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Il est clair que la cover attire le regard. Cette végétation étouffante, cette faible lueur au loin, ces dents acérées et un crâne humain. Très abstraite et bien réalisée, elle illustre de manière convaincante la perte, le manque, l'oubli. C'est avec ce visuel très fort que Fragments Of Unbecoming essaie de capter notre attention. Le très jeune groupe allemand officie dans la scène métal depuis l'an 2000, il est l'auteur d'un EP et d'un premier album sorti il y a 2 ans. C'est en cette fin de mars qu'ils nous proposent le second album, et 3e chapitre de son encore très courte carrière.

Fragments Of Unbecoming s'est très vite découvert un intérêt certain pour la musique extrême, et plus précisément le death métal. Effleurant les grands noms de la scène death mélodique des années 90, le groupe est parvenu à une synthèse intéressante entre mélodie et brutalité. Malheureusement tout n'est pas rose de l'autre côté du Rhin, et cette seconde offrande possède encore de trop nombreuses lacunes qui ne l'avantagent pas face à la pression incessante de jeunes groupes talentueux. Et pourtant, sur le papier nos 5 allemands ont tout pour réussir. Une signature chez Metal Blade, une reconnaissance solide dans le milieu, un album professionnellement produit et des compositions flirtant avec le progressif dans des formats dépassant les 6 minutes.

En effet, si l'on s'accorde sur le domaine purement technique, l'album est une petite tuerie! Les musiciens sont tous dans une forme olympienne et le rendent parfaitement sur l'album. On les sent décomplexés et pour cause: un changement dans la line up. La venue d'un nouveau vocaliste va permettre à Stefan Weimar (guitare/chant) de se focaliser uniquement sur sa 6 cordes. Il n'est donc plus obligé de ménager ses parties de gratte pour insérer ses lignes vocales. C'est un véritable enrichissement, d'autant plus que Sam Anetzberger est un excellent chanteur. Il possède un panel de voix très large allant du guttural à l'écorché en toute splendeur. Est - il utile de préciser qu'il n'y a aucune voix claire?
Les guitares sont l'atout principal du groupe. Les tablatures sont travaillées et les longues compositions restent cohérentes quoiqu'il arrive. Cela grâce à une colonne vertébrale solide: un très bon batteur. Ingo Maier possède un jeu très vaste et versatile qui s'adapte à de nombreuses situations. Ainsi les titres rapides (Sterling Black Icons, A Faint Illumination) sont majoritaires au long de l'album et possèdent une folle énergie. Les titres plus progressifs (Dear Floating Water) atteignent les 7 minutes et alternent habilement rythmiques martiales et rythmiques calmes pour créer un contraste entre brutalité et mélodie.
Les compositions font preuve d'une véritable recherche artistique. Les structures sont complexes et ne manqueront pas de vous surprendre. La composition est un processus très long, et il semble que le groupe soit parvenu à l'utiliser pour construire des chansons solides.

Vu comme cela, l'album serait d'une richesse folle, mais il ne tarde pas à montrer ses faiblesses. Le premier choc vient de la caisse claire. En effet, la batterie et tous les instruments sont parfaitement mixés exception faite de la caisse claire. Elle possède un son désagréable, comme si le batteur tapait sur un objet en plastique. Il l'utilise très souvent et cela devient très vite énervant et frustrant, surtout lors des nombreuses séquences de blast beats.
Fragments Of Unbecoming sait composer des chansons puissantes, c'est une chose, mais ils sont malheureusement incapables d'écrire des refrains. Ce manque de refrain est sûrement le gros point noir ici. En effet, tout au long de l'album, aucun n'attire l'attention. De plus, le songwriting manque quelque peu de finesse. Le groupe a beau varier les rythmes, jouer des riffs puissants, avoir un chanteur à l'aise, il n'est pas capable en 50 minutes d'imposer ses idées. Le style ne semble pas encore suffisamment développé pour permettre à Fragments Of Unbecoming d'accrocher l'auditeur. On en est réduit à écouter de longues chansons d'une oreille distraite sans y faire attention. En bref on s'ennuie.
Et pourtant, le groupe tente à l'aide de courtes introductions (Carmine Preface, Ride For A Fall, Onward To The Finger Of God) de créer des ambiances: en vain. Le groupe ne parvient en aucun cas à faire naître une émotion à travers sa musique bien qu'il se donne les moyens. Cela traduit une faiblesse de taille dans le songwriting, aucune chanson ne touche au coeur ou ne frappe l'esprit.

Au final, même après de nombreux mois d'écoute, on ne retient pas grand chose de cet album. Malgré une technique irréprochable et des compositions bien montées, Fragments Of Unbecoming est incapable de faire naître l'émotion de sa musique. Ce second disque ennuie plus qu'il ne surprend, car seul l'instrumental final (Chambre Noire) est porteur de mélancolie et d'innocence. Une déception malgré tout...

...TeRyX...

0 Comments 23 mars 2006
Whysy

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