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Le Power Metal a-t-il encore de l'avenir ? Après la vague "Heavy/Speed" apparue à la fin des années 90 et qui a vu une tripotée de groupes plus ou moins inspirés s'engouffrer dans la brèche en nous abreuvant de sorties jusqu'à plus soif, la question semble légitime. D'autant que ce tsunami d'antan s'apparente plus à une gentille vaguelette aujourd'hui... Il suffit pour cela de regarder le nombre de plus en plus rare de jeunes groupes se lançant dans ce style, avec d'ailleurs une qualité pas toujours au rendez-vous. Et ne parlons pas de l'originalité ! De nouveaux genres plus "à la mode" ont en effet pris le relais ; citons le Metal "à chanteuse", le Metalcore, le Djent plus récemment, etc.

Triste constat ? Non, rassurez-vous ! Car si l'introduction de cette chronique vous semble pessimiste, elle permet toutefois de mieux souligner les bribes d'un espoir qui subsiste. Car par bonheur, il continue d'émerger, ici et là et, quelques jeunes loups qui laissent entrevoir encore de bonnes heures pour ce style. Et, sans vouloir trop en faire, Seasons of Silence est de ceux-là ! Pas exempts de tous reproches, les auvergnats possèdent en effet une fibre mélodique et un talent de composition évidents qui lui permettent d'afficher un sérieux potentiel.

Seasons Of Silence se présente comme un creuset où fusionnent les influences des différents ténors du Metal mélodique. Qu'il s'inspire de l'école nordique (Sonata Arctica, Stratovarius, etc.) ou de la tradition germanique (Helloween, Blind Guardian, etc.), le groupe applique à la lettre les recettes qui ont fait le succès du "Power Metal" (au sens large) : lignes mélodiques efficaces, rythmique soutenue, refrains accrocheurs rapidement mémorisables, quelques soli de guitares et de claviers... tout y est sur les 5 morceaux de cet EP !

* Avec des titres comme « Reality » ou « Run », les fans de Speed ne seront pas déçus ! Les cavalcades mélodiques sont au rendez-vous et les morceaux possèdent un impact quasi immédiat. Difficile de ne pas penser aux « Visions » de Stratovarius ou « Ecliptica » de Sonata Arctica sur un titre comme « Run », tant on y retrouve la fraîcheur et le punch des ces deux opus majeurs ! Même allégresse dans les riffs et soli, même entrain dans la rythmique...

* Un visage plus progressif du groupe se dévoile sur « Twinsides », une pièce plus sombre au niveau des vocaux ou des guitares, et dont la structure plus complexe laisse une place importante aux atmosphères et aux tempos variés. Une tendance que l'on rencontre également sur le plus épique « Beyond the Ice », moins sombre dans l'ambiance, mais tout aussi élaboré et versatile.

* « Peacebreaker », enfin, se démarque des exemples précédents par une certaine légèreté mélodique sur le refrain, plus joyeux en apparence (oserais-je dire « FM »), mais aussi par une accroche plus "Rock'n Roll" des guitares (sur l'intro par exemple), et par ses claviers à l'allure très marquée 70's. Une autre facette du groupe, plus orientée "old school", mais tout aussi réussie et qui prouve que l'on peut s'inspirer d'horizons différents tout en restant cohérent.

Un petit mot sur le chant qui, une fois n'est pas coutume, se situe plus au niveau des médiums que des aigus (ou des sur-aigus). Il s'en tire plutôt bien, même si l'on souhaiterait entendre un peu plus de puissance dans la voix (peut-être la faute au mix ou au mastering). Quant à ce petit accent 'frenchy' typique des formations hexagonales, il n'est pas rédhibitoire mais risque d'handicaper la formation si elle souhaite s'exporter... Pourquoi pas un chant dans la langue de Molière ? Exercice difficile je le conçois, mais qui lui donnerait probablement plus d'aisance et apporterait une pointe de personnalité en plus au combo.

Sinon, qui dit " démo" dit "production un peu chiche", et cet EP ne fait pas exception à la règle... Si l'on souhaiterait un son moins étouffé et plus de puissance et de netteté, il faut reconnaître que le travail réalisé est minutieux et que l'équilibre entre tous les instruments est atteint (chose rare pour un premier effort où chacun cherche à occuper la première place). Faute de disposer de gros moyens, on sent que le groupe se montre professionnel en apportant un maximum de soin à l'ensemble. La démarche est appréciable et on le ressent à l'écoute !


En l'espace de seulement 5 titres, Seasons Of Silence montre un savoir-faire évident pour l'écriture de titres efficaces, intelligemment agencés et variés. S'il lui reste encore à affiner sa personnalité pour se démarquer du reste de la meute, le groupe possède déjà de sérieux atouts pour plaire à une large frange du public. Inutile de préciser que la suite de leur carrière discographique est attendue avec impatience, en espérant que l'étincelle aperçue ne se transforme pas en feu de paille et qu'elle embrase la scène française... et pourquoi pas d'autres au-delà des frontières ! C'est tout le mal qu'on leur souhaite.

0 Comments 22 décembre 2011
Whysy

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