Après un premier concept album sorti en 2006 qui tournait autour des sept péchés capitaux comme son nom l'indiquait (Sept). Trois ans plus tard les français remettent le couvert. Leur deuxième opus Seth, encore une fois un concept album, a lui pour thème les 10 plaies qu'aurait subi l'Egypte selon le Nouveau Testament. Source artistique largement moins utilisée que son penchant Nordique, puisqu'à ma connaissance seul les Death Metalleux de Nile et les grecs de Septic Flesh sur leur dernier brulot Communion puisent leur inspiration dans l'Egypte Ancienne. Une bonne idée qui malheureusement ressemble à un coup d'épée dans l'eau.

Musicalement parlant le groupe nous sert un Black Metal Symphonique pas franchement révolutionnaire mais qui reste tout à fait efficace. Le groupe alterne passages bruts de décoffrage typé Black Metal et moments plus lents où les guitares acoustiques et les claviers viennent donner un aspect plus mélodique à l'œuvre ('Les Sauterelles"). Les riffs savent se faire incisifs quand il le faut, la batterie distille blast beats et autres accélérations aux moments opportuns, les solos se montrent convaincants ("La Mort des Premiers Nés") et les passages de claviers permettent de varier intelligemment les rythmes. Mais le tout reste bien trop sage pour vraiment frapper l'auditeur. Même lorsque les choses commencent à devenir réellement percutantes ("La Peste du Bétail", "Les Moustiques") on ne peut que regretter le fait que le groupe ne sorte pas des sentiers battus.

Et puis les compositions du groupe tournent vite en rond, peu de chansons se distinguent les unes des autres et permettent de prendre l'auditeur aux tripes. On a l'impression d'écouter un disque en roue-libre sans que l'auditeur ne soit jamais mis à contribution. Pour ne rien arranger la production est à l'image du CD, efficace mais sans réelle saveur, et ne permet pas d'insuffler ce surplus d'âme dont le CD manque cruellement.

Mais le vrai gros problème de ce Seth est la voix de Alain "Bob" Germonville. Particulière selon certains, irritante pour d'autres une chose est sûre, elle ne laisse pas indifférent. En ce qui me concerne, elle m'a fait carrément lâcher l'écoute certaines fois ("Les Grenouilles"). Même si on sent toute la haine qui sort du timbre, difficile de la trouver attrayante. De plus elle a tendance à être à côté de la musique du combo. La cohérence de l'œuvre est mise à mal et on décroche assez facilement. Dommage car lorsque le bougre varie de ton, il permet de donner un nouvel élan à la musique ("La Grêle"). Lulu, la deuxième vocaliste, permet à la musique d'Akroma de retrouver ce second souffle salutaire lors de ses passages timides mais qui forge une certaine identité à l'ensemble.

Seth n'est pas en soi un mauvais album, les compositions bien qu'un peu répétitives restent efficaces et le thème peu commun doit au moins pousser votre curiosité à aller y jeter un coup d'oreilles. La difficulté sera alors de ne pas se laisser désarçonner par la voix caractéristique du groupe. Vous trouverez derrière un album de Black Metal Symphonique tout à fait correct qui plaira aux amateurs du genre mais qui restera hermétique à tout profane.

Balin