Vous recherchez quelque chose ?

Si vous êtes un lecteur assidu d'Heavylaw, vous vous devez de connaître Benighted Soul ! Entre les comptes rendus de concerts, chroniques, news, interview, l'écoute exclusive de leur précédent EP, et une présence remarquée sur la seconde édition de notre compil'... impossible pour vous d'être passé à côté de ce groupe. A ces occasions, nous n'avons d'ailleurs pas cessé de vanter le professionnalisme et le perfectionnisme des Nancéens, au niveau de la qualité des enregistrements, comme de la promotion ou des prestations « live ». Alors comme tout travail fini par payer un jour, n'y voyez donc pas le simple fruit du hasard si le groupe jouit désormais d'une excellente réputation au sein du microcosme Metal hexagonal.

Inutile de préciser que la sortie de ce premier album « longue durée » fait figure d'évènement pour ceux qui, comme nous, suivent le groupe depuis quelques années déjà. Une première publication qui s'accompagne également d'une certaine inquiétude. Car après les espoirs suscités par leurs précédentes réalisations et leurs performances scéniques remarquables, ce « Start from Scratch » sera-t-il à la hauteur de nos attentes ? Permettra-t-il au groupe d'assoir définitivement sa place à l'échelle nationale ? Et pourquoi pas de s'immiscer dans les charts étrangers ?

D'entrée de jeu, avec un « Broken Icons » tonitruant, le groupe annonce la couleur et rassure en clouant littéralement l'auditeur sur place. Le son est massif et la production impressionnante ! La « patte » Benighted Soul, toujours bien présente, se montre même un peu plus affirmée encore. Alors, pas de révolution musicale en vue, le groupe officiant toujours dans le Metal symphonique survitaminé, mais une progression vers des sphères plus complexes est clairement perceptible. Benighted Soul accouche ici d'un premier album particulièrement riche et « mature » comme on aime à le dire !

Les titres proposés sont pour la plupart longs, entre 6 et 8 minutes au compteur, et possèdent une fibre épique évidente. Minutieusement travaillés, ils renferment de nombreuses pistes et demanderont plus d'une simple écoute pour en saisir à la fois toute l'opulence et la subtilité. Une complexité qui, par bonheur, n'enlève en rien l'aspect accrocheur des compos et ne perd pas l'auditeur dans des méandres musicaux sans fin. Notons toutefois que la durée importante de l'album (presque 70 min tout de même) rend son assimilation peu évidente d'un seul bloc. La qualité (haute) des titres étant également constante, difficile de faire ressortir un morceau parmi les autres et donc de véritablement rythmer l'ensemble... La présence d'un « single » au format plus évident et direct (« Wrong reflection ») et d'un instrumental aérien bien ficelé (« The seventh cage ») permettent heureusement de soulager et de diversifier quelque peu le tout.

Ces compositions épiques se basent sur une dynamique efficace générée par l'alternance entre passages calmes et débauche d'énergie. Les changements de tempo et d'ambiances savamment agencées, fruit du melting-pot d'influences qu'on imagine variées, confèrent une pluralité de rythme bienvenue tout au long de l'écoute. Accélérations meurtrières, riffs acérés et chants rageurs viennent ainsi interrompre régulièrement les séquences plus atmosphériques où s'exprime plus la dimension cinématographique du groupe. A ce titre, les orchestrations sont impressionnantes d'un bout à l'autre du CD (« Edge of insanity » ou « Evergreen » pour ne citer qu'eux). Une juxtaposition musicale ambivalente qui n'est d'ailleurs pas sans rappeler les premiers travaux d'After Forever ou Epica. Les admirateurs de ces groupes trouveront ici une concurrence plus que sérieuse aux piliers hollandais du genre.

Notons également la dualité (certes devenue classique de nos jours) entre chant masculin et féminin. Jay apporte douceur et mélodies, naviguant avec aisance entre chant lyrique et tonalités plus Pop/Rock ; quant à Djeng, ses incursions en second plan se font rageuses, sans sonner purement extrêmes, mais plus énervées ou éraillées que des growls. Un point qui pourrait peut-être être repensé pour donner plus d'emphase.

Mais réduire Benighted Soul à une simple comparaison stylistique avec d'autres groupes, même majeurs, serait injuste. Car les nancéens parviennent à se sortir du carcan strict du « female fronted band ». L'approche résolument progressive de leur musique y joue d'ailleurs pour beaucoup ! Non pas qu'ils se soient mis aux duels instrumentaux techniques, mais ils adoptent la noblesse du mouvement « Prog' », à savoir proposer une musique qui évolue dans sa forme et ne se limite pas à une structure simple et trop classique. Et ce, même si le schéma des morceaux est parfois un peu similaire dans sa progression d'ambiances et dans son agencement. Mais pour un premier essai, force est de saluer cet effort !

Au final, avec « Start from Scratch », Benighted Soul fait une entrée remarquable, et remarquée, dans la « cour des grands ». Voici une carte de visite plus que convaincante pour ce jeune groupe qui a bien raison d'y croire ! Toutes les qualités nécessaires à la réussite sont présentes, et les membres du groupe n'étant pas du genre à se reposer sur leurs lauriers, leur talent aidé de leur pugnacité finira par être reconnu de tous, ici comme ailleurs. La machine Benighted Soul est désormais sur les bons rails et rien ne semble en mesure de l'arrêter. Alors souhaitons-leur bonne chance dans cette longue aventure qui s'ouvre à eux !

0 Comments 07 avril 2011
Whysy

Whysy

Read more posts by this author.

 
Comments powered by Disqus