Oh bien le bonjour voyageur ! Qu'est-ce qui t'amène en ces contrées perdues ? L'attrait de l'aventure sans doute, je gage que ce n'est pas ce qui manque ici au nord. Ces terres glacées recèlent bien des secrets pour celui qui sait regarder... bien sûr rien qui n'éveille l'attention aux premiers abords, mais sous cette épaisse calotte de glace se cachent nombre de légendes perdues et de folles sagas. Mais comme dit l'adage : « Une gorge sèche raconte mal les histoires », alors offre une chope d'hydromel à cet humble vieillard et il se fera un plaisir de te raconter la plus incroyable de toutes ces histoires : celle de Valfar !

Notre voyage commence à quelques coudées de cette taverne, c'est dans une cabane des collines surplombant le nord d'Oslo que naquit Valfar il y a bien longtemps ! Dès son plus jeune âge il affirmait sa différence par rapport aux autres garçons du clan, petit et malingre il ne prenait que rarement part aux activités éreintantes du port... bien que sa condition sociale ne lui laissait pas espérer grand chose d'autre qu'une vie de forgeron, le jeune homme avait d'autres projets en tête, quelques rêves grandioses qui forgent les destinées exemplaires. Car Valfar était un pionnier, un authentique découvreur !

C'est dans un dépôt dans un coin reculé des docks que Valfar se laissait envahir par sa fièvre créatrice, accompagné dans sa frénésie par deux individus patibulaires : Steimgrim et Steinarson, le premier chargé de cogner comme un sourd sur des fûts en fonte pour produire des rythmes diaboliques et des blast beats dévastateurs, le deuxième pour éructer toute la rage contenue dans les compositions déjà pétries de maturités de Valfar ! C'est dans le froid de l'hiver à l'abri de ce lieu sordide que notre homme créa le Sognamétal, le genre qui allait révolutionner le monde Viking.

A l'époque des premières expéditions vers les rivages lointains et les mers inconnues, le Viking Metal n'est pas une idée neuve. Et le puissant seigneur Quorthon sur son légendaire Drakkar «Bathory» avait déjà expérimenté l'effet dévastateur de cette musique impétueuse sur le moral des guerriers au combat. Proche par bien des aspects du Black Metal naissant (notamment du point de vue des rythmiques et de la production), mais résolument différent au niveau de l'inspiration et des ambiances recherchées. C'est sous la houlette de géants comme Bathory ou Enslaved que Valfar mit au point la recette miracle dont est issu «Soknardalr» son premier album.

Cependant il y a dans la musique et l'esprit de Windir quelque chose de fondamentalement différent. Cela provient-il de ces choeurs mélodieux qui parsèment de manière discrète les compositions en donnant la réplique aux grunts déchirants de Steinarson ? Ou alors serait-ce ces guitares qui irriguent les refrains et les bridges de leurs mélodies lancinantes ? Est-ce cette subtile alternance entre le calme et la tempête qui sied si bien aux fils du grand nord ? Cette incroyable maturité dans l'utilisation des claviers afin d'effleurer les chansons d'un soupçon de mélodie sans jamais écorner la rage enfouie au plus profond de l'âme de Windir ? Je ne saurais donner la réponse car le mythe est empli de zones d'ombres et d'aspérités, toujours est-il que malgré son jeune âge et son inexpérience, Valfar nous offre une prestation digne des plus belles louanges.

Malgré une production encore très perfectible (mais n'est-ce pas un choix assumé ?) «Soknardalr» pose les fondations de ce que sera le Windir de la grande époque, laissant entrevoir les trésors de subtilités et de poésie cachés dans le grand coeur de Valfar, tout en restant fidèles aux structures Black Metal inévitables dans le genre à l'époque. Les titres de bravoures sont légions sur ce disque avec «Mørket Sin Fyrste» ou encore la merveilleuse «Likbør» sans oublier le grand final «Soknardalr» tout en émotions brutes !

Ainsi voyageur, voilà la vraie histoire des débuts de Valfar à la tête de Windir il y a bien longtemps. Certes tu peux me reprocher d'avoir embelli certains aspects pour en expliquer d'autres, mais là n'est pas la question. Ce qu'il faut retenir, c'est que dans le panthéon sacré du Viking Metal, Windir a su se tailler une place de choix au fil de l'épée et ce dès le premier album ! Une telle performance mérite bien toutes nos louanges.

SMAUG...