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Vous souvenez-vous de Barren Earth ? Ce groupe qui a su titiller notre intérêt grâce à son line-up hollywoodien et qui a su s’imposer en l’espace d’un album parfaitement maîtrisé mettant en exergue les qualités de chacun de ses membres. Les Finlandais ne se sont bien évidemment pas arrêtés en si bonne voie, le projet reste viable et continue à faire son petit bonhomme de chemin et c’est avec « The Devil’s Resolve » que le combo nordiste revient sous le feu des projecteurs. Autant dire que l’émotion est au rendez-vous ! Alors que la super-formation s’apprête à nous dévoiler ses nouvelles chansons, l'excitation se sent de plus en plus présente et l’émotion commence franchement à saisir l’auditeur, qui, tel un forcené se cloisonne l’esprit pour donner toute son attention aux musiciens.

En effet, Barren Earth nous livre un album bourré en émotion, une espèce d’approfondissement de « The Curse Of The Red River » en quelque sorte. Comportant des titres extrêmement mélodiques et progressifs à la fois, le groupe a le loisir de nous délivrer un opus encore plus fouillé et nettement plus précis que son prédécesseur. Ce qui frappe de suite c’est de voir comment les ambiances s’édulcorent sur le registre extrême suite à la surdose d’ambiances folk dans la structure musicale. Les titres tels que « Where All Stories End » comportent des ambiances mixant les deux domaines dans lesquels Barren Earth s’est construit. Il est vrai que Mikko pousse souvent son cri dissonant avec toute l’éloquence morbide qu’on lui reconnait volontiers, néanmoins il parvient en même temps à laisser passer des tirades en utilisant son chant clair ou à prendre un ton olympien sur « The Dead Exiles » par exemple. Ainsi passant de la rugosité irritante à la caresse lyrique, notre chanteur combine les environnements rien qu’avec sa voix comme seul artifice.

Les titres décrivent un périple musicalement riche, très étoffé et particulièrement complexe. Les ajouts de claviers renforcent les guitares dépressives (« Passing Of The Crimson Shadows »), les breaks instrumentaux parsèment la tracklist sans ménagement et c’est sans compter sur le foisonnement et la conjugaison des environnements distincts que les Nordiques appuient « The Devil’s Resolve » dans une atmosphère aseptisée et aux attraits parfaitement maitrisés... En apparence. Car tel Cassandre, la prophétesse aux prédictions inécoutées, et au risque de déplaire à nombreux d’entre vous, je dois dire que j’ai très peu accroché cet opus. Les parties qui se veulent tristes et mélancoliques comme sur « The Rains Begin » sonnent surdimensionnées et artificielles. Sans parler des voix nasillardes sur « The Dead Exiles », on retrouve régulièrement des nappes de claviers ridiculisant une structure au confort bien assis dans le perfectionnisme. Même « As It Is Written » qui tente de jouer la carte du chagrin et de la nostalgie m’a paru surjouée en définitive. En plus clair, on retrouve un jeu musical habile et vertueux, mais les émotions accompagnant les mélodies ont un rendu bien trop factice et frelaté et de ce fait on ne tombe pas dans le piège odieusement posé essentiellement par des accords pompeux de la part de nos Finlandais.

S’il est vrai que le premier opus s’était montré considérablement prenant et offrait une justesse dans son interprétation, celui-ci ne parvient pas à convaincre. Les faux semblants n’attraperont que les profanes peu habitués laissant un arsenal musical en déroute pour les plus difficiles à apprivoiser. Ce potentiel bêtement dilapidé et ce gaspillage convenu n’ont permis que de canaliser les efforts dans le but de fabriquer du toc. Au regard de ce constat anarchique, j’ai d’abord eu envie de crier au scandale ! On sait que la versatilité peut prendre des formes variées et ici quelle surprise de découvrir qu’elle peut revêtir le simulacre, à savoir que la projection musicale bourrée d’effet plein la gueule tente de vomir son contenu dans nos conduits auditifs espérant retenir notre attention. Mais ce n’est que supercherie, « The Devil’s Resolve » respire l’approximation comme un poêle à mazout peut sentir le pétrole. C’est alors qu’après longue hésitation, j’ai arrêté de lutter pour me  rendre à l’évidence, Barren Earth a foiré... Les effluves pestilentiels viennent entacher l’album et il est difficile de se plonger à corps perdu dans cette création qui n’est faite que de promesses.

Il est vrai que pour attaquer la compréhension d’un album, il y a le ressenti des émotions mais n’omettons pas la créativité artistique en tant que telle. Même si pour moi, la première caractéristique est nettement plus importante, et, est la résultante directe d’une oeuvre musicale réussie, il faut néanmoins ne pas refouler son objectivité quant aux particularités techniques. Et si on fait abstraction des points noirs récurrents, on peut objectivement déceler des morceaux tels que « Vintage Warlords » qui justement gomme les défauts avec un entrain plus palpable et de la violence à l’état brut. Les ornements inutiles sont écartés d’un geste de la main pour laisser éclater un magma musical virulent et scandé par des blast-beats accompagnés par des riffs à la guitare qui eux font mouche. Mais hélas ces moments intenses et purs sont bien trop rares pour permettre de s’attarder plus que ça sur cet opus qui selon moi reste d’un niveau moindre que « The Curse Of The Red River ».

0 Comments 28 mars 2012
Whysy

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