Vous recherchez quelque chose ?

Pour mon premier article officiel sur Heavylaw, je ne m’attendais pas à chroniquer un album dans lequel la langue de Molière serait mise à l’honneur. Notre langue est riche et belle. Elle mérite d’être mise en valeur par le biais de la musique, et cela, les quatre franciliens composant Planète-Asphalte l’ont bien compris et c’est tout à leur honneur.

Les Français n’en sont pas à leur premier coup d’essai, l’album au nom farfelu Schizo / Prophete // 101 étant leur deuxième en date. Le propos se veut ici résolument rock, les influences du quatuor navigant entre un Sonic Youth ou un Noir Désir, le chant n’étant pas sans rappeler par moment celui de Bertrand Cantat. Et s’il y a un point auquel il faut bien insister dans cet album, ce sont les paroles. Véritable fer de lance du groupe, les textes fourmillent d’idées et pourraient bien être leur marque de fabrique. Malgré leur complexité, ces derniers dépeignent avec brio l’univers torturé si particulier du quatuor, et ce, par l’utilisation de nombreuses métaphores qui s’évertuent à critiquer la société moderne et ses travers (et ils sont nombreux). Tout au long de l’album, le chanteur déclame des poésies riches en vers et en rimes à travers un phrasé oscillant entre parlé/chanté, le tout sans verser dans le ridicule.

Les guitares ne sont heureusement pas en reste. Les compositions sont recherchées et les riffs utilisés lorgnent parfois vers le heavy metal, ce qui n’est pas sans apporter une fraîcheur bienvenue à l’ensemble. Doté d’une bonne production, l’album fait la part belle à l’instrumentation, les guitares rageuses à souhait contrastant nettement avec une batterie très rock. L’ensemble est assez homogène même si plusieurs titres se démarquent du lot. Je pense notamment à l’excellent Prochaine Station – Mutation, qui, par son rythme rapide, un chant rageur entêtant et ses mélodies de guitares saturées marque sans conteste les esprits. Immanquablement le coup de cœur de l’album. Et que dire de En Attendant ? Encore une fois, les guitares, incisives, savent viser juste notamment avec un solo final séduisant. Les franciliens ont de l’énergie à revendre et cela s’entend.

Des morceaux plus posés agrémentent le tout et permettent à l’auditeur de découvrir une autre facette du groupe. Quatre interludes (Suspension (Absence n° 1 à 4)) viennent en effet se greffer au tout, laissant libre cours aux expérimentations. On passe ainsi d’une mélodie mélancolique à un morceau psychédélique rempli d’effets larsen et d’un trip jazzy à une musique plus conventionnelle, qui se veut plus intimiste. Quel dommage que le quatuor ne se soit pas davantage investi dans cette démarche. Bien que non exempts d’idées, ces quatre titres sont bien trop courts et auraient peut-être mérité une attention plus soutenue afin d’appuyer un peu plus le propos du groupe.

Ainsi, à travers pas moins de quatorze titres et une heure de musique, Planète-Asphalte nous délivre une musique fortement axée sur des riffs pêchus et des vocaux légèrement torturés. A ce sujet, et c’est là selon moi le défaut principal du disque, le chant de Ceydrick est quelque fois difficilement compréhensible car il se retrouve noyé par le son des guitares, davantage mises en avant que le chant.

Malgré ce bémol, le groupe réalise avec Schizo / Prophete // 101 un album de bonne facture qui devrait, sans trop de difficultés, ravir les amateurs de gros riffs et de chansons à textes. Maintenant, il n’y a plus qu’à espérer que la reconnaissance soit au rendez-vous pour ce combo prometteur.

NB : Trois autres morceaux de l'album sont écoutables à cette adresse. Faites-vous plaisir !

0 Comments 22 décembre 2009
Whysy

Whysy

Read more posts by this author.

 
Comments powered by Disqus