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Si l’on devait écrire des «Mythologies» du Métal à la manière de Barthes, il est certain que Therion aurait droit à son article. Un groupe qui a changé de style, varié de line-up, opté pour une dérive gentiment sectaire, déchaîné les polémiques (par ex., Sarah Jezebel Deva déclarant qu’elle ne voulait plus accompagner un groupe ne visant que l’argent).

Devant la longueur des références à prendre en compte pour un groupe aussi important officiant depuis 1987, j’ai perdu tout courage. J’ai donc choisi la méthode de la facilité : tenter de faire la chronique en minimisant l’aspect «Panthéon».
Que penser de l’album, en dehors de la «marque» Therion ? Comme de nombreux chroniqueurs (pas ici, pas de ça chez nous chez HL je vous rassure, voir ici et par exemple) ont une fâcheuse tendance à avoir des présupposés positifs sur des groupes «parce que c’est eux», je prends le contre-pied de cette tendance, qui me permet aussi de choisir quelque chose de plus simple. Je laisse ainsi aux fous de l’exégèse le soin de la dissection pour les rapports avec l’entière discographie.
Faut dire aussi, à force de faire des interviews avec des gens qui ne se souviennent pas des titres qu’ils chantent sur leur dernier album, j’apprends à minimiser.

Et la première chose à dire, c’est sans doute que Therion n’est pas seulement un groupe de métal symphonique, c’est un groupe néoclassique, donnant à entendre quelque chose de monumental, là où d’autres groupes ne proposent qu’une pâle copie de certains arias classiques ou lourdes inspirations d’opéras.
D’opéra il est question, de space-opéra-rock surtout, avec des morceaux aussi monumentaux et innovants que «Land of Cannan», qui a un côté psychédélique, pas tant dans l’évocation de la musique des années 70 que des délires fous de cette décennie, c’est une chanson pleine d’éléphants roses et de tourbillons hypnotiques, où la douceur d’un harmonica à la Neil Young (si si) côtoie des chants classiques et classieux de toute beauté. Une piste qui vaut l’album à elle toute seule, 10 minutes d’expérimentation musicales et cérébrales, se terminant par un final en apothéose,… «L’Hymne à la Joie» façon Therion. Psychédélisme aussi dans cette folie douce de tout s’autoriser, même un morceau basé sur quelques accords de jazz manouche («The Shells are Open»).

Si «Land of Cannan» lorgne en sa fin vers Beethov, l’album est wagnérien ! Les chansons toutes sont monumentales, et leur variété même n’empêche pas que l’album ait une très forte cohérence, avec des airs qui lient les chansons entre elles, à la manière des concepts albums. D’ailleurs, il s’en rapproche puisque les chansons sont coécrites avec le fondateur de l’Ordre du dragon rouge.
Quelques références «extrêmes» sont présentes, avec «Unguentum Sabbati», au son purement heavy et «Din», assez speed, et ça et là des lignes de chant black.

Le lyrisme des compositions est porté à son paroxysme, les voix féminines ou les choeurs d’hommes ( splendide «Kings of Edom», mais surtout l’hymne «Cu Chulain») particulièrement réussis. Cela faisait longtemps qu’une telle harmonie dans la puissance n’avait pas été entendue.

Voilà aussi pourquoi il n’était nul besoin de se pencher beaucoup sur le passé de Therion. Cela peut être utile quand un album déçoit, on se raccroche à la branche de la discographie pour avoir quelque chose à dire. Lorsqu’un album atteint ces hauteurs, nul besoin d’artifices.
C’est une merveille.

0 Comments 18 septembre 2010
Whysy

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