", la prochaine étape dans l'évolution humaine, l'augmentation et l'amélioration de l'humain. La première étape est d'ajouter ou d'améliorer et de changer des morceaux de notre corps par des parties artificielles, donc, petit à petit, l'Homme devient de plus en plus cyborg, de plus en plus androïde et on utilisera des interfaces de connexion neuronales pour accéder à un plus haut niveau d'intelligence et, plus loin dans le future, on sera capable de transférer notre conscience dans un corps artificiel pour qu'on soit capable, quand notre corps a expiré et est inutilisable, de continuer à vivre dans un coque artificielle tel un androïde. Comme ce concept de néo-humanisme se développait, j'ai eu l'idée de réutiliser l'Homme de Vitruve de Léonard de Vinci, l'essence même de l'Homme, pour en faire ce "néo-Homme de Vitruve" sur la pochette.

G : À quoi Mircea avait-il accès ? Tu m'as déjà dit qu'il n'avait pas accès à toute la musique mais avait-il les paroles pour concevoir la pochette ?  P.N : Je ne me souvient pas si on a joué un des morceaux à l'étape de démo pour lui, ou si il a lu les paroles mais il avait le synopsis, donc il avait une idée de l'atmosphère générale. Henrik et moi ont trouvé pas mal d'idées sur ce qui pouvait y avoir sur la pochette et il y a juste ajouté sa touche personnelle.  G : Cette album est donc la première partie d'une trilogie basée sur le trans-humanisme, comment vous est venue cette idée ?  P.N : La première chose dont nous avons discuté était de faire une trilogie. Après avoir fait cinq albums, un tous les deux ans environ, on avait envie de faire quelque chose de différent, surtout maintenant que Jonas quitte le groupe, de faire quelque chose qui nous garde motivé et envoyer un message aux fans, pour leur dire qu'on est toujours dans la course. On voulait vraiment faire quelque chose de spécial pour nos fans et, au début, cela devait être une trilogie de EP et l'idée d'écrire à propos de trans-humanisme et de singularité technologique nous est rapidement venue à l'esprit. Au moment où on discutait de ça, on s'est aperçus très vite que ce sujet revenait beaucoup aux infos, sur internet, sur facebook. Partout où je regardais, je voyais des références à l'avancée technologique, à des personnes se faisant congeler pour pouvoir être réveillés une centaine d'années plus tard et continuer de vivre. Ce fut vraiment quelque chose qui nous a fait réfléchir, toutes ces avancées technologiques et quel impact elles allaient avoir sur l'humanité. À un moment, j'étais à l'aéroport de Francfort, l'année dernière, pour aller au Musikmesse et j'ai entendu deux Américains en costume discuter pendant que j'attendais mes bagages. Je les ai entendu parler de Ray Kurzweil et comment Bill Gates a affirmé que Ray Kurzweil était plus ou moins capable de prédire le futur de la technologie et je les ai entendu parler de singularité. On peut interpréter la singularité de plusieurs façon, par exemple la singularité technologique est un point dans l'histoire où on aura une explosion d'intelligence, où l'Homme pourra atteindre un stade de super-intelligence par des interfaces neuronales et au moment où l'intelligence artificielle commencera à se développer d'elle même à chaque nouvelle génération, devenant de plus en plus perfectionnée. Àce point là, la technologie aura un avancement exponentiel et il est impossible, pour nous avec notre intelligence inférieure, de prédire ce qu'une telle intelligence sera capable de faire, et dans quelle direction la société évoluera. J'ai entendu le terme de singularité revenir plusieurs fois dans la discussion des Américains et c'est à ce moment que j'ai décidé du titre de la trilogie, j'ai donc appelé Henrik pour lui en faire part.  G : Vous avez sorti Limits To Infinity comme premier single, qu'est-ce qui vous a fait choisir cette piste plutôt qu'une autre ?  P.N : Et bien, quand j'ai envoyé le mastering final au label, ils n'avaient encore rien entendu de l'album. Ils sont vraiment cool, on a une totale liberté artistique et créative. Donc, quand je leur ai envoyé le mastering final, j'ai reçu un message de leur part quelques jours plus tard qui me disait qu'ils voudraient bien Limits To Infinity comme premier single et ce que j'en pensais. J'en ai discuté avec les mecs et on est tous tombés d'accord que c'était un bon premier single, notre premier choix était Cryonic Harvest parce que c'était probablement mon morceau préféré de l'album. Il sera le deuxième single, que l'on sortira la semaine prochaine, le 26 Septembre je crois. Il y avait d'autres morceaux qu'on aurait pu prendre aussi, je pense que les morceaux longs étaient hors de questions, l'album n'est pas super long, c'est 43 minutes et quelques, donc mettre en single une piste de dix minutes, c'est donner une grosse partie de l'album. Et puis pour un single, c'est bien de donner un morceau plus mélodique et direct, Limits To Infinity est probablement le morceau le plus dans ce cas. Je n'écris pas de musique pour avoir mes morceaux à la radio, de toute façon, on sait très bien que ça n'arrivera jamais à la radio, quoi qu'on fasse mais j'aime bien le format de ce morceau. C'est direct et ça commence très vite, le chanson démarre, tu rentres rapidement dedans et avant que tu le réalises, c'est déjà fini et tout ce que tu veux, c'est la réécouter ! J'aime avoir un bon mélange dans un album, des chansons longues qui peuvent partir un peu dans toutes les directions et des chansons un peu plus directes et évidentes.  G : Quand on écoute l'album, on a l'impression que vous revenez à un son que vous aviez dans Pitch Black Progress, encore plus évident justement en écoutant Limits To Infinity et Cryonic Harvest, était-ce un choix de votre part ?  P.N : Hmm, non, pas vraiment, je ne pense pas. Il me semble que, à mon avis, stylistiquement parlant, cet album est plus proche de Holographic Universe, c'est avec cet album qui était le plus progressif mais aussi le plus mélodique et poli. Je pense que, durant cette époque avec Lars et Robert, on a eu les albums les plus mélodiques et progressifs, d'une certaine façon. Donc pour moi, c'est plus proche de Holographic Universe mais chacun a sa propre perception de l'album.  G : As-tu une idée de matériel dont Henrik s'est inspiré pour les paroles ?  P.N : Je crois que son inspiration principale est le livre de Ray Kurtzweil, "Humanité 2.0"  G : Que s'est-il passé avec Jonas ? J'ai eu l'impression que c'est arrivé de nul part, son départ du groupe.  P.N : Ça n'est pas arrivé de nul part pour nous. Avant qu'il quitte le groupe l'année dernière, il n'appartenait plus au groupe depuis au moins 6 mois avant ça. Il est juste venu un jour après qu'on ait fini un concert avec lui pour nous dire qu'il avait rejoint Raubtier comme leur nouveau bassiste. On était tous cool avec ça, on connaissait bien les mecs du groupe, c'est des amis de Scar Symmetry. Quand il nous a dit qu'il les rejoignait et qu'il allait tourner avec eux, on était cool, il faisait ce qu'il voulait, le groupe ne possède pas ses membres comme un possède un objet et tout le monde est libre de faire ce qu'ils veut, on s'arrange juste avec nos agendas pour qu'on puisse jouer ensemble. On a tous des side-projects et je ne pensais pas que ça allait être un problème. De toute façon, on avait déjà joué quelques concerts sans lui par le passé, quand il était trop occupé par son travail en studio. On a aussi tourné sans lui quand il s'était cassé le bras, deux semaines après le début de la tournée. On a du finir la tournée sans lui. On s'est juste dit qu'il manquerait quelques concerts mais c'était vraiment sans importance. Au fur et à mesure que le temps passait, on a réalisé qu'il ne revenait pas, même certains jours où le groupe, Raubtier, était en pause, il n'avait quand même pas le temps de jouer avec nous. Au début de l'année dernière, je l'ai appelé donc pour savoir si il allait revenir, on voulait enregistrer un nouvel album, il était temps qu'on se remette au travail et qu'on sorte quelque chose et on voulait qu'il joue en live avec nous. Il m'a répondu qu'il ne pourrait probablement pas revenir jouer avec Scar Symmetry et, pour ce que j'en ai compris, il ne pouvait jouer avec d'autre groupes, le groupe ne l'autorisait pas à appartenir à d'autre groupes. Je lui ai donc expliqué que ça nous mettait dans une situation difficile, on voulait avancer avec le groupe, faire de nouveaux trucs et il a réalisé que c'était pas correct vis-à-vis du groupe, et il a décidé que c'était mieux pour tout le monde qu'il quitte le groupe. Le fait qu'il quitte le groupe était un peu bizarre, il a été le producteur principal du groupe pour tous les albums, même si j'ai co-produit quelques uns des albums et il a écrit à peu près la moitié de toute la musique, c'était un peu stressant. Mais bon, on a été tellement frustrés par cette situation, le fait qu'il quitte de lui même le groupe nous un donné un bon gros coup de pied au cul, ça nous a filé un max d'énergie. C'était un peu comme une expérience de mort imminente, on avait l'impression que le groupe allait se disloquer, parce que ça marchait plus. Tout ça nous a donné une sorte de nouvelle vie. Je pense que si il était resté dans le groupe, on aurait pas sorti la trilogie, on aurait juste sorti un autre album et il aurait été stressé par tous les autres trucs dans sa vie, l'album n'aurait pas été aussi bon.

G : Pour être tout à fait honnête, j'ai eu une interview avec le groupe pour la sortie de The Unseen Empire et j'ai eu Jonas à l'autre bout du fil. J'ai vraiment eu l'impression qu'il n'était pas intéressé par le travail du groupe, les trois premières questions que je lui ai posées, il m'a répondu qu'il ne savait pas trop, c'était un peu dur de poursuivre l'interview avec ça.  P.N : (rires) Je peux comprendre ça. D'une certaine façon, j'adore Jonas, il est comme un frère pour moi même si je ne le vois plus beaucoup ces derniers temps, il habite à quelques heures de chez moi, on a pas vraiment d'endroit où se voir, il est occupé et moi aussi mais je l'adore, c'est vraiment un génie dans ce qu'il fait, en particulier la production. Il est vraiment vraiment bon à ça mais il est un peu spécial et de la façon dont l'interview avec toi s'est passée ne veut pas forcément dire qu'il n'était pas intéressé, peut être qu'il était dans un mauvais jour, stressé par son boulot au studio ou autre chose, il est quelqu'un qui va un peu évacuer ses émotions sur les autres. D'un autre côté, quand il est dans ses bons jours, il peut être la personne la plus généreuse et la plus fantastique du monde. Il a un peu deux facettes à sa personnalité mais je pouvais voir, ces dernières années, que son enthousiasme n'y était plus.  G : Tu es donc maintenant le seul qui s'occupe de la production, du mixage et du mastering de l'album, qu'est ce que ça fait ?  P.N : Au début, c'était assez effrayant. Je n'avais pas peur de la partie d'enregistrement et production de l'album, c'est quelque chose que j'avais déjà fait, j'ai co-produit beaucoup des albums de Scar Symmetry et même si je ne suis pas crédité, j'ai produit le chant sur beaucoup des albums et j'ai toujours produit moi même mes parties de guitare. Ce fut donc une partie que j'étais impatient de faire, prendre toutes les décisions durant l'enregistrement et ce fut un jeu d'enfant. Ce fut quand on est arrivé à la partie mixage de l'album que j'ai eu quelques doutes. J'avais ce rêve de mixer l'album moi-même mais j'avais des soucis sur comment je pourrais donner la partie du mixage à quelqu'un d'autre, j'avais des doutes si quelqu'un allait comprendre ma vision de la musique. J'ai quand même envoyé quelques morceaux à quelques-uns de mes ingé-son préférés pour faire un mixage test sur le morceau qu'ils préféraient, ils n'ont pas mixé l'album en entier. Un de mes amis, qui est un fantastique ingénieur-son, je ne devrais pas le nommer, vu qu'il n'a pas eu le boulot, a mixé Cryonic Harvest, c'était bon mais je voyais bien qu'il ne voyait pas la musique comme moi je la voyais. J'ai aussi envoyé The Spiral Timeshift à Jonas, je lui ai parlé et il m'a proposé de mixer l'album, il m'a même offert de le faire gratuitement ou pour un prix dérisoire et si Jonas avait mixé l'album, ça aurait été vraiment cool, il n'est plus dans le groupe mais il aurait quand même joué un rôle dans l'album. Il a donc essayé de mixer un morceau et, pour être honnête, je n'ai pas du tout aimé son mix, et je dis ça avec tout le respect que je lui porte, il est l'un de mes ingé-son préférés, j'adore le boulot qu'il a fait sur les albums précédents, il a fait des mix absolument incroyables mais ce mix qu'il a fait, pour cette chanson, ça le faisait pas du tout. Ce n'était pas mauvais mais encore une fois, il n'entendait pas la musique comme moi je l'entendais. J'ai mangé, respiré et même chié cette musique pendant presque un an et j'ai vu que le mix que j'avais fait de ces morceaux sonnait mieux, à mes oreilles, que ce que mes amis m'avaient proposé. Un truc sur cet album, c'est que même si toutes les chansons n'ont pas l'air super complexes, le processus de production est lui super complexe, avec beaucoup de couches. Par exemple, l'intro de Cryonic Harvest, il y a la batterie, la guitare rythmique, la basse mais il y a aussi trois guitares jouant la mélodie principale, 12 pistes de piano, une caisse claire supplémentaire avec beaucoup de réverbération, un enregistrement supplémentaire des toms, pour rendre le tout plus gros et massif, il y a des guitares acoustiques, des guitares classiques, beaucoup beaucoup d'instruments. Tout ça y est pour beaucoup dans le morceau, beaucoup de pistes de clavier, des chœurs et certains détails qu'on ne remarque pas forcément mais que, si c'est enlevé, ça se remarque tout de suite. Tout ça fait partie de la vision de la musique, une décision créative, comme par exemple quelle partie du morceau tu vas mettre en évidence, et que vas-tu mettre en fond sonore. Il y a beaucoup plus de jeux entre les chanteurs, et je ne parle pas uniquement de Robert et Lars, je chante 80% des chœurs et, à certains moment, je chante aussi la mélodie. Il y a d'autres moment où je chante la mélodie et Lars la chante aussi et on chante tous les deux en harmonie. Par exemple, dans Limits To Infinity je chante la mélodie principale mais en fond sonore, donc ce que tu entends, c'est Lars, mais moi aussi. Dans d'autres morceaux, j'ai fait un peu le contraire, avec ma voix un peu plus en avant et Lars un peu plus en fond. C'est beaucoup de travail de prendre toutes ces décisions, j'ai juste pensé que ça serait plus simple si je m'occupais du mix moi-même.  G : Pour en revenir à Jonas, pensez-vous le remplacer par quelqu'un d'autre qu'un musicien de session ?  P.N : Un jour peut être mais au point où on en est dans le groupe, on joue seulement de temps en temps, on ne fait pas des grandes tournée. Certains groupes partent tourner pendant 8 à 10 mois dans l'année mais nous ne fonctionnons pas comme ça, du moins pas maintenant. Tout le monde a quelque chose dans sa vie, de la famille ou autre et on a plus tous 20 ans, on sélectionne un peu plus nos tournées. Tu vois, on a pas vraiment besoin d'un membre permanent dans le groupe pour l'instant et je suis sûr de ne pas avoir besoin de quelqu'un pour m'aider à l'écriture de la musique. Tel que je le vois, j'aimerais au moins finir la trilogie avant de penser à ajouter quelqu'un d'autre au groupe. Si jamais on ajoute quelqu'un au groupe, ça serait quelqu'un qui serait juste là quand on tourne, de temps en temps et ne participerait pas au processus créatif du groupe. En fait, ça serait comme avoir un nouveau membre officiellement dans le groupe, mais seulement de manière officielle. Il y a quelque chose dans cette démarche qui la rend un peu fausse, je sais que d'autres groupes font ça, ramener un nouveau guitariste ou autre et je sais que ce nouveau membre n'a pas les mêmes privilèges que le reste du groupe, c'est le petit nouveau, il n'est pas aussi bien payé, il n'a pas son mot à dire dans la gestion du groupe. Ce n'est pas une décision facile et si on embauche un nouveau membre, je veux qu'on puisse tous soutenir et que ce soit quelque chose de vraiment permanent. Peut être que ce nouveau membre nous aiderait à l'écriture, pour les solos par exemple mais j'en suis pas là pour l'instant. On verra, de toute façon, il y a un manque assez étrange de candidats potentiels. Ne te méprends pas, il y a plein de bons guitaristes, et il y a plein de gens qui pourraient remplacer Jonas. Un truc qui était super avec Jonas, c'est que le style de ses solos contrastait bien avec le mien. Enfin bref, je ne sais pas.  G : Vous avez une tournée de prévue ?  P.N : En fait, on a déjà commencé à planifier une tournée en Europe pour le début de l'année prochaine, on va probablement partir 5 semaines et jouer dans plein d'endroits différents, parce que ça fait un moment qu'on a fait une vrai tournée européenne. Par contre on a appris très récemment que Robert allait devenir papa pour la première fois en Février, on est tous très content mais on peut pas trop partir en tournée trop longtemps si lui n'est pas capable de venir, certains enfants aiment bien arriver en avance !  G : Vu que vous avez une tournée de prévue, avez vous déjà une idée de qui va ouvrir pour vous ?  P.N : Hmm, non, pas vraiment. Il y a plein de groupes avec qui on aimerait bien partir en tournée. On a fait une tournée aux Etats Unis et en Grande Bretagne avec ce groupe appelé Bloodshot Dawn, j'ai même joué un solo sur leur prochain album. Au début de l'année dernière, on avait une petite tournée en Europe de l'est, on était supposé jouer en Ukraine mais bon, on a annulé, c'était en plein pendant les émeutes mais on a joué à Moscou et à Minsk mais ce fût une des première tournée auxquelles je n'ai pas pu assister, un ami proche de la famille est décédé de manière assez inattendue et je suis donc resté avec ma famille pour assister aux funérailles. On a donc pris ce fantastique jeune guitariste de Bloodshot Dawn, Benjamin Ellis, pour me remplacer. C'est vraiment un super groupe et ils sont malheureusement pas assez connus, ils méritent plus de reconnaissance. Ils seraient vraiment le groupe parfait pour ouvrir pour nous. Benjamin a réussi à apprendre tous nos morceaux et tous mes solos en moins d'une semaine et ils ont réussi à aménager leur emploi du temps pour qu'il puisse partir en tournée avec Scar Symmetry, on ne les remerciera jamais assez, donc dès qu'on peut leur filer un petit coup de pouce...

G : Des projets de venir en France ?  P.N : Et bien, pour l'instant, on a pas vraiment de projets mais on attend de voir comment ça va se passer avec Robert mais je pense qu'on va plutôt prévoir de jouer sur autant de festivals que possible pendant l'été, peut être quelques festivals en France ou proche de la frontière et possiblement reprogrammer notre tournée pour fin d'été, début d'automne.  G : Un jour, tu trouves une lampe magique avec un génie qui t'offre 3 vœux, quels seraient-ils ?  P.N : (long silence) Euh, hmmm, est-ce que je peux être super égoïste ? (Nouveau long silence) Waou. Peut être que je peux utiliser la défense Jonas Kjellgren ? Je ne sais pas, je ne sais pas, je ne sais pas ! Désolé (rires) Il s'est attiré ça ! Je ne pense pas que 3 souhaits vont suffire, il y a tant de choses à changer dans ce monde. Toutes ces grandes injustices, ça me rend tout simplement malade. Le fait que certaines personnes, les élites, ont tant d'argent et de pouvoir tandis qu'il y a ces larges masses de gens qui n'ont rien ! Des gens voient leurs enfants mourir de faim pendant que d'autres personnes ont tant à manger qu'ils en meurent. L'exploitation des parties plus pauvres du monde, toute l'idée du capitalisme...Je ne suis pas quelqu'un de très porté sur la politique et je ne veux pas parler comme ces défenseurs d'une utopie, mais il y vraiment des injustices flagrantes dans ce monde, même en Suède, où les gens s'en sortent mieux, même les pauvres s'en sortent mieux en Suède que dans d'autres parties du monde mais même, des personnes ont plus que d'autres parce qu'ils ont eu la chance de naître dans la bonne famille, la bonne ville ou la bonne partie du monde, il y a quelque chose là dedans qui mériterait d'être changé un peu. Il faut qu'on fasse attention aux gens qui ont moins d'argent ou de chance que nous, beaucoup plus qu'on le fait à l'heure actuelle. J'aimerais faire quelque chose avec mes 3 vœux pour changer ça mais je ne saurais pas par où commencer. Le fait que certaines personnes aient plus que d'autres parce qu'ils ont travaillé pour ça ne me dérange pas. Je ne veux pas prendre aux gens qui réussissent pour donner aux autres, je trouve juste ça honteux qu'on laisse certains pays mourir de faim ou de maladie.

0 Comments 30 septembre 2014
Whysy

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