Il y en a qui rêvent de grandeur, de toute puissance, de suprématie… Il y en a qui rêvent de titiller la légende… Certains y rêvent, d’autres le réalisent. Trivium quitte les terres metalcore de son enfance et défonce la porte du thrash métal de la meilleure manière, celle de Metallica. Nos quatre jeunes américains ont grandi au cours de la belle période thrash et ce sont des albums comme « Master Of Puppets » qui ont éveillé en eux la passion pour la musique. Une passion qui les pousse aujourd’hui à rendre hommage au Mets’ tout au long de ce 3e disque « The Crusade ». Un disque qui fera grand bruit car tandis que les nostalgiques crieront au plagiat, le métalleux moyen lui se laissera envoûter par ces mélodies, cette puissance, et ce doux parfum eighties ! La polémique va reprendre mais que restera–t-il au final ? 13 excellentes compositions thrash ! Alors pourquoi perdre son temps à débattre ?

On ne pourra pas nier que Trivium cultive les ressemblances avec Metallica et il s’agit d’ailleurs du gros point d’ombre de ce nouveau disque. Un manque total d’originalité et de surprise plombe des compositions par ailleurs souvent excellentes. Le groupe a beaucoup mûri et pratique désormais une musique plus adulte et plus posée. Tout d’abord les affreux grognements de Matt ont presque totalement disparu et seuls subsistent quelques back vocaux. Désormais la partie vocale est entièrement claire et tend vers une voix plus thrash qui n’est pas sans rappeler un certain James Hetfield. Les refrains eux sont toujours très mélodieux bien qu’ils manquent quelque peu de mordant.

La grande force de Trivium provient surtout de son line up. Deux guitaristes virtuoses à la technique affûtée et à la vitesse folle se partagent des solis de folie tout au long du disque. Plus de feeling, plus de mélodies, plus de riffs telle semble être la ligne directrice de ce nouvel album. Il suffit de jeter une oreille sur « Becoming The Dragon » au riff incroyable pour s’en convaincre ! Entre guitares orgasmiques, rythmes divers et variés, mélodies nombreuses, les chansons font preuve d’une grande rigueur musicale et n’accordent que très peu de place à l’expérimentation. A vrai dire les chansons manquent de folie et suivent des schémas classiques. Qu’ils s’agissent des breaks acoustiques, des breaks plus électros, des refrains, des solis, tout semblent découler logiquement et seul l’instrumentale finale (8 minutes) est une réelle surprise. Un mastodonte technique et mélodique qui prouve à lui seul la grande qualité du combo.

Les chansons sont toutes très courtes et l’album se montre être un poil homogène. A vrai dire il y a un manque de pièces épiques. Trivium privilégie l’efficacité à l’émotion et signe un album très direct qui se déguste du début à la fin sans aucune modération. Il suffit de poser une oreille sur les excellentes « Ignition » , « Detonation » , le single « Entrance Of The Conflagration » ou l’hymne « Anthem (We Are The Fire) » qui fera très mal en live. D’autres chansons plus mélodiques comme « And Sadness Will Sear » ou « This World Can’t Tear Us Apart » sauront convertir les plus sensibles. Nous avons là le parfait album de guitares où technique cohabite avec mélodie et puissance sans jamais tomber dans la démonstration abusive ou la branlette de manche injustifié.

Avec ce 3e album Trivium renie ses racines metalcore et pénètre dans le monde très fermé du thrash pour botter le cul à ses détracteurs et fait dresser le zizi des amateurs de belles guitares ! Pour près d’une heure de bon thrash comme on en fait plus, « The Crusade » est la perle rare et l’achat est presque indispensable !

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