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Est-ce que quelqu’un ici a déjà eu vent de ce sympathique groupe suisse qu’est Eluveitie ? Si oui, bravo, car ce groupe est encore très underground et vient à peine de se former ! Repéré par la jeune maison de production « Fear Dark records », ils émergèrent en 2003 avec un premier EP, « Ven », déjà très réussi. Musicalement, la troupe se place dans le registre de plus en plus exploité du folk Metal extrême (style caractérisé par l’exploitation d’instruments et ambiances païennes, traditionnelles et folkloriques sur fond de gros metal qui tâche fort). Seulement, le jeune groupe suisse présente plusieurs arguments intéressants qui permettront peut-être de le distinguer progressivement de la concurrence de groupes comme Ensiferum ou surtout Moonsorrow, qui exploitent à leur manière le même créneau, et desquels ils peuvent parfois s’avérer assez proches. Vous me direz néanmoins que ces comparaisons sont flatteuses pour une si jeune formation !  Déjà, au niveau de la production et de la pochette, aucun problème. Le groupe bénéficie d’ailleurs d’un excellent son, qui contribue beaucoup à la qualité de l’ensemble et au plaisir d’écoute. Eluveitie est d’ailleurs composé de 8 membres, ce qui lui permet d’obtenir une grande diversité instrumentale (le groupe emploie des instruments dont je confesse ignorer l’existence ! flûtes, cornemuses, violon, bouzouki irlandais, bodrham, hurdygurdy…)  Le chant est partagé avec un chanteur extrême dont le timbre me rappelle vaguement Ensiferum, et un chant féminin, doux et chaleureux, ponctuellement utilisé (« Aidu », « Siraxta », qui propose une alternance fort plaisante entre calme et colère, entre douceur sensuelle et féminine et colère guerrière). On note également la présence de chœurs sur certains titres, (« The endless knot ») toujours utilisés avec goût et parcimonie. Ils permettent d’illuminer, d’embellir la musique du groupe. Encré dans un souci d’authenticité, Eluveitie partage ses textes entre anglais courant et gaulois helvète, un langage pour ainsi dire éteint, à la base utilisé par les anciens helvètes des clans celtes. D’ailleurs, je précise ici que le nom du groupe signifie "Je suis le suisse" en ancien gaulois.  La première minute du calme interlude « Aidu », surprenante de mysticisme, est assez représentative du style et de l’ambiance originale défendus par l’album. La clarté du son et la mélodie des éléments folkloriques permettent d’éloigner le groupe des clichés et de l’imagerie païenne et guerrière des groupes vikings. En fait, nos helvètes se revendiquent eux-mêmes partisans d’un metal druidique. « Encore une étiquette », me direz-vous, mais elle leur colle assez bien et marque leur originalité.  L’album attaque assez directement : quelques bruits étranges, puis de belles mélodies toutes droit sorti de notre bonne vieille Bretagne celtique, avec ses dolmens, ses forêts peuplées d’êtres étranges, ses mystères et sa magie. Et débarquent alors les chœurs, voix écorchées et enfin la puissance de l’électrique pour soutenir l’ensemble.  Ce qui est très agréable tout au long de l’album, c’est qu’on a le sentiment que le groupe est déjà assez mature, que « Spirit » représente déjà un bel épanouissement : en effet, les éléments metal et folklorique font vraiment corps, agréablement mixés et agencés. L’ensemble est dynamique, relativement entraînant. Le groupe nous montre qu’il possède un bon sens de la mélodie et serait presque capable de nous pondre des hymnes (« Your gaulish war », son excellent riff, bien heavy et sa mélodie folklorique mélancolique et envoûtante, la superbe montée qui conclue « Tegernakô », ou encore l’excellent instrumental conclusif, le 200% heavy folk «Andro»).  En dehors de cela, certains morceaux possèdent une base bien heavy, dynamique et excellente (l’efficace et prenant « Uis Elveti ») tandis que d’autres, bien plus violents, rattachent davantage le groupe à la scène black folklorique de Finntroll et MoonsorrowOf fire, wind and wisdom », morceau complexe et varié contenant quelques passages brutaux, « The song of life », m’évoquant le groupe français Aes Dana, mais en moins sombre et plus mélodique avec ce beau riff black en intro et la douceur des éléments folkloriques). Par ailleurs, certaines rythmiques lorgnent clairement sur le death mélodique suédois (The dance of victory et sa batterie bien soutenue). Avec ceux-là alternent des morceaux plus calmes, où la douceur de l’acoustique fait ressortir la beauté de l’ensemble (« Aidu », « Tegernako » et son introduction à la Mago de Oz). D'ailleurs, l'ensemble n’est jamais trop sombre, ce qui est aussi agréable. Vraiment, malgré son affiliation à la scène extrême, l’album reste joyeux et assez entraînant, avec une jolie touche de mélancolie ou de douceur par instants.  Au final, je dirais que le combo suisse nous pond un album agréable et rafraîchissant, assez homogène en terme de qualité ! Petits bémol, le chant, quoique efficace, n’est pas très original, trop proche d’un grand nombre de groupes, finlandais notamment… Mais les rythmiques killer, l’originalité musicale, la variété, la beauté et la puissance de l’album devraient vous inciter à découvrir ce jeune groupe, qui j’en suis certain possède d’ors et déjà avec cet album les moyens de séduire plus d’un amateur de metal celtique, viking ou black mélodique. A découvrir ! Une très bonne surprise de 2006 !  Gounouman

0 Comments 04 juillet 2006
Whysy

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