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Quand on pense métal progressif, on pense automatiquement Dream Theater, et fort logiquement d’ailleurs, puisque voila plus de 15 ans que les américains dominent de la tête et des épaules cette scène, reléguant inexorablement les concurrents à un second plan parfois immérité. Car force est de constater que certains groupes, Symphony X en tête, arrivent à imposer leur musique et surtout leur vision débridée du métal. Eh oui, tel est le mot approprié pour définir le métal progressif, débridé, avec ses cassures incessantes du rythme, ses solos et riffs déjantés…

Tout cela pour dire que le prog est probablement l’une des nombreuses ramifications du métal la plus élitiste, car il faut d’une part des musiciens techniquement très bons, et d’autre part des compositions pleines d’originalité et de personnalité, sous peine d’une rapide mise au placard. J’en arrive donc et enfin à Beyond Twilight, un groupe que je découvre à peine et qui, je l’entrevois déjà, a l’étoffe d’un bon outsider au maître Dream Theater.

Tout débute avec Be Careful Its My Head Too, la courte intro, où une voix robotique nous annonce que nous sommes dans la « section x », le titre de l’album, après quoi The Path Of Darkness nous met dans l’ambiance : on est bien loin des titres alambiqués à l’extrême de Dream Theater, ici se mêlent volontiers un heavy torturé, assez sombre, des orchestrations et un clavier très présents, des parties progressives assez prononcées pour apercevoir la maîtrise instrumentale des musiciens. L’accent a été mis sur la rythmique d’ailleurs, le groupe ayant décidé d’engager pour l’occasion un guitariste rythmique pur et dur pour accompagner Anders Khrag qui fait des merveilles aux solos. Le chanteur, Kelly Carpenter, a lui la lourde tâche de succéder au grand Jorn Lande, et y réussit plutôt bien, avec une voix aigue, mais puissante quand il le faut, il suit bien les différentes couleurs que prend ce Section X.

Le mot qui vient souvent à l’esprit en écoutant cet album est déroutant (remarquez rien de plus normal, il s’agit tout de même de métal prog) : entre passages assez épiques, sous la houlette de chœurs vocaux assez grandiloquents, breaks instrumentaux hilarants qui semblent tout droit sortis de cartoons, changement de rythmes fréquents et parties heavy plus conventionnelles, l’auditeur passe par de multiples états d’esprit et ressort de l’écoute sonné par tant de diversité. Ce qui d’ailleurs est intéressant puisqu’il faut plusieurs écoutes (plus 15 que 5 !!) pour entrevoir tous les détails qui forgent Section X.

On est ici bien loin des démonstrations instrumentales des techniciens américains, mais bien entendu l’aspect technique est mis en valeur, comme sur Portrait F In Dark Waters avec des performances au clavier assez impressionnantes, ainsi qu’un duel mémorable guitare/clavier. Au contraire de Dream Theater, il est beaucoup plus aisé d’accrocher sur la musique des danois, plus accessible, mais tout aussi débridée. Débridée aussi par le concept de l’album (pour simplifier un homme crée un clone de lui-même mais avec le cerveau d’Einstein, clone qu’il va utiliser pour sa soif de pouvoir, soif de pouvoir qui va le conduire à sa perte). Donc au final, un très bon album de prog qui démontre de belle manière que ce style de métal peut s’appréhender autrement qu’au travers de Dream Theater. Beyond Twilight nous livre sa vision du prog avec talent et maturité, et on ne peut logiquement que s’incliner.

0 Comments 19 avril 2005
Whysy

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