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Il faut bien commencer un jour. C'est ce que l'on se dit quand on se retourne, contemple un immense travail accompli et que l'on repense à comment furent les choses au tout début. Quand on mentionne le nom de Deep Purple, 80% des personnes interrogées vous répondront "Yeah, Smoke on the Water, Rock n' roll !". 8% diront, elles, "Ouais, Smoke on the Water, classique, mais il y a eu "Black Night" et "Child in Time" avant ça, faut pas l'oublier !", 2% pointeront que "ouais mais bon, avant "Black Night" ils ont quand même sorti trois albums !" tandis que 10% botteront en touche avec le classique "vous savez, moi, le dubstep...".

Et oui, "Pantera" a eu sa phase glam, Deep Purple a eu sa phase pop. Enfin..pop...façon de parler. Mais tout cela pour dire qu'avant de devenir la machine bruitiste qui a bercé l'enfance de nos parents, le groupe a vécu avec un line-up un tant soit peu différent et ne versait pas forcément dans le même style. Maintenant, allumons la machine à remonter dans le temps et revenons en 1967, c'était il y a une éternité, hein ?


Shades of Deep Purple :

En 1967, se crée le groupe "Roundabout", prévu à l'origine pour voir ses membres aller et venir, sorte de collectif à l'effectif changeant en permanence. Mais comme il faut arrêter la fumette, très vite le projet tombe à l'eau. Ceci dit, parmi les membres recrutés se trouvaient des certains Jon Lord, Ritchie Blackmore et Nick Simper. Ces trois gaillards décident de réactiver le groupe en laissant tomber le concept farfelu initial et complètent le line-up avec Ian Paice à la batterie et Rod Evans au chant. Ainsi la première incarnation (ou Mark I) d'un futur phénomène est née.




Ils sont beaux, hein ? Non, bien sûr qu'ils sont moches...

Changeant très rapidement son nom pour celui de Deep Purple après le nom de la chanson préférée de la grand-mère de Blackmore, la bande se lance alors dans plusieurs concerts, jouant principalement des reprises.  Bien rodé, lorsque le groupe se retrouve en studio après son premier contrat, il ne leur faudra que deux jours pour enregistrer le tout premier album de Deep Purple, "Shades of Deep Purple".

Et la formule est assez simple : 50% reprises, 50% matériel original. On retrouve ainsi des relectures de standards de Jimi Hendrix, des Beatles ou encore de Joe South à côté de pièces personnelles et sujettes à de multiples improvisations et autres facéties musicales. Ceci dit, Deep Purple est déjà assez mature pour avoir un style cohérent et évite de partir dans tous les sens comme on pourrait le craindre en voyant une tracklist aussi hétérogène.

Car si il y a bien un aspect du groupe qui n'aura jamais disparu c'est son goût pour le psychédélisme, les improvisations et longues plages instrumentales. Parmi les compos les plus représentatives on peut citer And the Adress et Mandrake Root, qui témoignent bel et bien d'une ancienne époque mais montrent déjà des envies de tout faire péter et d'explorer de multiples voies. Globalement, nous avons affaire à une pop à la Beatles mais en plus soutenu, plus lourd, plus "heavy", même si le terme n'existe pas encore vraiment à l'époque. C'est ainsi que la musique du groupe n'est pas franchement violente ou agressive (le chant est assez guilleret) mais plutôt costaud et moins nunuche que pouvait l'être celle de la bande à Mc Cartney. Paradoxalement, la reprise Help! est méconnaissable, devenant complètement planante et ayant dû bercer un paquet de trip sous acides...



Bon allez, fais pas la tronche Blackmore, un jour tu vas le virer ce chanteur. Et celui d'après aussi.

Mais la reprise qui a peut-être sauvé le groupe d'une abrupte fin est Hush, devenu un gros hit en son temps. Entrainant, faisant preuve du caractère tout-terrain du jeu de Blackmore. Et il n'est pas impossible qu'en l'écoutant vous vous disiez "ah mais ouiiiiiii". A côté, on trouve des choses un peu molles comme One More Rainy Day où on ne sait pas trop ce que le groupe cherche à faire à part mettre du clavier un peu de partout ou encore un Love Help Me dont on a du mal à savoir où on va. C'est que tout ça n'est pas encore d'une grande rigueur...

Tout cela pour dire que Deep Purple accouche à l'été 1968 d'un premier effort loin d'être raté mais un peu fourre tout. Si le groupe possède déjà une certaine identité musicale, elle reste encore trop timide pour s'imposer dans l'inconscient collectif. Après, il faut savoir remettre cet album dans son contexte et son époque, il y a presque cinquante ans. C'est sûr que de nos jours, un tel album serait moqué et montré du doigt mais à une époque où "Black Sabbath" allait à peine faire ses premiers pas, on peut considérer cette œuvre comme plutôt convaincante. Loin d'être un chef d’œuvre mais posant les bases d'une légende à venir.



Les mecs, le 21e siècle vient d'appeler, je crois qu'il a falloir brûler nos tenues...

Est sortie en 2000 une réédition avec des morceaux bonus : si les versions live n'ont pas un grand intérêt (aucune patate, son ringard), en revanche les fans apprécieront une deuxième prise de Help!, une version instrumentale de Love Help Me qui d'un seul coup passe beaucoup mieux, ainsi qu'un morceau inédit, Shadow qui ne démérite pas du tout, à tel point que sa non présence sur l'album semble inexplicable. Peut-être que son côté un peu trop "hard rock avant l'heure" a dû effrayer les maisons de disque...

Line-up - MK. I :
Rod Evans - chant
Ritchie Blackmore - guitare
Nick Simper - basse
Jon Lord - claviers
Ian Paice - batterie

0 Comments 29 juin 2013
Whysy

Whysy

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