Symphorce, l’interview vérité ! Voilà comment un vilain webzine mal intentionné vendrait ce témoignage d’un Cede Dupont, guitariste, désabusé. Tout en vendant du mieux possible son nouvel album, les questions lui ont permis de revenir sur la politique de Metal Blade qui ne semble pas tout à fait satisfaire notre ami. Une interview à la fois drôle et profonde aux questions intelligentes et aux réponses développées. Je vous souhaite une très bonne lecture !


TeRyX: Ceci est notre seconde interview, je ne te demanderai pas de présenter le groupe. Toutefois il serait intéressant de connaître l’ambiance générale quelques jours avant la sortie du nouveau disque.

Cede Dupont: C’est plutôt excitant. C’est ce que toutes les mamans te diront avant qu’elles n’aient leur bébé et on se sent un peu comme elles, après tout « Become Death » est notre nouveau bébé. Nous sommes tous très satisfaits du résultat final, très fiers du travail accompli.

Il serait intéressant de présenter quelques chansons plutôt innovantes pour Symphorce comme le morceau d’ouverture « Darkness Fills The Sky » qui s’annonce être la chanson la plus agressive que vous ayez écrite !

Oui c’est vrai, c’est une chanson que Markus, l’autre guitariste, a écrite. Les principaux compositeurs, à savoir Markus, Denis - qui écrit les paroles - et moi-même avons tous des affinités musicales différentes. Markus est probablement celui qui écoute les trucs les plus durs, par exemple Slipknot. C’est une chanson très agressive mais ça reste du Symphorce dans la mélodie et le refrain.

Parlons maintenant de « Condemned » …

Cette chanson fut écrite par Markus et Denis. C’est ma chanson préférée sur ce nouveau disque car je trouve qu’elle a un très bon groove et c’est une chanson très moderne dans ses sonorités. D’ailleurs le refrain rappelle celui de « Everlasting Life » (une chanson présente sur le précédent album) … Cette chanson fait en quelque sorte le lien entre les deux albums et on a pensé que ça aurait un bon effet !

Comme tu l’as dit : Ces deux refrains possèdent des lignes vocales similaires ! Ces deux chansons sont – elles connectées ou… ?

Elles ne sont pas vraiment connectées. J’ai d’ailleurs été vraiment surpris quand j’ai la première fois entendu les lignes vocales que Andy a écrit pour cette chanson. C’est vraiment similaire à « Everlasting Live » mais en même temps assez différent bien qu’ils s’agissent plus ou moins des mêmes mots. C’est l’unique connexion entre les deux chansons.

La prochaine chanson est « Inside The Cast » … dirais – tu qu’il s’agit de la petite sœur à « Nowhere » ?

Oui ! Pourquoi pas ! « Inside The Cast » est une chanson que j’ai écrite… d’ailleurs c’est même la première que j’ai écrite pour ce nouvel album. Dans ma manière de composer une chanson j’ai toujours considéré la mélodie comme le point central pour que les filles puissent danser aussi (rire) lorsque nous la jouerons en live ! C’est certainement l’une des chansons les plus simples de « Become Death » mais je pense que c’est très bien car ça change des chansons aux multitudes gros riffs. « Inside The Cast » est le parfait exemple qui prouve que l’on s’attache aux songwriting de par son refrain et son petit solo de guitare.

Je me demande pourquoi vous avez choisi « In The Hopes Of a Dreams » pour la promotion de l’album à la place de « Inside The Cast » ?

Je ne sais pas ! Pour le précédent album c’était « Nowhere » , une chanson que j’ai écrite tandis que cette fois-ci c’est « In The Hopes Of a Dreams » que Denis a écrit. Je suis persuadé que c’est l’une des meilleures chansons de l’album car elle possède un refrain très « catchy » , elle possède également une excellente atmosphère. J’ai adoré l’enregistrer en studio et c’est une chanson que l’on jouera en concert. Les parties jouées au piano me rappellent un peu un film et je trouve tout cela très bon.

Nous allons finir par la chanson « Lies » qui montre d’étranges mélodies et des aspects presque progressifs !

C’est une chanson vraiment inhabituelle pour nous. Elle a été écrite par Denis et Markus l’a un peu réarrangé et il y a apporté de nouvelles influences. Quand nous en avions enregistré la démo, j’avais quelques doutes à propos de ce morceau car je ne savais pas si ça allait s’accorder avec l’album. Mais finalement je pense que c’est une dernière chanson parfaite. Elle aurait surpris en ouverture, ou dans les 5 premières mais elle donne une fin d’album spéciale. Cela montre en quelque sorte que Symphorce n’est jamais effrayé de repousser ses limites. De plus elle possède un bon refrain et l’atmosphère est bien travaillée.

Y a – t – il d’autres chansons qu’il te plairait de présenter ?

Il y a une autre chanson que j’apprécie énormément c’est « Towards The Light ». C’est une chanson que j’ai écrite et j’y ai ajouté des éléments modernes et je trouve qu’elle possède un feeling à la Rammstein. Elle est très groovy et j’espère vraiment la jouer en live.

De plus le refrain possède un petit air à la Sonata Arctica…

Nous avons fait une tournée avec Sonata Arctica… peut- être ai-je été inspiré à ce moment-là, je ne sais pas ! Tu sais, de toute manière on ne va pas inventer des choses complètement nouvelles, à vrai dire tout a déjà été entendu avant. Nous avons juste quelques notes sur nos guitares et nos pianos et on trouvera toujours des gens pour nous dire que cela a déjà été entendu avant.

Jusque où pourriez – vous aller dans l’expérimentation ?

Je ne sais pas ! Il y a toujours la marque de fabrique estampillée Symphorce à respecter mais nous cherchons également à atteindre d’autres niveaux, de nouvelles limites. Tant que nous nous faisons confiance nous n’aurons jamais peur d’essayer quelque chose de nouveau. Nous essayons de ne pas trop nous répéter d’albums en albums. Nous essayons d’avancer petit pas par petit pas. A ce niveau je pense que Symphorce a toujours été un exemple. Bien sûr nous sommes un groupe de heavy métal mais nous n’avons pas peur d’utiliser de nouvelles sonorités… nous utilisons des « loops » , des sons électroniques. Je ne pense pas que l’on ira jusque proposer du hip – hop (rire) mais nous n’avons pas peur de faire progresser notre composition.

A ce stade de votre carrière, jugez-vous important d’éteindre vos influences à des riffs plus agressifs et thrashy ?

Je ne dirais pas qu’il me faille écouter énormément de thrash métal pour pouvoir en composer des riffs mais je pense qu’il est très important pour un compositeur de sortir des sphères heavy métal. J’écoute beaucoup de pop, de blues, de rock des 70’s et d’autres choses dans ce goût. C’est d’une grande inspiration dans ma manière de jouer que de pouvoir passer d’un style à l’autre. Car si je ne m’entraîne qu’avec des chansons de Helloween ou Iron Maiden tu atteinds vite tes limites. Dès que je peux, je mets un CD chez moi et je joue en même temps. Ces dernières semaines j’ai joué beaucoup de Pink Floyd. Cela m’aide à améliorer mon feeling en tant que guitariste.

Je me demande comment un label de l’ampleur de Metal Blade réagit lorsqu’un groupe comme vous fait évoluer sa musique ?

A vrai dire Metal Blade n’a jamais vraiment fait attention à ce que nous faisons (rire). Nous ne sommes pas encore au niveau où un label payera 10 millions de dollars et aurait le droit de nous dire dans quelle direction orienter notre musique. Nous sommes toujours plus ou moins libres de faire ce nous voulons et c’est très important. Personne ne nous dit à quoi, à qui ressembler. Et même si Metal Blade nous demandait de sonner un peu plus comme In Flames, cela ne fonctionnerait pas de toute manière. Il faut vraiment être libre dans son esprit pour écrire une chanson. Du moment que le label nous soutient, cela nous suffit. Je sais que Metal Blade n’est pas vraiment dans la musique que nous jouons, néanmoins ils font leur travail de manière très sérieuse.

Qu’est-ce que possède « Become Death » que vos autres albums n’ont pas ?

Je pense que nous avons grandi en temps que compositeurs, en temps que musiciens également. Cela se ressent dans l’album, il sonne plus frais. C’est un album spontané qui possède une grande variété : nous avons 10 chansons aux caractères très différents. Je pense qu’il y en a pour tous les goûts. Il y a des riffs très thrash comme tu as dit, il y a des chansons calmes, beaucoup d’atmosphères, du feeling. De plus nous avons un nouveau batteur sur « Become Death » !

D’après toi, quel est le plus important album de Symphorce ?

C’est une question difficile parce que chaque album que nous ayons enregistré est important car ils apportent tous quelque chose de différent pour nous. Je pense que la surprise… ou plutôt la magie de « Become Death » est que l’on ne s’est pas soucié de savoir si l’on sortirait un album important. Nous n’avons pas été énormément soutenus par le label, en 2006 nous n’avons joué aucun live, de ce fait nous avons pu nous concentrer sur la composition et sur l’enregistrement. C’était assez ennuyeux car je suis une personne qui aimerait jouer en live le plus possible et de ce point de vue l’année passée fût plutôt frustrante. Les attentes nous concernant étaient plutôt faibles. De toute manière nous n’avions plus qu’un album à faire avec Metal Blade donc nous avons composé nos chansons et nous avons laissé couler pour voir comment tout allait se passer. Plus nous travaillions nos chansons, plus elles devenaient intéressantes et l’album prenait de l’importance. Mais je pense que… l’importance de « Become Death » était de ne pas sembler trop important (rire).

Lors de notre dernière interview, tu m’avais dit que ton album de Symphorce préféré était « Godspeed » , est – ce toujours le cas ?

Honnêtement, on dit à chaque fois que le nouvel album est notre préféré car nous nous sommes un petit peu lassé des autres. Mais je pense toujours que « Godspeed » est le meilleur album de Symphorce même si actuellement ma préférence irait à « Become Death ». Ces deux albums sont vraiment proches l’un de l’autre dans cette bataille du meilleur album car le son des deux disques est excellent ainsi que les chansons. Bon, en fait je préfère « Become Death » car selon moi avec « Godspeed » nous sommes allés trop loin pour essayer de nouvelles choses et je n’aime pas toutes les chansons de l’album précédent, contrairement au nouveau disque.

Comme tu l’as dis précédemment, votre dernière tournée en France fût avec Sonata Arctica et Machine Men. Ces derniers sont assez nouveaux dans la scène heavy… Que penses - tu de leur performance live ?

D’après moi c’est un groupe très jeune, frais et vraiment cool. C’était leur première tournée et je dois avouer que comme tous les groupes finlandais ils étaient vraiment bien préparés. Ce sont des bons musiciens, le guitariste est excellent ! Je pense toutefois qu’ils devraient essayer de faire évoluer leur son, sonner un peu moins Iron Maiden. S’ils y parviennent ils seront meilleurs bien qu’ils soient déjà talentueux.

Symphorce est plus vieux et a sorti plus de disques que Sonata Arctica et pourtant vous ouvriez pour eux. D’après toi pourquoi sont – ils plus connus que vous ?

Tu sais la musique est un univers très difficile, frustrant et imprévisible. C’est difficile de répondre mais Sonata Arctica pratique une musique plus facile à comprendre. Les structures de Symphorce sont plus compliquées, je pense que c’est l’un des problèmes. Le second problème serait notre relative agressivité. Pour certains nous sommes trop heavy, et pour ceux qui apprécient la musique plus violente – comme in Flames, Soilwork, Children Of Bodom - nous sommes trop soft. Nous avons en quelque sorte le cul entre deux chaises. Quoiqu’il en soit nous faisons les choses pour nous-mêmes, si les gens aiment c’est tant mieux. Peut-être que le « BIG BOOM BANG » viendra un jour (rire) mais cette tournée avec Sonata Arctica a été vraiment sympathique et les gens ont semblé beaucoup apprécier. Ce fût une très bonne expérience.

Une chance de vous revoir en France ?

J’ai beaucoup aimé jouer dans votre pays. De plus je suis à moitié français et ce serait une belle expérience que de revenir. Peut – être que cette fois-ci Sonata Arctica fera notre première partie (rire). Mais il faut être réaliste, ce ne sera pas le cas !

Je sais que vos performances live sont excellentes, de plus « Become Death » est votre 6e album, il serait peut-être temps de penser à un DVD live ?

Malheureusement tant que nous ferons des premières parties je ne pense pas que la production d’un DVD ait beaucoup de sens. Si nous étions amenés à produire un DVD ce serait pour un grand show avec beaucoup d’effet. Ce serait également très cher. Actuellement penser à quelque chose de cette envergure relève de l’utopie. Toutefois « Become Death » sort en édition limitée avec un DVD bonus sur lequel il y a un live en première partie de Sonata Arctica enregistré en Hollande. C’est plus comme un bootleg.

Quelle est la politique de Metal Blade concernant les DVD Live ?

Je n’en ai aucune idée, d’ailleurs il m’arrive de me demander s’ils ont une politique tout court (rire). Mais je suis reconnaissant d’être signé chez un label et de pouvoir distribuer nos chansons. Tu sais on a toujours beaucoup d’espérances concernant son label et dans 99% des cas il ne remplit pas ces espérances. Tout ce qui compte ce sont les gros vendeurs et Symphorce ne vend pas un million de disques. Il est clair que Metal Blade ne fera pas énormément de choses pour nous. Mais il faut tout de même être reconnaissant du fait qu’ils nous arrangent des interviews, de leur management et de sortir notre album mais tout le reste comme des DVD ou des albums live… je ne sais vraiment pas (d’une voix assez dépitée).

Comment faites – vous pour partager votre temps entre Symphorce, vos Side Bands, votre vie familiale et professionnelle ? Etes-vous des supermans ?

En effet Markus (Mystic Prophecy) et Andy (Brainstorm) sont actifs dans d’autres groupes, j’ai moi-même également joué chez Freedom Call. Symphorce n’est pas un groupe qui requiert ton attention toute l’année. Il y a des semaines où nous sommes très occupés par les répétitions, la composition et tout ça. Autrement nous avons le temps pour d’autres groupes, ce n’est pas un gros problème. Le pire c’est lors des périodes de festivals : les groupes ne jouent pas forcement aux mêmes endroits, il faut trouver des subterfuges…

Très bien c’était ma dernière question ! Je te laisse les mots de la fin !

Héhé (en chantant) « No More Final Words To Say » (rire) comme dit dans la chanson. J’espère vraiment pouvoir revenir en France. Nous avons vraiment passé du bon temps en 2005.