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Arcturus est un « all-star band » norvégien accueillant en son sein de nombreux musiciens issus d’autres formations, essentiellement d’obédience black Metal. L’objectif fixé avec ce projet est de passer outre les frontières du black, et, à l’aide d’une musique magique, à dimension théâtrale, farfelue, géniale et grandiloquente, d’entraîner l’auditeur à voyager dans un univers tout à fait particulier…Duquel il ne pourra ressortir indifférent !


Après un « Sham Mirrors » absolument grandiose au charme électronique et cosmique absolument unique, Arcturus choisit de continuer sur sa lancée et nous propose un nouvel album en un laps de temps légèrement plus court que l’on aurait pu le craindre. L’exploration du cosmos est toujours sa destination, mais la troupe norvégienne change un peu d’équipage. Exit le génial Garm et sa voix enchanteresse, qui en a assez du Metal et désire se consacrer à Ulver, son autre projet. Beaucoup tremblent en apprenant ce départ : qui pourra remplacer ce magicien, capable de prouesses vocales, qui retranscrivait tant d’émotions par son incroyable voix ? Heureusement, les fans seront vite rassurés. Car son remplaçant n’est autre qu’ICS Vortex, ayant déjà travaillé avec Arcturus, et que l’on avait aussi eu le délice d’entendre dans Borknagar et assurer les voix claires dans les derniers Dimmu Borgir… Une autre voix angélique, théâtrale à souhait, d’une pureté cosmique… Un nouveau frontman parfait, fascinant, que l’on se régale d’écouter pour se laisser transporter vers les étoiles.

C’est avec « Hibernation sickness complete » que j’ai découvert Arcturus, alors que je n’avais encore qu’entrouvert les portes de ce fourmillant univers que l’on appelle communément le Metal extrême. Cela avait été pour moi un choc, j’étais littéralement tombé amoureux de cette chanson, en effet l’une des toutes meilleures de ce très bon album. Extrême…par l’originalité de sa démarche et les délires astraux qu’il propose, Arcturus l’est assurément. Mais que ceux qui n’aiment pas le black se rassurent, le combo n’a gardé en lui que les fondations du genre.

Ambiances magiques, jeu de batterie technique, incroyablement précis et saccadé assez typique du genre (c’est Hellhammer, l’homme à 8 bras, qui assure derrière les fûts), mais à peine 20 secondes de voix black sur tout l’album, des guitares distantes mais au son propre, et enfin les claviers, qui dessinent toute l’architecture de ce monument spatial, fondations et délires d’un savant fou…Sverd, âme d’Arcturus, compositeur, leader génial, capable en quelques notes d’esquisser une toile de fond à couper le souffle, à l’unique mesure de son génie et de son imaginaire débridé.

Dans ses nouveaux costumes de pirates spatiaux étranges et kitsch à souhait, cette troupe de théâtre métallique d’un autre monde semble prête à conquérir le monde. Seulement… Cet album, malgré de très nombreuses qualités, n’est pas vraiment à la hauteur des deux chef d’œuvres qui le précèdent. Difficile cependant de dire pourquoi. Un rythme plus lent, quelques rythmiques traînantes, l’impression que ce groupe si talentueux ne s’amuse plus autant et reste sur ses acquis ?

Pourtant, la pièce d’ouverture est absolument magnifique d’un bout à l’autre. Cette histoire débridée, cette complainte d’un astronaute perdu dans l’infini de l’Univers, cette voix si exaltante, ce jeu de batterie, ces claviers, ce son si pur…Tout y est ! Je craque aussi pas mal pour « Nocturnal vision revisited » et ses mélodies inoubliables… Et puis, le second morceau contient un break enchanteur, avec voix féminine (Silje, la chanteuse d’Octavia Sperati, invitée) et claviers fantastiques, et certes, le riff de « Daemon Painter » est très bon et développe un petit côté plus angoissant et fantomatique, le final d’ « Evacuation code deciphered » (ah ces titres en trois mots qui rappellent tant Dimmu Borgir) me file le grand frisson, bref, chaque morceau possède un charme qui lui est propre, aucun n’est mauvais…

Mais la sauce ne prend pas. Difficile de pénétrer ce tableau, on regrette l’absence de cette saveur décadente, on se prend moins au jeu que dans l’ahurissant « The Sham Mirrors », et sur la fin, une baisse d’attention se fait sentir…On ressent comme une sorte de paresse dans l’exécution…Moins de folie et de puissance, vous dis-je, ça manque ! L’exploit créatif n’a donc pas été réitéré, malgré d’excellentes idées…


Au final, le bilan est en demi-teinte. Je me sens sévère de parler ainsi d’une œuvre qui m’aura fait vivre beaucoup de bons moments. Et en toute sincérité, je recommande très fortement cet album ! Mais ceux qui ont écouté les deux précédents, où qui auront donné leur chance à d’autres groupes plus audacieux dans leur exploration du cosmos me comprendront. Arcturus peut et doit faire mieux ! Beaucoup de bons moments, mêmes assemblés bout à bout, ne suffisent pas à réaliser un grand disque …

Malheureusement, nous n’aurons plus la chance de pouvoir en juger, puisque après avoir sorti un DVD (à voir, mais pas à acheter), la troupe a splitté. C’est vraiment triste, une grande perte pour la musique et le Metal d’avant-garde ! Mais je me dois de vous rappeler que chacun des membres de ce groupe génial faisait partie d’un autre grand combo norvégien… Continuer à faire vivre le groupe et à tourner aurait donc été trop difficile. Mais il n’est jamais trop tard pour se pencher sur la discographie de ce groupe incroyable… Alors jetez-vous dessus, et surtout... N’attendez plus !


Gounouman

0 Comments 22 septembre 2007
Whysy

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