Nombreux sont-ils, ces jeunes guerriers pleins d’ardeur. Après avoir longuement arpenté, exploré les sentiers tracés par leurs aînés, ils s’estiment fin prêts à lancer leurs propres hordes sur les chants de bataille. Ils arrivent en masse, depuis tous les horizons, avec leurs particularités et leurs mimétismes, leur fraîcheur enthousiasmante et leurs erreurs de jeunesse. Et moi, vieux sage ayant depuis longtemps déserté ces combats, je les regarde du haut de mon refuge… Et il arrive que parfois, ces valeureux novices s’en viennent me trouver et  me demander de mettre ma science, mon savoir, et la pureté de mon jugement à leur service…Et, bien souvent, je m’exécute : il faut encourager les jeunes talents ! Et puis, comme vous tous, je ne suis jamais à l’abri de la révélation, de la découverte qui fera vibrer mon cœur pourtant endurci par les découvertes de toutes les œuvres des pionniers…


Fimbulthier est le patronyme bien choisi de l’une de ces hordes, cherchant à accomplir au mieux ses premières armes et à ainsi obtenir la reconnaissance de ses pairs. Tous droits venus d’Allemagne, les 4 jeunes guerriers ont choisi pour ce premier effort de mettre leur talent au service de ce noble art qu’est le viking Metal.

Nous voici donc avec un album qui pourra enthousiasmer au plus haut point ceux qui attendent du viking Metal qu’il soit, à l’instar de celui pratiqué par Ensiferum ou Falchion, efficace, dynamique et bien exécuté. Car là-dessus, rien à dire. On sent très bien que les influences directes du combo prennent racine dans le death Metal, et l’ombre même d’Amon Amarth se fait parfois sentir. Rythmiques grasses, riffs de qualité et bien sentis, batterie carrée et efficace… Comme vous le voyez, tous les ingrédients sont là ! L’indispensable saveur païenne n’est bien sûr pas oubliée, et on la ressent notamment dans le chant clair (« Epilog ») et les chœurs, les transitions acoustiques, et surtout, dans les très jolis thèmes instrumentaux qui ouvrent et concluent l’album, folkisants et très prenants.

Tout cela est plutôt positif…Alors pourquoi ne suis-je pas plus enthousiaste ? Et bien pour plusieurs raisons. Même si la production est bonne (on pourrait même dire excellente pour un premier album), elle manque de relief et de profondeur. Ainsi, même si l’on découvre au fil des écoutes que cela n’est pas le cas, au départ, tous les titres semblent être identiques. Autre défaut, plus grave celui-là : le chant, relativement exaspérant. Fimbulthier nous sert une voix death basique, très inspirée des groupes suédois, encore un peu immature (quoiqu’ impressionnante par instants : cf le cri final de « Ragnarok »), et surtout revêtant des intonations « core » par instant, (et chacun sait qu’il n’y a rien de plus laid que le « core » dans le joli petit monde du Metal). Bref, cela est relativement regrettable…D’autant plus qu’il manque encore un ingrédient majeur à cette jolie mixture : la conviction.  

Comment se prévaloir de la famille du Viking Metal si l’on ne vit pas ses propos ? En plus de proposer des paroles peu originales, le groupe ne semble pas croire en ce qu’il dit… La sincérité est pourtant l’une des valeurs clés de l’esprit païen ! Mais ici, les parties en chant clair, pourtant mélodiques et inspirées, paraissent très plates. Où est l’exaltation dans les chœurs ? Où sont les images de tumultueux combats épiques ou de voyages enchanteurs ? Le groupe se contente d’être incisif et mélodique, mais oublie de nous faire rêver…


Au final, un bilan en demi-teinte. Excellents riffs, excellents soli (vraiment énormes, irréprochables : cf « With fire and claws »), mais une voix peu engageante, un manque flagrant d’originalité, et trop peu de magie pour se prévaloir à mes yeux du label viking Metal…Même si nous avons là un groupe talentueux, quelque chose manque encore pour qu’ils s’élèvent au-dessus de la masse. Mais de nombreux fans de death mélodique devraient largement y trouver leur compte ! Semi déception, donc… Mais un premier essai encourageant, de qualité, pour un groupe au potentiel et au talent incontestable…Affaire à suivre.


Gounouman