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J’avais laissé les Allemands de Rage sur la scène du Wacken Open Air en août dernier, après un set très sympathique durant lequel des invités prestigieux tels que Hansi Kürsch de Blind Guardian ou Marcel Schirmer de Destruction ont fait une apparition. Je les retrouve quelques mois plus tard, seuls cette fois, à l’occasion de la sortie de leur dernier album Strings to a Web. Nul besoin de présenter l'un des groupes phare de la scène heavy d'outre-Rhin : cela fait, en effet, 24 ans déjà que Rage sillonne les routes tortueuses du metal. Beaucoup de choses se sont passées depuis la sortie en 1986 de Reign of Fear mais le temps n'a pas ébranlé la motivation de nos trois compères qui nous proposent, en ce début d'année 2010, rien de moins que leur 18ème album !

Ce nouvel disque de Rage s’inscrit dans la lignée du précédent opus, Carved In Stone, et offre, à nouveau, un savant mélange de mélodies envolées, de rythmes forts et de refrains énergiques. Pour le plus grand plaisir de vos oreilles ! Strings to a Web ne cherche pas midi à quatorze heures et fait partie de ces albums directs qui ont l’air de ne pas se prendre tout à fait au sérieux. Les trois membres du groupe enchainent les titres dans la bonne humeur, sans jamais verser dans le ridicule. Ainsi, The Edge of Darkness démarre l'album avec entrain et frénésie. Une frénésie qui ne disparaitra d'ailleurs jamais tout à fait durant l'écoute, ne laissant à l'auditeur que peu de temps pour reprendre son souffle.

Rage tisse une toile coriace emprisonnant son auditoire dans des titres solides et enlevés d'où il est difficile de se s'extraire. Into the Light ou Saviour of the Dead qui permet à l'album de partir sur de nouvelles bases après l'imposante composition centrale (voir paragraphe suivant), en sont de parfaits exemples. Certes, il n'y a rien de nouveau sous le soleil mais la musique des Allemands ne s'embarrasse pas de tours et de détours et va droit au but. Peter Wagner, Victor Smolski et Andre Hilgers démontrent (si besoin est) leur capacité à créer des riffs percutants appuyés par une batterie performante (Hunter & Prey) et des paroles pleines de second degré (Purified).

Strings to a Web est surtout remarquable pour l’enchainement constitué de Empty Hollow, Strings To A Web, Fatal Grace, Connected et Empty Hollow Reprise. Le thème de la chanson Empty Hollow dangereusement efficace et même un peu baroque encadre, sublime presque, cet ensemble qui constitue le point culminant de l’album. Les cinq titres forment un tout aussi varié que cohérent. Après l’entêtante Empty Hollow, les choses se calment un peu avec Strings To A Web et encore un peu plus avec la reposante Fatal Grace, avant de repartir doucement avec Connected et de se terminer (trop vite) en apothéose, avec Empty Hollow Reprise. Plus que jamais, durant ces instants, Rage apparaît comme un groupe appliqué à sa tâche et soucieux de varier ses compositions.

Cependant, un gros doute plane sur la durée de vie de l'album qui me fait redouter que la lassitude n'apparaisse trop vite en raison de la trop grande accessibilité de Strings to a Web. Vous allez me dire (et vous aurez raison) : « Quand il faut 85 écoutes pour apprécier un album, ça râle et quand il en faut deux, ça râle aussi… Faudrait savoir ! ». Je suis consciente de la contradiction et généralement, je n’aime pas passer dix ans pour enfin comprendre ou ressentir quelque chose. J’abandonne bien avant. Mais quand, comme c’est le cas avec Rage, au contraire, tout vous est servi sur un plateau, vous avez l’impression de gagner la bataille sans avoir combattu et c'est, dans un sens, un peu frustrant. Strings to a Web perd très vite sa capacité à surprendre et on le connaît rapidement sur le bout des doigts. A vrai dire, que cela soit bon ou mauvais ne tient qu’à vous et à votre rapport à la musique. Cependant, je trouve que l’on fait trop vite le tour de l’album. Strings to a Web aurait gagné à ménager ses effets. C’est d’autant plus dommage que, à l’écoute de cet opus, on sait que Rage est capable de le faire.

Enfin, la toute fin l'album est légèrement en retrait par rapport au reste mais cette impression vient sans doute du fait que les fils dont sont faits Empty Hollow et les titres suivants sont trop solides : ils détournent l'attention au détriment du reste.

Strings to a Web ne marquera pas son époque. Il ne restera pas gravé dans la pierre ou dans les mémoires comme l'album qui changera le heavy mais le disque de Rage n'a pas été forgé pour ce destin. Il se contente d'offrir ce qu'il a, pour nous faire passer un bon moment au son de chansons faciles et efficaces. Alors ne cherchons pas à lui donner un status qu'il ne veut pas et apprécions-le pour ce qu'il est. Et c’est bien suffisant !

0 Comments 30 janvier 2010
Whysy

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