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Quand ça veut pas, ça veut pas.  Vous ne vous en souvenez peut-être pas mais il y a quelques années, les Guignols de L’Info avaient préparé un sketch récurrent dans lequel Philippe Séguin ratait tout ce qu’il entreprenait et exposait sa malchance. Chaque situation se terminait par cette phrase laconique que j’ai retranscrite plus haut, prononcée par un Philippe Séguin complètement blasé. A priori, il n’y a pas grand-chose en commun entre des marionnettes satiriques et un groupe français de death metal mélodique. Sauf peut-être ce fort sentiment que quoique je fasse et peu importe le nombre d’écoutes du dernier album en date du combo d’Île-de-France, le musique de T.A.N.K me serra toujours hermétique.  Spasms of Upheaval s’inscrit dans la digne lignée de The Burden Of Will sorti en 2010. Ce premier album du groupe ne m’avait pas laissé un très bon souvenir notamment à cause de relents modernes trop écœurants, à mon goût, qui se dégageaient de la musique.  Clairement, et comme dans The Burden Of Will, T.A.N.K fait preuve de beaucoup de maturité dans la composition de ses morceaux. On sent les français toujours autant à l’aise pour ce qui est de proposer des titres très techniques dans lesquels le savoir-faire des musiciens est poussé peut-être pas à son paroxysme mais pas loin, tant on sent que le groupe met en avant la structure musicale de son œuvre. La production participe, sans aucun doute, à créer le sentiment de complète maîtrise qui se dégage de cet album. « Stillness Withered » par exemple illustre parfaitement cette emphase technique qui caractérise Spasms Of Upheaval.  Toujours du côté des bonnes surprises, il semble que T.A.N.K tente d’apprendre de son expérience précédente. Alors que The Burden Of Will manquait de titres forts et d’hymnes impénétrables, Spasms Of Upheaval fait ce qui peut paraître un pas dans cette direction et parvient à forger des chansons, sinon fédératrices, du moins porteuses d’une ardeur plutôt efficace. « The Raven’s Cry » et « Unleash The Craving » comportent des éléments facilitateurs qui en font des morceaux suffisamment mémorables.  Alors pourquoi ? Pourquoi, malgré ces capacités avérées, Spasms Of Upheaval n’arrive-t-il pas à faire battre mon petit cœur pourtant pas toujours farouche (après tout on aime tous des albums pour bien moins que ça) de chroniqueuse ?  Pour être tout à fait juste, j’ai longtemps pensé (et une petite partie de moi le croira toujours) que la faute en revient encore et toujours au chant clair pas vraiment inspiré qui vient polluer les morceaux (comme sur le titre éponyme par exemple) malgré la présence de Jon Howard, le chanteur de Threat Signal sur « Inhaled ». Le morceau « Daze » est terni au pont d’en devenir insipide par le chant clair catastrophique qui semble beaucoup forcé pour être honnête. Même refrain sur « A Life Astray » qui pâtit grandement  Toutefois il serait injustifié de dire que je fonde mes griefs sur l’unique qualité du timbre clair du chanteur. Après une plus longue introspection, j’en suis venue à la conclusion que Spasms Of Upheaval, en dépit de ses bonnes intentions apparentes, souffrait du trop grand contrôle exercé sur la musique. A trop vouloir maitriser les rythmes et les mélodies, le groupe n’atteint qu’un seul but : l’aseptisation. L’ensemble est égal, poli et bien tourné mais l’extrême technicité fait de Spasms of Unheaval un disque plat et artificiel à la limite de l’ennui. Peu importe que tout soit bien en ordre, T.A.N.K fait l’économie de l’émotion. Et s’il y a quelque chose que je recherche quand j’écoute un album, c’est le frisson de l’extase, de la passion, parfois maladroite, qui se ressent dans les mélodies. Malheureusement je n’entends rien de tout cela dans ce nouvel opus de T.A.N.K.  « Conflict » et « Cryptic Words », avec leur déballage de grands moyens et leurs riffs puissants, ne font que taper dans le vide. Oui, musicalement il y a de bons moments. Non il est très difficile de se laisser porter par la musique de T.A.N.K, trop mécanique et assainie jusqu’à en perdre toute saveur. Il subsiste des titres qui se ressemblent beaucoup et baignent dans une ambiance moderne qui, paradoxalement, a déjà l’air fixée dans ses attributs et parait se complaire dans son manque d’extase avec l’arrogance que son savoir-faire lui procure.  Vous l’aurez compris la magie n’a toujours pas opérée. T.A.N.K, et c’est peut-être tant mieux, a su rester fidèle à sa musique et aux sonorités qu’il affectionne persistant dans les ambiances nouvelles qui rendent les albums du groupe français si durs à mes oreilles. Avec un peu de chance les vôtres seront plus coopératives.  Nola

0 Comments 18 janvier 2013
Whysy

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