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Il est parfois à craindre qu’un best of signifie la fin d’une carrière. Pourtant, cette inquiétude concernant Edenbridge avait été de courte durée : le groupe continue, bel et (très) bien. Après «My Earth Dream» il y a deux ans, c’est «Solitaire» que nous délivre le groupe autrichien.  Diamant, pas diamant ? «Solitaire» est sans conteste une pierre très, très bien taillée. Le son unique du groupe, métal mélodique et subtil, aérien, alors qu’on décerne parfois ces qualificatifs facilement, sont ici réellement mérités (prévenant toute contestation de qualification, «subtil» entendu dans la sphère du métal, et non de façon absolue!). Évidemment, le disque s’adresse d’abord et avant tout aux amateurs du genre : ceux qui espèrent qu’on en finira un jour de cette mauvaise idée d’avoir des femmes un pas devant les hommes sur les pochettes mais aussi sur la scène et dans le disque seront déçus : le groupe confirme que cette scène est vaillante et capable du meilleur comme du pire comme toutes les scènes de métal. Edenbridge demeure du côté du meilleur, sans aucun doute possible. Pourtant, sans grand succès, à l’image, plus récente, de Magica, même si le second n’a pas la qualité du premier cité. Il faut dire qu’il bénéficie d’un moteur spécial : Lanvall est à Edenbridge ce que Tuomas est à Nightwish… Avec le même côté petit chef qui assure continuité (des albums) et discipline (des musiciens, personne ne composant à sa place). Le groupe autrichien, qui n’a jamais bénéficié des faveurs de la chance ni d’un bon communiquant est donc resté dans l’ombre de ladite scène mais a pu aussi développer son identité : les disques ont réellement un style et ne sont pas immédiatement datables à l’écoute comme certains trop ancrés dans une mode passagère.  La voix claire de Sabine est toujours aussi cristalline, et sans doute la chanteuse de Pythia s’est quelque peu inspirée de son timbre pour orienter sa belle voix à elle. Elle fait toute la grâce du génial «Higher», sans conteste le meilleur titre de l’album (et pourtant tous sont bons), au refrain accrocheur mais pas seulement, une chanson obsédante dont il est difficile de se passer une fois écoutée. Cette chanson séduira les amateurs de heavy, de power, bref pourra concilier tout le monde, ce que le groupe vise sûrement en la promouvant single. Il n’en demeure pas moins que pour certains, la gourmandise lourdement sucrée qu’est l’album sera à déconseiller si foie sensible (choeurs récurrents, orchestration massive, harmonies prévisibles… ).  «Skyline’s End» est une chanson gentiment moyenâgeuse qui nous invite à imaginer le groupe en troubadours modernes (pour l’ambiance, même type de voyage auditif que chez Blackmore’s Night, au hasard !). Le titre aurait pu être pompeux mais il reste du Edenbridge aérien grâce au chant de Sabine et à la qualité de la composition. Dans la même veine, «Bon Voyage Vagabond», plus heavy mais qui accompagnerait bien la lecture de Neil Gaiman. On reste dans du métal épico-sympho puisant dans la fantasy/fantastique.  Mais toutes sont destinées, à un moment où l’autre, à être mises en «repeat». On ne peut pas en dire de beaucoup de groupes, pourtant c’est souvent le cas de celui qui nous occupe ! Le titre éponyme, d’abord, bien sûr, qui ouvre l’album après une intro orchestrale parfaitement adaptée : on a le sentiment d’avoir ouvert un vieux grimoire, et immédiatement après avoir prononcé les paroles incantatoires, être projeté ailleurs : cet aspect conte de fées, vieux chez Edenbridge, fonctionne toujours aussi bien. «Solitaire» renoue avec l’excellence de titres comme «Shine». «Come undone», avec son refrain masculin-féminin basculant vers les choeurs, proche de «Undying Devotion» (du dernier album), le romantique «Out of this world», au tempo lent mais bien loin d’être un titre ennuyeux (comme l’était, par contre, «Whale Rider», toujours sur le dernier album), le théâtral «A virtual dream». Mais si les mélodies font le charme de l’album, le groupe laisse sa place aux guitares qui en fin de titre se taillent souvent de jolis solos presque toujours en troisième partie de chanson (plutôt dans la deuxième partie de l’album).  Bref, «Solitaire» est un des albums les plus inspirés du groupe. La recette est toujours la même, personne n’a changé Lanvall pendant la nuit, Sabine ne fume toujours pas, et le temps du groupe est toujours figé dans une dimension colorée, dans les arabesques anachroniques d’un Moyen-âge romantique. Pour le plus grand plaisir de ceux qui aiment être bercés par des ballades épiques et qui, accessoirement, ne se remettent pas de chansons comme «Cheyenne Spirit».  Qui veut des tubes de l’été en veux-tu en voilà ? N’hésitez pas, car bientôt, je vous parlerai de quelque chose de bien plus froid….   … «And the road go on» («Shine», 2004).

0 Comments 30 juin 2010
Whysy

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