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Qui a dit que le black métal tournait inexorablement en rond ? Ce style musical n’a jamais vraiment été apprécié par le commun des mortels car jugé trop violent, trop sombre, trop fou dont l’idéologie satanique peut faire peur. Voilà de nombreux clichés, car bien des groupes extrêmes délaissent ces thèmes pour d’autres plus ouverts tels la nature, les légendes, la philosophie. Le black métal fait peur, c’est une évidence. Depuis quelques années fleurissent des formations vantant leur côté mélodique ou symphonique, le filon est exploité jusqu'à la moelle et l’opportunisme n’est jamais vraiment écarté. Mais lorsqu’il s’agit de Shade Empire aucun doute n’est permis : dès son premier album il s’illustre en formation d’exception balayant la concurrence par sa musique personnelle et originale, un savant mélange de différents styles au service de compositions uniques.

Toute la richesse de cette musique tient dans une fusion parfaite entre un black métal acéré aux nombreux apports symphoniques et des sonorités plus industrielles, plus électroniques. Shade Empire s’impose comme l’un des pionniers de ce que l’on pourrait nommer le « cyber black métal ». Une musique personnelle, l’œuvre d’un esprit torturé tiraillé entre nostalgie et modernité. Nostalgique par les guitares massives aux excessives saturations, des guitares dont la seule vertu est rythmique : des riffs simples, efficaces mais classiques. Un aspect que l’on retrouve dans le chant haineux, très typique et calibré mais ô combien maîtrisé et puissant. La batterie alterne blasts beats, double pédale, percussions, monté/descente lors de montées en puissance dévastatrices et autres breaks aériens. En contrepartie, Shade Empire se montre très moderne dans l’utilisation de ses claviers. L’aspect primordial de sa musique, ces arrangements symphoniques, parfois grandiloquents, forment le cœur des chansons. Les sonorités sont futuristes et teintées d’électro, à mille lieues de ce que l’on a déjà pu entendre ailleurs. Ils fourmillent dans chacune des compositions, ils font les mélodies et sculptent les ambiances. Des mélodies d’une richesse folle, parfois surprenantes mais jamais dérangeantes. Les claviers sont certes l’élément majeur de la musique, ils sont certes très présents mais à aucun moment l’ensemble ne sonne brouillon notamment grâce à l’excellente production. On pourrait également frôler l’overdose mais tout est savamment orchestré : les claviers sont bien à leur place et savent se taire aux moments opportuns.

On sent qu’avec « Sinthetic », Shade Empire a voulu, d’emblée, frapper les esprits. Il a vraisemblablement mis toutes les chances de son côté et n’a rien laissé au hasard. Si les orchestrations sont somptueuses et les mélodies inspirées et entêtantes, c’est surtout grâce à l’excellente composition. On touche vraiment au bonheur. Toutes les chansons sont exceptionnelles et aucune ne fait figure de remplissage. Dès « Conjuration » le groupe met tout le monde d’accord : c’est du très lourd. Une parfaite fusion entre l’esprit black, l’aspect symphonique et ce son très moderne. Toutes les chansons font preuve d’un feeling évident et chaque passage est on ne peut plus inspiré. « Pain & Pleasure » est de loin la meilleure de l’album par sa construction et son break final tout simplement monstrueux. Vous allez halluciner sur les superbes et surprenantes mélodies de « Creation Of Death » et « Designed For Blood » , deux chansons de choix et deux bombes en puissance. De même vous serez charmé par l’entêtante ligne de piano de la très finnoise « Ja Pimeys Laskeutui » , une chanson très rapide et sans concession. Vous toucherez également à plus violent avec « Demonized » tandis que l’antépénultième « Extrem Form Of Hatred » restera l’un des temps forts de ce premier album. Des surprises il y en a toutes les minutes et ce n’est pas « Human Sculpture » qui me contredira. Le refrain est chanté en duo avec Marco Hietala, le mélange des voix est exquis bien qu’un peu brouillon. Tout se termine de manière humble, presque classique par « End Of Dreams » , un court instrumental. La fin du rêve. Après un premier album d’une telle qualité, il est évident que pour Shade Empire le rêve ne fait que commencer !

« Sinthetic » est mon coup de cœur de l’année 2004. Une découverte incroyable et une bombe en puissance. Pour peu que vous aimiez l’extrême symphonique et l’originalité, ce disque vous transportera là ou seules émotion et mélodie règnent. Un disque d’une grande richesse qui souligne un groupe très mature et unique. Un premier album parfait, que demander de plus ?

…TeRyX…

0 Comments 03 juin 2006
Whysy

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