Vous recherchez quelque chose ?

Enveloppe de chaleur, délicatesse, enrobage bonbon.

Avant de continuer, mettez-vous en condition pour écouter l'album qui va suivre. C'est chaleureux, intimiste et doux, c'est donc dans cet état d'esprit, dans cette posture que vous allez devoir vous trouver, sous peine de passer à côté de quelque chose, de ne pas comprendre toutes les subtilités et toute la recherche que comporte l'objet.

«Secret Passion» est le troisième album des norvégiens-néerlandais d'Imperia, un groupe auquel il faut rendre justice, car contrairement à ce que diront quelques rabougris, «Queen of Light» est malgré tout; en toute objectivité, un bon album de metal symphonique, qui allie la puissance avec la technique.
Cette fois-ci, plus question de puissance, mais de proximité et de tendresse. Ce nouveau cru n'a pas vocation à faire headbanguer, mais plutôt à faire rêver, à faire naitre l'amour dans les coeurs sous des feux d'artifices de toutes les couleurs. En gros, «Secret Passion», c'est un album de metal très romantique et sensuel, passionné, surtout.

Les codes sont ici respectés. «Secret Passion» ne dénote absolument pas par son originalité, ni même par son accroche, c'est d'ailleurs ce qui, en premier lieu, rebutera sûrement un grand nombre de personnes. A part le titre éponyme ou l'introduction «Touch of Your Hand», ce n'est vraiment pas attractif, et l'on est, au départ, repoussés par ce que l'on écoute. Tant de mièvrerie donne envie de gerber, d'éloigner l'inutile chose de sa vue, de le placer dans sa corbeille pour ne plus jamais en entendre les mélopées. Grossière erreur, il faut se replonger dans l'ambiance, mais dans les conditions adaptées. Prenez un chocolat chaud, et installez-vous au coin d'une cheminée. Ou alors, laissez-vous aller, au calme, et appuyez sur «play».

C'est un nouvel univers qui s'ouvre devant vous. Un pont sous lequel coule une rivière mauve, un paysage où un ciel violet foncé vous accueil, vous voici dans l'esprit, l'intimité d'Helena, qui transmet des émotions pures par sa voix Ô combien versatile. Tremblante, touchante, chaude, glaciale, puissante, fragile, hystérique, elle est polymorphe, arbore tant de masques et de visages, comme pour incarner les titres qu'elle vit littéralement. Une telle maîtrise reste impressionnante, même si donnant parfois dans la surenchère comme sur «Suicide», qui malgré la cornemuse, peut paraître un peu «too much» à cause de la chanteuse. Mais l'effet de surprise reste intact malgré tout, une bonne chose tout de même, car elle arrive ainsi à renouveler son registre et ne propose que rarement les mêmes gammes. Du lyrique à une voix plus rock, voir des cris enfantins qui rappelleront Pin-Up Went Down, Helena Iren Michaelsen prouve son rang et se place comme l'une des chanteuses de metal les plus compétentes. Et si elle n'avait pas d'émotion, alors l'étalage technique tomberait à plat, mais la voix est si envoûtante qu'elle fait frémir.

Les morceaux, eux, sont très différents, et la diversité est excellente. Les imparables, c'est «Secret Passion», la bombe de l'album malgré son aspect classique, mais aussi «Suicide» et sa mélodie entrainante, ou encore «Violence» qui a le bon goût de trancher certains poncifs lourds du metal à chanteuse habituel. Par contre, «Let Down» a du mal à passer, tant elle est longuette et poussive, malgré l'apport d'un somptueux violon. Sur les ballades, il faudra se contenter de «My Sleeping Angel» et de son accompagnement à la belle voix masculine, qui n'a d'autres fonctions que d'offrir une berceuse de qualité, et un beau moment, là où vous verrez le fond de votre tasse de chocolat. «Like Rain» est un peu prévisible, mais malgré tout, possède son charme particulier. Dès l'introduction, elle amorce quelque chose où les guitares seront placées en avant, d'une qualité supérieure au dernier Midnattsol par exemple, sans tomber à plat. Même si le schéma est classique, il s'en dégage l'aura suffisante pour avoir de l'illumination. «Fragile» est diversifiée et fonctionne, autant que le reste des morceaux. Mais la plus grande surprise de l'opus reste «Mistress».

Oui, Imperia aime dérouter, voir déranger et s'amuse, dans son lot parfois classique, à prendre des risques en proposant un morceau totalement electro, qui pourrait passer en boîte de nuit, c'est à dire très «club», sans guitares ni rien. Seule la voix d'Helena permet d'identifier Imperia, et il faut dire que celle-ci est radieuse comme à son habitude, et si les «true-metalleux de la mort» passeront leur chemin, choqués par tant d'avant-gardiste, pestant déjà car les norvégiens ont tentés de se livrer à quelque chose qui sort de leur registre, les autres resteront, se poseront, écouteront et admettront que même dans ce domaine, le groupe est capable d'apporter des créations construites, intelligentes et que même dans du non-metal, il est possible de briller, surtout quand la frontwoman s'appelle Helena Iren Michaelsen.

Un professionnalisme évident permet à Imperia d'être toujours au top de sa forme, et ainsi, de perdurer dans le monde du metal symphonique, là où la concurrence ne fait pas de cadeau envers les autres groupes du genre. Et «Secret Passion» est une arme de premier choix, qui renvoi au placard les potentiels dangers pour le combo. Les quatre membres nous emmènent dans les contrées orientales, ou à l'intérieur de leur coeur, un véritable voyage dans le pays des songes vous attend.

0 Comments 24 mai 2011
Whysy

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