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Si le Metal est universel et marque tous les pays du globe de son sceau victorieux, on ne peut pas dire que l’Australie se soit montrée particulièrement exportatrice ces vingt dernières années. Si l’on se souviendra avec une certaine nostalgie d’un certain nombre de groupes de Hard Rock majeurs, peu d’autres styles se voient représentés. Pourtant, la scène doom-gothique a apparemment fait des émules sur ce continent, puisque c’est de cette terre lointaine que viennent deux noms conséquents et incontournables pour les amateurs du genre : Avrigus, et Virgin Black.


Virgin Black… Une ambiance unique, une musique où s’entrecroisent élégamment ténèbres et lumière, mysticisme religieux et décadence gothique. Une production à la fois claire et éthérée, un univers aussi séduisant que malsain. Une musique épurée et mystérieuse, qui repose beaucoup sur le charisme de ses deux leaders, l’évanescente poupée gothique Samantha Escarbe, qui écrit la musique et assure les guitares avec une classe indéniable (quels solos !), et l’étrange maître de cérémonie, Rowan London, chanteur et auteur des textes si particuliers du groupe.

« Sombre Romantic », le premier album du groupe, représente selon moi la naissance et l’apogée de leur art. Loin de toute influence, proposant une vision très personnelle du Metal gothique symphonique, les australiens s’imposent avec maturité et brio et nous proposent un premier opus à la fois pesant et léger, délicat et dur, dérangeant et pourtant… très addictif. Et même si tous les ingrédients ne sont pas encore maîtrisés, vous pouvez compter sur le talent des compositeurs pour vous aider à oublier vos repères et vous laisser entraîner dans ce monde si unique.

Androgyne, torturé, fascinant sont quelques adjectifs que l’on pourrait attribuer au leader, Rowan London. Sa voix étrange et la finesse de ses claviers, (qu’il manie très élégamment), marqueront à jamais l’identité du groupe. Personnage d’une tragédie baroque d’un autre temps, il interprète ses paroles avec une grande sincérité. Possédant un timbre très particulier, une voix très reconnaissable, il passe de montées aiguës lyriques à des susurrements angoissants, voire même à quelques parties plus blackisantes… Fantôme, être désincarné qui raconte, crie et se lamente, il survole la musique et l’emporte avec lui dans son univers soyeux, où la luxuriance et la beauté côtoient la mort et l’obscurité.

Les arrangements symphoniques, chœurs, ensemble à cordes (superbe introduction de « Stare »), piano, sont finement orchestrés et très bien intégrés, les guitares sont heavy, puissantes, et à l’origine de soubresauts salvateurs qui nous éloignent de la torpeur dans laquelle nous pourrions nous installer à l’écoute de ces pièces parfois trop épurées ou manquant d’accroche… « Sombre Romantic » est un album à la dimension théâtrale prégnante, où se dessinent beaucoup de sentiments… Le côté religieux se ressent tout aussi fortement, aussi bien dans l’aspect très « recueilli » de certains titres, que dans les textes, libres réinterprétations fort douteuses, entre blasphème et dévotion, de passages bibliques.      

Points d’orgues de cet album étrange ? « Walk without limbs », un classique du groupe, où comment, à partir de quelques notes de piano légèrement angoissantes, créer une ambiance tangible, sur laquelle se greffe un passage industriel et une rythmique accrocheuse et puissante, et « Drink the midnight hymn », au départ tonitruant, qui présente de manière superbement maîtrisée alternance entre riffs heavy et orchestrations classieuses, entre puissance et mélodie. Je retiendrais également les délicates « Embrace », « Lamenting kiss » (et son solo final, bien représentatif de la grâce des guitares de Samantha) et « Museum of Iscariot », ainsi que l’inattendue « I sleep with the Emperor » où se mélangent chant lyrique et voix black pour un résultat glacé et détonant.


En bref, voici une première livraison mature et aboutie, dans un univers… Sombre et romantique à la fois, toujours à la frontière entre le sacré et le profane. Si vous arrivez à vous accoutumer à la voix de London (très souvent à la limite de la justesse, et parfois assez agaçante, dissonante, même s’il progressera sur les albums suivants), nul doute que vous saurez apprécier les moments forts de cette ode qui, sans être parfaite, n’en constitue pas moins selon moi la plus belle carte de visite jamais composée par Virgin Black.


Gounouman

0 Comments 09 février 2008
Whysy

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