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A l'heure où vous lisez cette chronique, le groupe dont je vous parle aujourd'hui n'existe déjà plus. Luna Mortis s'est séparé l'année dernière, c'est donc un «hommage» posthume qui leur est rendu, pour redonner quelques lettres de noblesse à un groupe encore méconnu et qui pourtant aurait bien pu faire parler de lui, être une référence dans l'avenir. Malheureusement, une suite de malchances ont découragés les américains qui ont décidés de ne plus continuer.

Une petite leçon d'histoire, pour commencer, celle-ci semble nécessaire avant de passer à la suite : le groupe a vécu 9 ans, mais n'a pas toujours eu le même nom. Le patronyme sous lesquels vous connaissez la formation n'est là que depuis 2008, à la suite d'une signature chez Century Media, qui s'est terminée sur un échec et un abandon qui va enfoncer un grand coup de couteau dans la plaie du groupe. Avant, ils se nommaient The Ottoman Empire, et, pour ceux qui ne le savent pas, c'était le nom précédemment donné à la Turquie actuelle. «Way of the Blade» est le premier opus, et lui succédera avec le nouveau nom «The Absence».

C'est sur ce disque précisément que nous allons nous pencher. Il sort en 2009, donc, pas si longtemps que cela, et la signature est chez Century Media, un gros label donc. Et le combo officie dans la veine du death metal mélodique. D'ailleurs, ce n'est plus tellement une surprise de nos jours, le micro est confié à une jeune femme, la charmante Mary Zimmer qui ferait tourner la tête de tous les hommes par ses avantages physiques.

Mais ses qualités ne se situent pas qu'à ce niveau. En effet, la chanteuse s'en sort vraiment bien, et c'est haut la main qu'elle remporte le titre d'excellente frontwoman, capable par ses growls brutaux et violents de foutre une bonne raclée aux machos qui sous-estiment les capacités féminines. Mais si elle ne faisait que growler, la lassitude s'installerait. Fort heureusement, Mary sait varier son registre et propose une belle palette vocale, et, à l'instar d'une Alissa White-Gluz, la ravissante créature sait user d'un chant clair juste et maîtrisé, mais beaucoup plus grave et bluesy qu'une bonne partie des demoiselles officiant dans le style, ces dernières proposant des prestations plus pop, chose que l'on ne retrouve pas ici, évitant donc un certain nombre de clichés. Elle sait donner beaucoup de vie et d'émotion dans son interprétation, donner un peu de rage sans user forcément de son chant death, et même dans le registre le plus simple, elle possède une belle puissance, et pas une once de fragilité apparente pour jouer à la pauvre petite chose innocente. Mary se fait plus démon qu'ange, et elle l'affirme parfaitement.

La musique envoyée dans les tympans est souvent un gros déluge de puissance, et les introductions des titres ne trompent pas sur la marchandise. La musique de Luna Mortis sera directe, qu'on se le dise, et à part le début de «This Departure» ou d'«Embrace the End», pas question de jouer dans la finesse, du moins à première vue. Car la musique délivrée est plus complexe que ce qu'il n'y paraît aux premiers abords, proposant une forte touche de prog dans les compositions. En fait, il ne serait pas incorrect de qualifier le groupe de «death progressif» car les instruments sont variés, les rythmes changent aisément, et s'imbriquant tous les uns dans les autres, ils restent cohérents et évitent la surenchère et les travers. Les morceaux s'en trouvent ainsi redorés, et on se penchera avec plaisir sur «Ash», puissante, qui débute l'opus, «Reformation» où la technique vocale de la meneuse de bal est mise en avant, avec des passages clairement ancrés prog (mais pas de la virtuosité à la Dream Theater, ici, c'est plus dans le corps même du titre), sans parler des solos bien exécutés, et là encore c'est «Reformation» qui se fait remarquer.

Franchement, il n'y a pas de mauvais morceau, et tous sont appréciables. Peut-être «Forevermore» tombe un peu trop dans la facilité, et «Embrance the End» ne sera pas encensées de toutes et tous, plus longue et plus atypique, mais il ne faut pas nier un talent certain. Pour autant, le groupe n'est pas spécialement original et nous pond du classique, mais du classique progressif qui marche très bien. Quelques bombes sont à noter, surtout «The Absence», puissante à souhait et qui fait mouche tout de suite. La semi-ballade «This Departure» est sombre, comme la voix de la mistress, et, soutenu par une production au top, voilà que le résultat est plaisant. «Reformation» est agréable, «Ash» aussi, «Last Defiance» a un refrain super. Le reste est tout à fait convaincant.

Un groupe qui n'aura pas la carrière qu'il aurait dû avoir en considérant son talent, c'est bien dommage, d'autant plus que «The Absence» est très bon. En gros, et sans mauvais jeu de mot, Luna Mortis laisse un sentiment... d'absence, d'inachevé, même, on aurait aimé que le groupe vive plus longtemps. Ils nous laissent donc une belle pièce dans la discographie trop peu remplie, mais qui atteste qu'un groupe de potentiel fut présent. Maintenant, il ne reste plus qu'à suivre les membres dans leurs autres projets, si projets il y a.

0 Comments 15 mai 2011
Whysy

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