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Un nouveau matin se lève sur le front. Planqués dans leurs tranchées, couverts de boue, les soldats s’éveillent, tous leurs sens en action. Solidaires, endurcis par l’expérience de tous ces durs combats menés côte à côte, ils échangent un regard complice. Et, sans un mot, ils tournent leur regard vers ce nouvel horizon à conquérir… Ces lignes ennemies à dépasser, cette troisième offensive, qui sera encore plus dangereuse, périlleuse que les précédentes ! Alors, ils se remémorent le temps des hymnes de leur première victoire, les gloires de leur seconde conquête, où ils s’étaient attelés à détruire toute tyrannie ! Leur puissant engin de guerre, le Metalizer avait par la suite refait surface… Mais ce que tout le peuple du Metal attendait à présent, c’était de découvrir les stratégies mises en œuvre pour ce nouvel assaut… Alors, le sergent Broden, menant toujours la troupe de sa superbe voix virile, lança l’ordre que tous attendaient, avec une certaine impatience d’ailleurs : il était temps de monter au front, et de prouver que Sabaton n’avait rien perdu de sa rage, de sa force, de sa beauté, de sa puissance épique !!


C’est un fait avéré, le cap du troisième album (Metalizer étant plus à considérer comme une ré-édition des anciennes démos, même s’il se montre presque aussi indispensable que ses deux prédécesseurs) est toujours très délicat à franchir. Surtout pour un groupe comme Sabaton qui, s’il maîtrise parfaitement la création de morceaux épiques aux refrains fédérateurs, doit pouvoir prouver à ses fans que les années n’ont point altéré sa créativité et sa capacité à se renouveler. En tant que grand fan du groupe, c’est donc avec une certaine anxiété que je lance pour la première fois l’écoute de « The Art Of War ». Plus de titres en latin, plus d’hommage aux dieux du Metal comme sur les albums précédents, une pochette inattendue, une structure d’album bien différente…Vais-je retrouver dans ce nouvel opus les éléments qui m’ont tant charmé autrefois ?

Et bien, autant briser le suspense tout net, oui et mille fois oui, cet album est indéniablement une réussite absolue, un véritable coup de maître, une victoire sur tous les points. Disposant d’une production plus forte et subtile que jamais (superbe travail du grand Peter Tatgren, qui d’habitude s’occupe plutôt de groupes extrêmes), d’arrangements extrêmement soignés, de compositions s’offrant le luxe de surprendre sans jamais jurer avec la très forte identité du groupe… Voilà qui impose le respect.

Obéissant à un concept, « The Art of War », du nom d’un célèbre livre écrit par Sun Tzu, général chinois du VIème siècle avant J-C, (le premier livre de guerre du monde !), est ponctué (dès son introduction et sur plusieurs titres par la suite) d’interventions de narrations, délivrées par une voix féminine, calme et posée, qui lit des passages du fameux livre, des pensées sur la guerre, ou conseils stratégiques. Et si à la première écoute, la surprise est de taille, force est de constater que ces interventions renforcent la cohésion du disque, et à l’évidence, ne nuisent en rien à la puissance des compositions comme on aurait pu le craindre. Seulement, elles donnent à l’opus une ambiance différente.

Les choses sérieuses commencent d’entrée de jeu avec « Ghost Division » : une partie de batterie rapide enchaîne sur une rythmique extrêmement efficace, rehaussée de claviers. Impérial comme à son habitude, Joakim Broden fait son entrée, et nous éblouit de sa voix toujours si puissante. Avec un refrain qui donne envie d’hurler en chœur (« They are the Panzer Elite ! Born to compeat ! Never retreat !! »), un solo de clavier et des chœurs mixtes superbement amenés, voici un titre d’ouverture aussi puissant qu’excellent. Un peu répétitif certes, mais toujours rafraîchissant, et qui devrait faire un malheur en concert.

Et la suite de l’album tient parfaitement ses promesses : aucun titre réellement faible, pour un album qui oscille entre expérimentations parfaitement menées et titres classiques à l’efficacité irréprochable. Tous les refrains s’inscrivent dans votre crâne dès les premières écoutes, mais la variété de l’album fait qu’il est très difficile de s’en lasser, et que beaucoup de subtilités se révèlent avec le temps…

Si des titres comme « Talvisota » ou « 40-1 » (qui présente cependant un break sublime avec la montée des chœurs) s’inscrivent dans la plus pure tradition Sabatonienne (ils n’auraient pas fait tâche sur « Attero Dominatus »), d’autres nous éblouissent par leur différence. On se régale par exemple d’un titre éponyme à l’ambiance légèrement plus sombre, d’un « Panzerkampf » purement jouissif (à l’évidence l’un des meilleurs titres de l’album) aux chœurs ultra virils et énormes, avec un charme slave très savoureux, ou encore de « The price of a mile », morceau épique ponctué d’une nostalgie que je trouve personnellement assez poignante, avec de superbes paroles, et un refrain d’une rare beauté. Les arrangements au clavier sur le final de ce titre me filent même le frisson !

Pour le reste « Unbreakable » romp avec succès avec la traditionnelle structure couplet-refrain-break-solo de Sabaton et se divise en deux temps, avec des leads très prenants. Les rythmiques sur ce titre, comme tout au long de l’album, sont d’ailleurs relativement variées et selon moi, irréprochables, aussi bien au niveau technique qu’en terme de feeling. On se réjouit du charme folk (très bonne intégration du violon, qui me rappelle franchement le « One more » de Turisas) sur « Union », et du côté plus direct et bourrin de « Firestorm ». Seul léger bémol, le single « Cliffs of Gallipoli », titre où le groupe ratisse plus large avec un côté plus rock, mais se rate à moitié avec ce piano omniprésent... Le pont reste néanmoins de bonne qualité, mais le refrain déçoit franchement, en empruntant une ligne vocale de « Rise of Evil » (sur « Attero Dominatus »). Auto plagiat volontaire ? Choix regrettable en tout cas.


J’entends une question au fond ? Ha, « The Art of War », des défauts ? Heuuu… Rien de majeur rassurez-vous. Trop de claviers sur les premiers titres (mais ce côté kitsch a quelque chose d’attachant), un single en demi-teinte, quelques morceaux peu innovants (mais toujours bien foutus) une conclusion un peu inutile (à moins qu’elle n’annonce déjà à sa manière l’album suivant ?), bref, rien de bien gênant… Le fait est que Sabaton mûrit un grand coup, et affirme plus fort que jamais sa personnalité. Ce groupe reste pour moi le meilleur ambassadeur du Heavy suédois, et de très loin ! Et « The Art of War » ne peut décemment décevoir un fan. A l’évidence, l’un des albums de l’année pour moi, qui devrait sans aucun doute faire un carton en live. Hails Sabaton !!



Gounouman

0 Comments 17 mai 2008
Whysy

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