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Sarah Jezebel Deva n'est ni une débutante, ni une inconnue, et sa carrure est déjà suffisamment imposante pour que la belle puisse sortir un album solo. Souvenez vous d'elle, la jeune femme a déjà fait ses preuves chez Therion, Mortiis et surtout, chez Cradle of Filth, là où elle obtint reconnaissance, renommée, où son nom ne fut plus celui d'une inconnue, mais bien celui d'une chanteuse de metal à part entière, sous les feux de la rampe car donnant la réplique à Dani Filth, l'idole d'une génération, bref une place rêvées qu'elle a prise au nez et à la barbe d'un tas d'autres midinettes qui n'auraient voulues que de ce rôle.

Et puis un jour Sarah, la belle, s'en va, décide de voler de ses propres ailes, d'être indépendante et autonome, de ne plus avoir à subir la contraire. Dorénavant, elle sera le capitaine du navire, seule maitre à bord et ses directives devront être suivies à la lettre. Mettant Angtoria entre parenthèse, voilà que l'an passé le public assiste médusé à la parution d'un premier opus : «A Sign of Sublime». Résultat ? Bon, mais insuffisant, en effet on pouvait attendre nettement mieux de la miss Sarah ! Elle ne dit pas son dernier mot la bougresse et bing, voilà «The Corruption of Mercy» et sa pochette qui fait polémique, entre hideuse pour les uns, magnifique pour les autres. A vous de voir sur quel bord vous allez vous situer, d'autant plus que l'album, lui, va aussi diviser comme le précédent l'a fait.

«The Corruption of Mercy» reprend là où on s'était arrêtés avec «A Sign of Sublime». Sauf qu'en guise d'amélioration ou de relâchement, on reste toujours sur de la stagnation. Pas mieux, pas pire, les mêmes ambiances développées, les mêmes types de pistes, toujours le même écueil et les mêmes influences qu'elle reprend sur Cradle of Filth, autant dire que cette période a été marquante pour l'anglaise. Elle se ressent ne serait-ce que sur «No Parangon of Virtue» ou encore sur «Silence Please», avec des ambiances communes.

Les titres ? Un peu de remplissage, et pas tous des hits en puissance, dans le bon sens du terme pour le mot, dommage pour la britannique. On trouve un lot d'inutile et de répulsif, à commencer par l'hideuse «Zombie», une reprise de The Cranberries où la voix ne se prête pas, parfois à la limite de la justesse, et les orchestrations, bien évidemment, ne conviennent pas. Préférez la version originale, si touchante. «Pretty With Effects» a tout de la ballade sirupeuse au possible, encore pire que «Daddy's not coming home» sur le premier opus, autant dire que c'est mal parti. L'interlude «What Lies Before You» ne sert strictement à rien, et l'éponyme «The Corruption of Mercy» n'est pas spécialement convaincante.

A côté de ça, on retrouve des titres qui surclassent ceux du premier effort. «Sirens» est magique, le meilleur morceau, et le rêve serait que Sarah continue à nous offrir des pistes d'une telle qualité, même si bien sûr, on évolue toujours dans un black/symphonique classique mais sombre, plus qu'à l'accoutumée et c'est bien plaisant, il faut le reconnaître. Même s'il manque quelque chose du calibre de «The Devils Opera», on se contentera de beautés à la «The World Won't Hold Your Hand» qui fait franchement très Angtoria, avec de nombreuses réminiscences au morceau «God Had a Plan for us all», mais dans une version améliorée, du coup on adhère sans broncher. Le petit tube dans le lot, c'est «A Matter of Convienience» qui pourrait disposer d'un clip en promo et d'une version single. «The Eye that Lie» est pleine de mystère, emmenant dans le monde des ténèbres, alors que «Silence Please» n'est pas foncièrement éloignée de «They Called Me Lady Tyranny», presque aussi réussie que «Sirens», mais gardant une place privilégiée dans le coeur. Tant d'évocations, est-ce un bien ou un mal ? Les deux, en fait, ce n'est pas original mais le fait d'être en terrain connu nous met à l'aise.

Sarah chante toujours bien, parfois avec des faiblesses («Zombies», «Pretty With Effects»), souvent pleine d'émotions («Silence Please», «The World Won't Hold Your Hand», la sympathique ouverture «No Paragon of Virtue» pas loin du morceau «A Sign of Sublime»), et aidée par une production avantageuse, elle démontre sa personnalité, et devient donc un atout majeur dans l'opus. Normal, en même temps, dans son propre album.

Sarah Jezebel Deva livre donc un «The Corruption of Mercy» agréable mais loin d'être transcendant, et contenant encore trop de remplissage. On conseillera donc à cette grande dame du metal de savoir faire le tri la prochaine fois. Car un seul «Sirens» vaut tous les «Pretty With Effects» du monde. Ainsi, allez sur votre plate-forme de téléchargement légal favorite, et achetez les titres dignes d'intérêts, en laissant de côté les autres. Allez, la prochaine fois, on espère quelque chose de meilleur que «The Corruption of Mercy» ou «A Sign of Sublime», deux bons albums, mais pour lesquels le successeur se doit d'être meilleur. Stagner, c'est bien, mais seulement un moment, plus tard ce sera la sanction.

0 Comments 31 mai 2011
Whysy

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