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Jeune combo AOR danois, composé de membres moins jeunes, Raspberry Park sort dans quelques jours son premier album : Scratchin' The Surface, et il mérite largement un coup de pouce français par le biais de Heavylaw. Car s'il ne révolutionne guère le monde aujourd'hui discret du metal mélodique, hard-rock et autre AOR, cet album est des plus sympathiques ! Bien écrit, bien produit et bien enregistré, ce qui est assez fréquent dans le cadre d'un album de ce style, mais ça ne veut pas dire qu'il faut s'en contenter. Commençons donc par garantir cette évidence à l'auditeur ou futur acheteur : si vous aimez le style, vous allez adorer cet album, il est puissant, mélodique et rock.

Rock, oui, disons qu'on est à la limite. Un rock à grosses guitares, comme le rock officiel (si j'ose dire) n'en fait plus, influencé par des décennies minimalistes et électroniques. C'est donc les sphères  metal qui aujourd'hui hébergent ces groupes, et même s'ils n'ont rien à voir avec Opeth ou Devin Townsend il est vrai qu'ils se rapprochent plus d'AC-DC ou Airbourne que de Metronomy ou les Strokes. Ça devient compliqué là, revenons à Raspberry Park.

Signé fin 2013 chez Power Prog Records, le groupe s'articule autour du duo de compositeurs Jens Kirsten (guitares) et Mikkel Bryde (claviers et chant), qui écumait les studios depuis déjà un moment, arrangeant et composant pour d'autres. Ils décident finalement de rouler leur propre bosse, constatant qu'ils en ont largement les capacités et grand bien leur en prend, car c'est effectivement le cas : les compos de ce duo sont efficaces ! Rock, hard-rock et parfois même pop,  l'accent est mis sur les riffs et les lignes mélodiques. Les deux excellents singles que sont On The Battlefield et Paradise dépotent bien comme il faut, et le très étonnant I'm The Only One, intelligent hommage aux Beatles, démontre que le groupe peut faire preuve quand il le souhaite d'une certaine virtuosité mélodique.

Mais ces qualités et ces bons morceaux ne suffisent pas à masquer complètement les deux défauts de cet album, qui l'empêchent de devenir plus qu'un autre bon album d'AOR. D'abord, tout sonne vieux. Les mélodies, les riffs, les suites d'accords, on est plongé dans un bain années 80 mais sans qu'il soit mis en avant comme une volonté expérimentale de mélanger des styles ou des sons. C'est plutôt que le groupe rend un honnête hommage à la musique qu'il aime, et c'est là qu'est le problème. C'est toujours un peu le même débat, je ne demande à personne d'être un génie, mais les bons copieurs ne peuvent pas s'attendre à être encensés. Deuxième souci, qui découle du premier, c'est évidemment le manque d'identité forte du groupe.

De bons morceaux, des mélodies sympathiques, mais convenues, attendues et déjà entendues, difficile de voir dans Raspberry Park plus qu'un excellent tribute band. Et j'ai beau chercher, réécouter les morceaux, je n'en vois aucun sortir du lot pour me faire mentir. Allez, le couplet de I'll Stay peut-être. Alors bien sûr, dans le cas présent l'absence totale de prise de risque garantit un album sans faute de goût. Mais je suis certain qu'il était possible de donner à certains morceaux un petit supplément d'âme sans faire du Lady Gaga, qui est l'exacte inverse de ce théorème (une identité forte et des morceaux de merde). Le choix est tout fait bien sûr, mais on sera plus exigeant pour le deuxième album.

0 Comments 13 avril 2014
Whysy

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