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Vous avez sûrement déjà entendu des « Boat Peoples » vietnamiens, mais connaissez vous les « Boat Peoples » finlandais? Non, bien sur, et pourtant leur histoire est tout aussi captivante. Rejetés par des labels métal hargneux et hostiles, ces jeunes groupes de speed s’embarquèrent en masse sur des coquilles de noix et quittèrent les verts rivages de Laponie pour tenter leur chance aux antipodes, loin des mauvais souvenirs de leur terre natale. Pour les six musiciens de Requiem qui rêvaient d’Amérique, l’aventure s’est arrêtée bien vite : au large des côtes du Portugal ils furent surpris par une tempête et jetés à la côte ! Mais la providence fit bien les choses, et par miracle, le directeur de Sound Riot Records (Label Metal Portugais) découvrit les corps transits de ces naufragés sur la plage, et leur proposa nourriture, logis, et bien sur contrat musical.

Il est clair que le pedigree de Requiem à la veille de sortir un premier album n’a rien d'impressionnant. Un groupe de speed finlandais exilé aussi loin de son pays natal, sur un label minuscule dans un pays assez peu réputé métalliquement, voila qui ne laisse pas présager grand-chose pour le futur. Et pourtant nos six Finlandais ne déméritent pas, et le fait de n’avoir pas pu décrocher de contrat musical ne découle pas nécessairement de critères artistiques (mais peut être tout simplement d’une certaine surcharge des labels), ce contrat chez Sound Riot pourrait alors plus constituer un tremplin qu’une voie de garage. Reste à savoir si ce jeune groupe « Made In Finnvox » saura exploiter correctement cette possibilité.

Dans le paysage des formations speeds nordiques aseptisées de la grande période post Sonata Arctica, Requiem fait un peu figure de vilain petit canard. D’abord influencé par le Death mélodique, avant de se tourner vers le néo-classique et enfin le Speed, ce jeune combo semble trop différent pour rentrer dans les classifications officielles, et ce premier disque «The Arrival» montre bien cette tendance habituelle du groupe à brouiller les pistes. Particulièrement en mettant un point d’honneur a combattre la linéarité. Pas de structures basiques mais une constante évolution que ce soit au niveau des rythmes, des riffs ou même des lignes de chant (en atteste les nombreux titres progressifs de cet album «Whispers», «Liquid Hours», «Masquerade»). Et surtout en multipliant les pauses et breaks atmosphériques, ménageant ainsi à l’auditeur un grand nombre de surprises tout au long du voyage.

L’autre particularité de Requiem, est de privilégier les individualités de ses musiciens (aux antipodes de la tendance actuelle du genre, qui vise plutôt à les supprimer), chacun d’entre eux propose une prestation efficace et inventive, avec un bassiste qui nous offre un tapping jouissif sur «Halls Of Eternity», un claviériste omniprésent qui va chercher de très belles mélodies (notamment «Broken Alliance», «Masquerade» et «Liquid Hours»). Et surtout un chanteur totalement unique dans son genre, pour le meilleur et pour le pire, car si son chant se montre parfois incroyablement puissant et détonnant (sur «Revival» et «Liquid Hours» entre autres), il traîne souvent sur la longueur et devient vite lassant («The Forgotten Path» pour ne citer qu’elle). Malgré un talent certain Jouni Nikula devra apprendre à mieux exploiter ses points forts dans le futur.

Pour un premier album «The Arrival» présente de très nombreuses facettes, des titres puissants et rapides qui rappellent l’origine nordique du groupe, avec un claviériste extrêmement présent, et toujours a propos. «Broken Alliance», «Whispers» et «Halls Of Eternity» fonctionnent bien en alliant complexité et efficacité, mais souffrant malheureusement de pas mal de lourdeurs. «Revival» et «Liquid Hours» sont selon moi les deux titres speeds les plus enjoués de la rondelle, avec un chanteur hors du commun, passant sans difficulté de vocaux hurlés à un timbre mélodique, il montre l’intégralité de son talent sur deux titres énormes, les meilleurs à n’en pas douter. Pour le reste Requiem gagne à varier son jeu, mais doit encore trouver le bon équilibre, entre «Masquerade» splendide finish progressif et «Forgotten Path», titre indigeste et pompeux, ou encore «Whispers» et «Invisible Touch», usantes de part un certain manque d’inspiration.

Vous l’aurez compris Requiem à encore beaucoup à apprendre. Mais s’il est loin d’être parfait ce «The Arrival» présente de très nombreux aspects positifs. En plus de se démarquer nettement des sentiers battus du genre, cet album a permis au groupe de trouver un public, et donc de signer sur un label plus prestigieux : Scarlet Records. Gageons que ce succès poussera Requiem à corriger ses quelques défauts récurrents pour proposer un disque au niveau de son talent.

SMAUG...

0 Comments 02 avril 2006
Whysy

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