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Jusqu'à il y a encore quelques mois, mon expérience avec les polonais de Darzamat se résumait à une écoute distraite d’« In Flames of the Black Art », leur tout premier album, sorti en 1996. Je me souviens qu’alors, j’avais découvert un Black Metal gothique et symphonique de très bonne facture, plus proche des premiers Bloodthorn et Thy Serpent que de la grandiloquence de Dimmu Borgir. La présence d’une voix féminine, l’atmosphère médiévale et l’usage massif de claviers m’avaient laissé une impression des plus positives, et c’est pourquoi j’étais curieux d’assister au grand retour du groupe en cette année 2009. Bien sûr, j’avais appris en lisant d’autres chroniques que la troupe venue de l'est avait subi de nombreuses transformations, tant au niveau de ses musiciens que du style pratiqué, mais je demeurais cependant dans l’expectative de vivre un autre grand moment musical avec ce tout nouvel opus.


Et la première écoute fut une véritable douche froide : moi qui n’aime rien tant qu’une atmosphère surannée et un univers onirique, voilà que je me retrouvais avec un monstre de Metal moderne sûrement trop rentre-dedans pour être vrai ! Que s’était-il donc passé ? Qu’était-il advenu des breaks hésitants, des claviers kitsch et de la production d’autrefois, imparfaite mais si attachante ? Non, il fallait que je l’admette, avec presque 15 ans d’existence, le groupe s’était autorisé à muter, et pas qu’un peu. Bon, quitte à chroniquer ce cinquième opus le plus objectivement possible, autant essayer d’oublier le passé et de regarder de plus près ce que nous propose ici le quatuor polonais.

Une introduction mystérieuse rehaussée de murmures féminins fantomatiques, quelques notes de claviers tremblotants…Et puis débarquent avec fracas les puissantes rythmiques, dominées par le chant black étrange mais si convaincant de Flauros, qui lui n’a pas changé d’un pouce avec les années. Et autant briser le suspense tout net : « Solfernus’ Path » est bel et bien la tuerie que nous étions en droit d’espérer !

Cet opus présente on ne peut plus efficacement ce nouveau visage du groupe : les riffs, agressifs, purement Metal, très recherchés, sont terriblement prenants ; les rythmiques syncopées, d’une précision millimétrée, incitent à headbanguer en chœur ; et la production, d’une clarté et d’une puissance proprement dévastatrices, met en valeur les influences death et neo metal qui ressortent de ces avalanches de riffs. Ainsi, ne vous inquiétez pas si vous songez en souriant à des combos aussi inattendus que Devil Driver ou Coal Chamber (flagrant sur l’introduction de « Pain Collector ») à l’écoute des guitares du refrain de « Vote for Heresy » ou du morceau-titre. Et aussi surprenant que cela puisse paraître… Tout cela fonctionne diablement bien !

D’ordinaire, une telle débauche crue de Metal moderne me laisserait froid,… Mais ce serait sans compter sur l’inspiration foisonnante du groupe, qui nous tisse des morceaux ultra créatifs, avec de belles ambiances ténébreuses et horrifiques, jamais lassants car courts et entrecoupés d’interludes inquiétants, d’une construction absolument géniale. Pas de temps mort dans cet opus ! Et je dois avouer que la voix grave de la chanteuse, dont le timbre sensuel se rapproche parfois de Cristina Scabbia de Lacuna Coil fait particulièrement merveille. Imaginez un chant proche de celui de la sublime italienne, mais soutenu par des rythmiques obsédantes, d’une rare puissance… On croit rêver, n’est-ce pas ? Les refrains vous rentrent dans la tête pour n’en plus sortir, l’alternance des chants est parfaitement judicieuse... Quant aux claviers, s’ils ne reprennent le devant de la scène qu’à l’occasion de quelques breaks bien sentis, ils demeurent omniprésents en arrière plan, pour concocter des mélodies et des atmosphères cinématographiques inquiétantes, magistrales. Bref, si ce n’est pas l’album le plus innovant au monde, il est digne cependant de faire trembler la concurrence. Siebenburgen et Agathodaimon sont tout simplement enterrés sur leur propre terrain, et c’est au moins aussi bon que du Stormlord ! Et si l’on notera quelques moments plus faibles ici et là, les fulgurances qui jalonnent cet opus vous les feront bien vite oublier. Le nec plus ultra du Black sympho, en gros !


En bref, vous l’aurez compris : fans de Metal à chant féminin qui poutre (genre le dernier Epica en pire !), de Metal moderne à la fois bourrin et subtil pour headbanguer joyeusement, ou encore de Black Metal symphonique, ruez vous sur cet album apte à convaincre les plus réfractaires par ses innombrables qualités de composition et d’interprétation. Un pur album de Metal de 2009 : une expérience revigorante à ne surtout pas rater !


Gounouman

0 Comments 08 janvier 2010
Whysy

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