Soyons clairs dès le départ, ceux qui s’attendent au successeur d’un Mandylion ou d’un Nightime Birds seront bien désemparés face à la nouvelle réalisation de The Gathering. La mutation effectuée sur If_Then_Else se poursuit bel et bien, et s’accentue même sur Souvenirs. Petit rappel.  A ses débuts, et aussi étonnant que cela puisse paraître, la formation néerlandaise officie dans le death métal. Puis les changements de line up, et plus particulièrement l’arrivée de la chanteuse Anneke Van Giersbergen, font que le groupe se tourne vers un heavy plus conventionnel, puis une étape supplémentaire et décisive est franchie avec If_Then_Else en 2001 où The Gathering se tourne vers quelque chose de singulièrement différent, en nous délivrant du trip rock teinté d’influences électro et atmosphériques. Il est vrai que cette évolution paraît difficile à comprendre, mais lorsqu’on sait que l’influence principale des musiciens est Radiohead, la logique musicale devient plus claire.  Mais intéressons nous de plus près à cet album. Souvenirs apparaît lors de la première écoute comme la suite logique de If_Then_Else, avec ses orientations pop et électro. Mais en creusant un peu plus, ce nouvel opus va plus loin que son prédécesseur. Je ne vais pas essayer de catégoriser cette musique, tout simplement parce que définir cet album comme du trip hop ou du rock alternatif progressif serait réducteur et incorrect, tant les influences abondent et se mélangent. Souvenirs est un cd qui s’écoute purement et simplement.  L’adjectif qui qualifie selon moi le mieux cet album est « planant ». On ressent vraiment cette impression aérienne, brumeuse, douce, enchanteresse, qui vous berce pendant plus d’une heure. Et la voix magique de Anneke Van Giersbergen y est pour beaucoup, sorte de souffle léger et sucré qui réussit à nous amener vers un état second proche d’un coma salvateur.  La chanson la plus illustrative de cette impression, bien que paradoxalement une des plus abordables de l’album, est Souvenirs. Une intro méta terrestre, un refrain accrocheur, une rythmique proche du trip hop, et surtout une outro de toute beauté avec un riff de basse entêtant qui ne semble ne jamais vouloir se finir, une guitare lointaine et tournoyante qui semble vous entourer de ses mélodies mystico psychédéliques. Bref, 6 minutes intenses, croyez moi. Le reste de Souvenirs est du même acabit, ne redescendant jamais sur terre, toujours perché vers quelques planètes inconnues de beaucoup.  Alors que penser de cet album ? Difficile vous l’aurez je pense compris de décrire la musique de The Gathering avec des mots, et voila à mon sens l’un des grands intérêts de ce groupe, qui est que chacun ressent cette musique à sa façon, selon sa sensibilité et ses goûts. Cela dit, il est évident que certaines personnes n’y trouveront aucune émotion, le considérant plus comme un cd pop rock sans saveur. Mais comme je vous l’ai dit, seul le fait d’écouter peut vous donner un avis sur Souvenirs. Pour ma part, Souvenirs est un OVNI musical, une perle parmi les inclassables, une prospective et une perspective riches et plurielles, en somme et pour faire simple un album exceptionnel.