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Heureux sont les lecteurs qui ne connaissent pas encore Magic Kingdom car ils s’apprêtent à faire une excellente découverte. Cette formation belgo-germano-franco-russo… bref européenne est le projet phare de Dushan Petrossi virtuose outre-quiévrain de la six cordes et sosie génial d’Yngwie Malmsteen. Il en est à son troisième album de speed métal symphonique à incursion néo-classique et six ans après un très apprécié Metallic Tragedy, le compositeur s’est associé à un line up de choix puisqu’il comprend le talentueux claviériste Phil Giordana, créateur reconnu de Fairyland et du chanteur Olaf Hayer, l’un des tous meilleurs du genre. Personnellement ce vocaliste germain (Dyonisus, Symphonity) personnifie à lui seul l’école du chant classieux, limpide et clair et c’est un vrai régal que de retrouver celui qui fut révélé par le premier album solo de Luca Turilli.

Alors certes amis lecteurs, en métal comme en football, une combinaison de personnalités à l’éclat insolent n’est pas gage obligé de succès retentissant mais force est de constater, que, rétroactivement, de tels musiciens ne pouvaient pas décevoir. Et ils n’ont pas déçu, Symphony Of War est un bloc, un monument en granit à la gloire du speed symphonique, le fruit d’un travail acharné de compositions qui ont pris plus de cinq années de gestation et qui s’épanouit dans plusieurs directions avec brio et maturité. Dushan Petrossi réalise ainsi son meilleur album tout projet confondu et il revisite en 10 Titres toute l’histoire récente du heavy speed mélodique à emphase avec grandiloquence symphonique. Son secret tient en trois clés: les mélodies sont travaillées et orientées pour être imparables, ce sont des chansons avant tout, Dushan est le continuateur le plus pertinent du fantasque Malmsteen mais il ne peut se réduire à cela tant il a su intégrer à sa trame musicale des éléments sombres, protéiformes et progressifs.

Baroque (Evil Magician), roccoco (solo de Lion's heart), néo-classique (No Mercy for The ennemy) ou gothique flamboyant (Abyss) les morceaux de Symphony of War sont imprégnés de riches contrastes, de profondeur pour une musique digne de l’expérience tentée par Adagio de produire un métal sombre et torturé sans dénaturer les mélodies. Cette vision si particulière qui peut se rapprocher par moment aussi de morceaux tels que When demons awake de Rhapsody Of fire pour leur efficacité, est une franche réussite car ce métissage transcende les barrières pour imposer une musique dramatique, grandiloquente, expressive, riche et sophistiquée.

Il faut dire que le talent du guitariste est tout bonnement exorbitant tant il combine des éléments épiques guerriers néo-classiques, speed symphoniques de très, très haute volée mais qui sont avant tout des chansons à reprendre à gorge déployée. Quand on écoute des pépites aussi relevées et étincelantes que Monte christo, Evil Magician, Symphony of War ou encore Lion's Heart on ne peut être que conquis, séduit, transi par la maestria de Dushan Petrossi. Mais aucune fioriture superflue ou surcharge ornementale n’est à déplorer, tous les titres éclaboussent d’efficacité jusqu’à la grandiose ballade Sleeping Beauty qui ferait pleurer des geyser de larmes à des charcutiers de Bade Wurtemberg (ah ces chœurs d’Olivier Hartmann (ex At Vance) ces oh oh ohh oh oh oh oh oh sur Evil Magician).

L’ajout d’un chant criard qui se superpose au chant clair est une autre nouveauté plus ou moins réussie mais heureusement discrète de cet album. Soulignant quelques passages du refrain sur We Rise, ces voix extrêmes sont passables à l'exception du calamiteux et désagréable début d’Unholy Abyss, c' est la seule fausse note d’un titre absolument vertigineux passé les premiers moments forts décousus. Là est la limite de l’expérience death surajoutée à des textures mélodiques. C’est un léger regret personnel du premier disque que fait vite oublier la présence sur l’édition limitée d’un cd bonus IN-DIS-PENS-ABLE!!Votre modeste serviteur à virgule ne saurait en effet trop recommander suffisamment l’édition limitée double cd avec poster et autocollant en bonus. C’est vraiment rassurant de constater que de tels albums peuvent encore sortir aujourd’hui. Symphony Of War est une œuvre complète et sa seconde partie est une symphonie métallique subdivisée en cinq actes (The holy Pentalogy)qui se veut la suite de Metallic Tragedy, le titre final du précédent album. Ce morceau fleuve dont la structure fait penser au dernier EP de Rhapsody Of fire combine un dialogue théâtral entre le chevalier et le démon qui se déroule en une lutte eschatologique finale, (ça vous rappelle pas the Power of the dragonflamme, vous? :p) éternel recommencement de la lutte du bien contre le mal, du prolétariat conscientisé contre le patronat cupide et parasitaire ou de l’inspecteur gadget contre le docteur Mad!! Et pour le coup, la sensibilité extrême des chants deaths rugueux et black criard de Roma Siadletski prend, dans ce contexte, toute sa mesure. L’intensité des dialogues développe magnifiquement une théâtralisation où des protagonistes des abysses crépusculaires peuvent avoir les voix de marsouins déterrés après leur vivisection. Là, le chant extrême est crédible et s’intègre parfaitement à un ensemble introduit magnifiquement par une entame symphonique (Through The Sea of ice/Quest for the Holy Light) qui enterre largement à lui tout seul la dernière réalisation rhapsodienne Cold Embrace Of fear (ceux qui ont aimé l’expérience se régaleront d’une composition fleuve aboutie en cinq actes qui se veut entêtante au possible sur Before the Apocalypse. Ici on touche au sublime tant l’Histoire se déroule sans porter ombrage à des mélodies efficaces au possible (Nowhere to hide, nowhere to run, you have to fight in the tournament of hell)

Symphony of War est ainsi l’album que Malmsteen aurait dû sortir après Odyssey: Un mélange enivrant de grandeur et d’efficacité qui s’impose à tout amateur métallique éclairé. Déjà culte.

0 Comments 18 décembre 2010
Whysy

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