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Mine de rien, Epica se taille un gros succès, et ce depuis seulement trois albums. C'est donc naturellement que l'on accueille ici leur premier album "live", enregistré le 14 juin 2008 au "Bartok + Miskolc International Opera Festival" de Hongrie, festival de musique classique innovant en proposant des groupes orientés metal symphonique, comme Thérion l'an passé, qui en avait aussi tiré un album live. Les règles du jeu étaient simples : obligation de proposer une partie composée d'airs classiques joués par l'orchestre et le groupe, puis une sélection de morceaux propres au groupes, et, si possible, limiter les interventions hurlées.
C'est ainsi que sur ce double live durant tout même 2h20 nous retrouvons en gros 50 minutes d'airs "classiques" pour 1h30 de show plus conventionnel se retrouvant boosté par l'orchestre.
Précisons aussi que c'est la dernière fois que l'on pourra entendre Ad Sluijter (guitare) sur un enregistrement live du groupe, ce dernier ayant mis les voiles durant la tournée.

Et si notre dévolu se jette d'abord sur le "Epica Set", c'est bien la partie "classique" qui retiendra le plus notre attention à long terme, le set d'Epica étant certes très bien exécuté, mais sans grosse surprise pour les connaisseurs du groupe. La partie classique brasse ici très large. Au programme : du Verdi, Vivaldi, des compositeurs moins connus du grand public, tels Händel ou Dvorak, "The Score", le projet BO d'Epica (Unholy Trinity), et des extraits de musiques de films, les membres d'Epica étant portés sur les bandes originales. On aura le droit ici à Spiderman, Star Wars (quelle marche impériale !) et un formidable medley Pirates Des Caraïbes qui durant 6 minutes nous emmène sur le Black Pearl, prêts à occire le capitaine Barbosa et ses sbires !

Et il faut entendre la puissance dégagée de l'union orchestre+guitare+basse+batterie qui donne un côté massif et percutant à tous ces morceaux pour se rendre compte du rendu que cela devait avoir sur place. Le plus impressionnant reste sans doute Montagues & Capulets et sa basse imposante qui nous scotche sur place. On notera aussi le majestueux Adagio long de 9 minutes avec ses thèmes virevoltants, un In The Hall Of The Moutain King complètement fou sur la fin, ou encore le Presto de Vivaldi qu'il est intéressant d'entendre dans cette configuration quand on connaît la version de Patrick Rondat privilégiant beaucoup plus la guitare.
Pour conclure, on peut dire qu'Epica ne fait pas que remplir un contrat, mais s'est vraiment impliqué pour proposer un set classique rendant honneur à ses compositeurs mais possédant sans nulle doute leur patte. De la superbe intro Palladium à la conclusion en fanfare Pirates Of The Caribbean, ce début de concert est une réussite.

Pour ce qui est du "Epica Set", comme précisé plus haut, il ne faut pas s'attendre à une révolution apportée par l'orchestre, mais plutôt un rendu sonore plus humain et plus chaleureux que celui des concerts "normaux" du groupe. Car il ne faut pas se leurrer, un groupe symphonique faisant un concert avec orchestre ne réarrange pas énormément ses compos, car elles sont déjà pensées "symphoniques". C'est le cas de Within Temptation sur le dernier live, fort sympathique au demeurant, même pour le non-fan que je suis. N'espérez pas une métamorphose à la Metallica sur le bijou S&M, ici on est en terrain connu, les chansons sont interprétées comme en studio, de façon très rigoureuses, mais passez votre tour si vous cherchez des petites surprises.

Ceci dit, l'ensemble est non-dénué d'intérêt, car après tout, rares sont les groupes réarrangeant leur répertoire en live; la remarque précédente était juste liée à la présence de l'orchestre. Et force est de constater que, si il ne change pas les morceaux, il leur apporte indéniablement une puissance insoupçonnée pour certains (Blank Infinity, Consign To Oblivion qui devient proprement monstrueux ici), et le groupe survole assez équitablement sa discographie pour que l'on ne s'ennuie pas. En effet, The Phantom Agony est représenté par les habituels Sensorium, Cry For The Moon, mais aussi Feint, Illusive Consensus et The Phantom Agony, très efficace, Consign To Oblivion se voit jouer, non seulement le terrible titre éponyme en clôture, mais aussi le guerrier The Last Crusade, Blank Infinity et le sautillant Quietus. Le dernier album (The Divine Conspiracy) est logiquement bien représenté, même si on aurait apprécié la présence de The Obsessive Devotion ou Menace Of Vanity, passés à la trappe pour "growls incessants", alors que l'on en trouve aussi dans Chasing The Dragon par exemple. Mais bon, cela permet à un titre comme The Last Crusade d'ouvrir les hostilités, et ça fait du bien par où ça passe !

De plus, et tous ceux ayant déjà assisté à un concert d'Epica confirmeront, le groupe est très en place, jouant avec une rigueur millimétrique, et Simone est bien en voix tout le long de l'heure et demie que propose cette partie Epica, si on ne compte pas les interventions de la partie classique (notamment sur Ombra Mai Fu où elle démontre l'étendue de son talent).

En résumé, Epica n'a pas fait les choses à moitié avec un premier live bien complet, qui gagne une grosse valeur ajoutée avec l'orchestre et la partie "classique". De quoi bien patienter avant "Design Your universe", l'album à venir qui s'annonce encore une fois grandiose !

0 Comments 20 septembre 2009
Whysy

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