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Scamp a émergé un peu par hasard en laissant une trace indélébile dans mon esprit. Le debut album s’était immortalisé avec un jeu hyper agressif et des mélodies tranchées dans le vif. Mirror Faced Mentality fut pour le moins spectaculaire puisque ce petit combo inconnu jusqu’alors parvenait à imposer son image et à délivrer une intensité palpable au travers de son thrash métal. Un changement substantif de line-up et six années plus tard, les Danois accouchent de ce The Deadcalm aussi possédé qu’offensif. En effet, à force d’écoute, on arrive plus ou moins à faire le lien entre le style et le pays d’origine d’un groupe, et pour moi le Danemark est un des pays qui amène le plus de formations incrustées dans la frénésie la plus totale. Dans ce même registre extrême, nous avions l’exemple de Mercenary ou The Interbeing, deux bonnes adresses qui excellent dans leurs domaines. À l’instar de ces deux compères, Scamp est aussi enivrant, mais a subi un léger lifting musical.

Michael Bøgballe, qui est le chanteur sur les deux premiers albums (et seuls valables) de Mnemic remplace Mikael Rise. Il est vrai qu’au niveau du prénom ça ne change pratiquement rien, mais le talent du nouveau chanteur est considérable. Mikael faisait grésiller adroitement son chant pour enfoncer les mélodies dans une folie abusive. Ici le groove s’empare de manière accrue des lignes mélodiques et ce n’est pas uniquement lié aux instruments à cordes ! Le chant de notre frontman s’étend ostensiblement dans un crié déchainé. Les guitares collent à merveille sur les variations de la structure musicales et dévalent les pentes avec une puissance couplée à la rythmique d’une batterie évolutive. L’ensemble forme une véritable cohésion qui malgré ce qu’on peut penser ne fait pas bloc et évite l’écueil de l’indigestion. Dans chaque titre, le groove permet de dévier les attentes, « The Broken 20/20 », par exemple, va s’octroyer des ponts qui aèrent la chanson en son sein et relancer l’intérêt. « Silent Inferno » appuiera un aspect plus soigné grâce à un refrain imparable et son break montant crescendo fera taper du pied.

Le thrash qui est délivré avec The Deadcalm est encore une fois caractérisé par une vigueur infrangible et le couplage du groove colore ce style parfois un peu trop obscur. La fresque musicale de Scamp est ainsi édulcorée, mais jamais dénaturée. En outre, les compositions reposent avant tout sur une puissance qui sert de socle pour poser les fondements d’une musique musclée et le jeu des instrumentistes dévoile une versatilité inventive et décomplexée. Ainsi, Michael suspend son chant de manière sporadique et caresse la stratosphère et dans de tels moments, les parties musicales sont plongées temporairement dans une teinte atmosphérique appréciable. Par ailleurs, les riffs délivrés résonnent comme des tirs de mitraillettes et les skunk beats frisent le blast musical lorsque le frontman s’acharne au micro (« Adrian »). Les titres de cet opus arrivent à monter une machine de guerre indestructible et dont le fonctionnement est basé sur une intensité du moment et une impulsivité déconcertante.

The Deadcalm affiche une cover sobre, un dessin tribal d’un corps en déplacement sur un fond noir. Quel mauvais choix pour définir cette offrande ! Jamais on n’aura été autant à côté de la plaque. Scamp aurait mieux fait d’arborer une bombe nucléaire sur ça pochette, car la j’ai bien peur que l’identité et notamment la verve soit dissimulée et qu’on perde en accroche visuelle. On se trompe de cible avec cette cover ! La simplicité est cachée par une technique vertueuse et une efficacité irréfutable. Je n’ai pas trop compris l’idée tribale sur fond noir, mais j’espère corriger l’erreur et je vous prie de croire que cet opus ne recevra pas les personnes qui cherchent un défouloir ou à s’aérer les esprits tout simplement. En effet, malgré une forte agitation musicale, on reconnaitra volontiers qu’un vent de fraicheur accompagne The Deadcalm. En plus clair, si vous avez envie de vous dégourdir les oreilles, il me semble que cet album est tout indiqué.

0 Comments 05 mai 2014
Whysy

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