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«Lag I Run» est d’abord et avant tout le projet avant-gardiste de Nay Windhead, chanteur et guitariste, qui le compare à celui du groupe King’s.
Projet et avant-garde sont d’ailleurs les mots clés. Projet parce que l’objet «Sunlight Scars» est présenté comme l’accouchement des recherches musicales de Nay (qui a écrit entièrement l’opus) ; et avant-garde car c’est ainsi qu’on a pris l’habitude, dans les chroniques de métal, de nommer tout ce qui, sans forcément avoir vocation à être le futur du genre, a des relents d’oeuvre d’art contemporain difficile d’accès.
Il y a un peu de tout dans cette oeuvre, relativement compacte, dont je vais tenter de vous donner un aperçu.

«Sunlight Scars» est un album de rock, que l’on pourrait situer comme alternatif et progressif. Ce ton est donné dès le morceau d’intro, dénommé «Let’s rock friends». L’on pourrait s’attendre à du Chuck Berry vu le titre mais il s’agit en fait d’une intro aérienne, électronique, sans grand relief, qui annonce que l’album sera empreint de recherches artistiques et d’influences.
Les musiciens sont excellents, le chant parfaitement posé, mais l’album ne fait pas un effet boeuf. Son auto-dénomination «hybride» signifie des croisements entre des musiques qui n’ont rien à voir(funk, hard rock, world, rock prog…) mais il n’est toujours heureux de mixer Green Day aux Foo Fighters sur fond de scratchs hip hop… Par ailleurs, les chansons sont relativement longues, comportent des changements de rythmes, de chant, clair à métal, pop à rock...et rock à clair, pop à métal. Bref, vous avez compris l’idée, ça donne le tournis. Il est difficile de voir une unité à l’album, hors cette tentative de synthétiser des influences très (trop) diverses et difficile sinon impossible de l’écouter d’une traite. Il faut le laisser et y revenir (le fait est que cela dépend de votre propension au masochisme), pour se familiariser avec les morceaux qui sont à la fois semblables et sans grand caractère pour en déterminer les contours et s’attacher à certains.

À mon humble avis, le meilleur est sans conteste l’instrumental «Ape me a man». Le titre témoigne d’une réelle créativité, dans la lignée du «Meds» (des titres comme «Pierrot the Clown») de Placebo. Il est contemporain, mélancolique et gai à la fois. Son côté «simple», électro, tranche avec l’overdose d’instrumentations inutile, cache-misère de l’absence de mélodie des autres titres.
Ensuite, «Always the dark», aux wowowo qu’on croirait sorti du génial «Alright» de Supergrass,  et «The celling is grey», dont l’intro rappelle (eh oui)  le «You're The One That I Want» d’Olivia Newton-Jones et Travolta à la fin de «Grease» sont nettement préférables à des titres comme «Adrifthead» ou «Non eternal sun», qui sont ennuyeux et que la batterie peine à rendre réellement dynamiques. C’est ce à quoi on se raccroche puisque la majorité des titres peine à insuffler une émotion à défaut de donner à entendre un refrain potable. Les emprunts ne suffisent pas non plus à rendre des titres intéressants (RATM pour «Concrete Coffe»).

Maintenant que le groupe a réussi à sortir de l’anonymat pour être produit et distribué, il serait temps qu’il choisisse entre ses titres pontifiants et longuets et la gaieté de certaines compositions, sans conteste meilleures.
Il ne fait pas de doute qu’à défaut, il sera difficile d’exister face à des groupes comme Vampire Weekend, Arctic Monkeys ou encore Revolver.
La scène rock alternative étant actuellement de grande qualité, la concurrence va être rude pour Lag I Run.

0 Comments 04 juin 2010
Whysy

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