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Deux années après leur premier effort, le réussi mais néanmoins peu remarqué « Red Square : We Come In Waves », les post-coreux italiens de At the Soundawn n’ont pas chômé puisqu’ils accouchent début 2010 de leur dernier-né, à savoir « Shifting ».
Un album, comme son titre l’indique, synonyme de changement ? Pas vraiment, si ce n’est que le groupe a voulu se reposer sur des ambiances plus feutrées. La base, à savoir le chant hardcore, est toujours belle et bien présente et éclabousse encore de sa rage son auditeur, noyé par ce chant meurtri, mais qui n’est que momentané. Si l’auditeur parvient à reprendre son souffle, c’est grâce aux nombreux passages rappelant les standards du courant post-rock. Les mélodies, fines, s’entrelacent, le chant clair popisant (qui surprend par sa maturité et qui prend aux tripes sur Mudra: In Acceptance And Regret) n’a plus qu’à se greffer au tout et vous n’avez alors plus l’impression d’écouter le même groupe.

Car At the Soundawn n’est pas un groupe comme les autres. Il est aisé de rappeler que nos Italiens n’ont sans doute pas pu se tenir à l’écart d’une scène marquée par les ténors du genre, les mastodontes américains Isis et Neurosis en ligne de mire, ou encore les finlandais Callisto - trois groupes remarquables dans leur style -. Cependant, le quintette cherche à développer sa propre identité, sans vouloir respecter les canons du style, et cela s’entend. Les instrumentations jazzy, présentes sur le premier album, n’ont pas été remisées au placard et agrémentent efficacement la majorité des titres de l’album, notamment sur 7th Moon, où les trompettes surprennent par leurs sonorités fantasques. Et puis il y a cette volonté de s’ouvrir à d’autres horizons, c’est le cas avec ces quelques touches orientales du plus bel effet comme sur la délicate Drifting Lights. Les Italiens délaissent ainsi complètement leurs racines hardcore pour opter pour un morceau entièrement instrumental laissant la part belle aux percussions. Surprenant.

Le tout baigne dans des passages atmosphériques subtils qui occupent une place non négligeable dans le nouvel opus des Italiens et qui auraient tendance à faire somnoler un metalhead en manque de gros riffs (les débuts de Caofedian, par exemple, jusqu’à ce que la machine se mette en branle en fin de morceau). C’est là où le bât blesse. L’ensemble peut paraître un poil trop calme et manquer d’un peu d’entrain. Mais heureusement, la pièce finale, Prometheus Bring us the Fire, se révèle être pleine de promesses. Les guitares électriques se font virulentes et accompagnent l’alternance chant clair / chant hurlé de Luca De Stephano d'une bien belle manière. Nous voilà conquis.

At the Soundawn est assurément un groupe sur lequel on peut compter. L’ensemble est original, accrocheur et ne souffre aucunement d’instants de bravoure. Cependant, il manque encore ce petit quelque chose pour en faire un album indispensable. Là où un Callisto réussissait dans « Providence » à capter l’attention de son auditeur par une alternance subtile entre passages doux et ambiancés et passages plus directs, At the Soundawn peine parfois à convaincre. On espère que l’album suivant sera celui de la consécration !

7,5/10.

0 Comments 07 février 2011
Whysy

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