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Aborder la genèse d’un groupe est une tâche toujours difficile. Surtout quand il s’agit, comme dans le cas qui nous occupe d’un grand de la scène Européenne, en l’occurrence Dark Moor. Car si avec le temps et l’expérience, nos espagnols ont su apposer leur talent et leur style pour s’imposer comme les maîtres du Metal ibérique. Les choses étaient bien différentes en 1999, quand, sortis de nul part, ce tout jeune combo sortait son premier album, sur le très irrégulier label Arise Records.

Certes il est bien difficile de juger le premier effort studio d’un groupe. En effet impossible de connaître la maturité des membres, leur expérience, ou encore les moyens alloués par la maison de production pour leur permettre d’arriver a leur fin. En tout cas, malgré le prestige de son label, Dark Moor n’a sans doute pas réalisé son disque dans les conditions optimales. Ainsi Shadowland souffre d’une production bâclée et affreusement soporifique : les choeurs sont mous et sans entrain, la batterie fade, le chant mal équilibré par rapport aux instruments. On sent nettement que l’énergie du groupe (si tant est qu’on puisse parler d’énergie) ne trouve aucune possibilité d’expression, et l’écoute du disque s’en retrouve grandement compliquée.

Malheureusement ce n’est pas tout, et disons le tout net, il aurait fallu avoir passer l’année 1998 dans une autre galaxie pour ne pas noter de très fâcheuses similitudes entre le Symphony Of Enchanted Lands des maîtres italiens de Rhapsody, et ce Shadowland : la verve épique, l’omniprésence des choeurs, les refrains ampoulés et bardés de clichés médiévalo-fantaisiste, bref seule la qualité, nettement plus présente dans le chef d'oeuvre transalpin, viendra différencier les deux oeuvres. Il est donc particulièrement difficile de voir en Dark Moor autre chose qu’un vulgaire suiveur des maîtres du Metal Symphonique, et il est délicat de trouver matière à espérer au fil de ces dix compos toutes plus fades les unes que les autres.

Les innombrables écoutes ne m’ont pas permis, malgré tous les efforts consentis, de saisir le fil conducteur de cette première galette, je ne peux décemment y trouver la moindre raison de positiver. Même si certains titres comme «Walhalla», «Magic Land» ou «Born In The Dark», sont de bonnes speederies comme on en voit beaucoup (si l’on parvient a faire abstraction de la production), d’autres comme «Dragon Into The Fire», «Calling On The Wind» ou «The Call» sont carrément désagréables, tant les faiblesses du chant et des compositions sont évidentes. «Time Is The Avenger» et «Flying» dévoilent quant à eux une chanteuse qui à encore du mal a situer son registre, et qui ne parvient pas à s’imposer.

On retrouve quand même ici et là, pour peu de ne pas être trop fine bouche, quelques idées à creuser qui pourraient servir de base à un futur « style Dark Moor », ainsi la structure ambitieuse de «Walhalla» complétée pour une outro acoustique médiévale est plutôt réussie, tout comme la ballade folklorique «The King’s Sword» qui parvient à transmettre de belles émotions, malgré la production toujours aussi lamentable. Il faudra sans doute poursuivre dans ce sens pour parvenir à s’émanciper quelques peu des ténors du genre, quelques changements de line-up ne seraient également pas de trop, tant l’influence de certains musiciens parait peut évidente.

Le constat est cruel j’en conviens, d’autant plus que nous savons tous que nos espagnols ne nous montrent pas leur vrai visage sur ce disque. Il leur aura fallu de la force et de la personnalité pour s’imposer comme ils ont su le faire au fil des années, le syndrome du mauvais départ est d’ailleurs une constante des plus grands groupes : Stratovarius, Blind Guardian ou Grave Digger ont tous connus des débuts de carrière poussifs avant d’exploser au sommet de leur gloire des années plus tard. Gageons que Dark Moor saura suivre le même chemin, pour apprendre de ses erreurs du passé et trouver la place qu’il mérite.

SMAUG...

0 Comments 06 juin 2006
Whysy

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