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Un quatrième Opéra d’Arjen Lucassen ça vous tente et bien montez à bord de la navette spatiale Ayreon je vous emmène visiter le cosmos. A l’aube d’un nouvel album d’Ayreon en 2000 on se souvient encore du voyage illuminé d’Into The Electric Castle qui avait subjugué la critique. Inutile de dire que la tension était à son comble aussi bien du côté des fans que du compositeur qui se demandait bien comment il allait reproduire la magie de Into The Electric Castle. « Reproduire », cela il n’en était pas vraiment question. Il s’agissait plus de le faire différemment ; le hollandais rejoignait par cette réflexion un certain Johan Hallgren (Pain of Salvation) qui considère qu’il n’y a pas de différence de niveau entre les albums ; ils sont simplement différents.  Alors cela semble aller bien à l’encontre de ce que le papaduck disait : « THE DREAM SEQUENCER reprend les mêmes ingrédients que THE ELECTRIC CASTLE, même couleur ». Et oui, je ne suis pas d’accord je m’arrêterai à « mêmes ingrédients », et oui le talent et tout simplement le talent. Bien sûr on continue d’avoir le côté planant du précédent opus mais cela puissance 10 au détriment des parties heavy car ce que propose Arjen Lucassen avec les deux cds qui forment Universal Migrator c’est de disséquer la musique d’Ayreon en un album atmosphérique et un plus heavy, avec toujours des influences progressives.  The Dream Sequencer s’adresse donc, à la base, aux fans des ambiances atmosphériques et de la mélodie sous ses aspects les plus doux et sensibles. L’album et son concept semblent rodés et peaufinés à merveille. Le Dream Sequencer est une machine qui génère des rêves, et est en même temps une sorte de machine à voyager dans le temps. Le personnage principal s’y connecte dans l’intro. Et là c’est l’immersion musicale, un véritable voyage attend celui qui comme moi prendra son temps, assis sur son lit devant le livret de ce Dream Sequencer afin de pénétrer totalement ce monde. Dès lors, ce qui nous attend c’est un voyage psychique aux confins des astres, de la planète terre, du temps. Notre personnage reviendra sur des épisodes de sa vie et de ses vies précédentes (le charme de la réincarnation).  Le voyage commence là où tout se finit pour l’humanité et se termine paradoxalement où tout commence, avec le premier homme. La planète terre est devenue invivable comme le ménestrel Ayreon l’avait prédit dans The Final Experiment et le personnage principal vit avec sa sœur, seuls, sur Mars. On glisse donc d’ambiances très électroniques au début, qui correspondent à la fois à un monde mécanisé, froid et sans vie, à la tristesse de l’existence et à la noirceur de l’espace, vers un final plus joyeux où s’est généralisée l’utilisation de la guitare acoustique à la rythmique qui renvoie à une existence proche de la nature, libérée de toute pollution ou des altérations majeures que l’homme peut avoir sur l’environnement.  Vous l’aurez compris la musique et le concept sont interdépendants et fusionnent parfaitement. L’ambiance planante est créée à l’aide de nappes électroniques et des effets (phaser, wah, delay) permettant d’amortir les attaques sur les cordes des intruments rythmiques. La batterie est donc très effacée lorsqu’elle est présente. Sir Arjen a donc en quelque sorte épuré sa musique des éléments heavy et a gardé le son de la guitare électrique pour les mélodies qui sont lentes et pleines de feeling. Mais là encore la guitare reste proche des sonorités clean. L’ensemble semble lisse, les sons sont continus, on a véritablement l’impression de planer comme en apesanteur ou dans un rêve.  My House On Mars bénéficie d’une ambiance quasi fantomatique et de la voix du chanteur du groupe Tiamat, Johan Elund qui y contribue sans mal avec son timbre grave et profond. L’ambiance et les paroles sont à la limite du dépressif, l’ambiance sinistre n’a d’égal que le relief dévitalisé de Mars. Le discours formulé par cet enfant abandonné est animé d’émotions aussi tristes que son environnement. Solitude, désespoir puis résignation émanent de la bouche de cet enfant dont les rêves se désagrègent à force des longues heures passées sur cette planète. Cette chanson se construit donc sur un paradoxe : deux être-vivants sur une planète morte. Inutile de vous dire que Johan et Floor Jansen m’auront mis la larme à l’œil avec cette chanson.  Les ambiances sont à chaque fois en phase avec les textes. En effet, des sirènes annoncent l’apocalyptique 2084 ; on revivra la mélancolie et la magie de l’enfance grâce à la guitare acoustique de One Small Step et le feeling que ses notes électriques dégagent. On nous suggère du rêve les enfants, il ne tient qu’à vous de le saisir. On retrouve cela dans The Shooting Company Of Captain Frans B. Cocq où la grammaire Lucassennienne conjugue musicalement la gloire de la Hollande au XVIIème siècle, dû à l’essor de son commerce, à la fierté et l’émotion qui émanent de la toile de Rembrandt qui dans cette chanson peint un noble et ses gens. J’en veux pour preuve les bends plein de sensibilité à la guitare électrique, la légèreté avec laquelle glisse le médiator sur les cordes de l’acoustique, les discrets ahaha masculins, les violons et la basse. Dragon On The Sea sera renforcée par une frappe lourde semblant donner la cadence aux rameurs des navires envoyés par la reine Elisabeth, encore une fois l’acoustique fait le charme d’une chanson. A quelle poésie, on voit de là les navires voguant avec légèreté.  C’est ainsi que les éléments électroniques voient leur décadence s’affirmer. A partir de ce moment-là les thèmes abordés sont tous relativement magiques, religieux, ou pseudo-imaginaires. Et oui, il est bien difficile de se faire une idée du premier homme sur terre. Les thèmes sont donc beaucoup plus enjoués, la mélodie prime quoiqu’il en soit. De la béatitude et de la sérénité se dégagent de Temple Of The Cat, un parfum aux relents médiévaux imprègnent Carried By The Wind, du mystère, du merveilleux nous traversent à l’écoute de And The Druids Turn To Stone. Pour finir, une véritable sensation de bien-être emplira votre corps à l’écoute de First Man On Earth qui se veut l’antithèse d’un My House On Mars.  Enfin bref, je me sens obligé de parler des chanteurs quand même et de signaler leur performance. Johan Edluind apporte sa pierre à l’édifice et m’aura fait pleurer par son interprétation de My House On Mars plus que magistrale. Lana Lane est impressionnante sur 2084 par sa capacité à alterner puissance et douceur. Elle transcendera d’un chant étincelant d’espoir et de fierté l’aspect tragique de Dragons On The Sea. Edward Reekers est lui aussi déstabilisant sur One Small Step par la dose de sensibilité qu’il confère aux couplets, le bougre parviendra même à nous émouvoir. Je mentionnerai aussi Arjen Lucassen sur Carried By The Wind qui nous fait revivre la magie d’un Amazing Flight ou de The Final Experiment. Neal Morse impressionne également avec The First Man On Earth, ce dernier fait corps avec l’ambiance pour un résultat unique, imparable et irréprochable.  Mais je crois que la palme doit revenir à Damian Wilson sur And The Druids Turn To Stone. Damian y est impérial, aussi bien dans les parties à caractère sensible que grandiose. De cet homme se dégage un charisme, une puissance… Tout simplement énorme. Si j’estime que Jacqueline Govaert est en-dessous, cela n’entache pas la qualité de l’album parce qu’elle reste plus que convaincante dans son interprétation de Temple Of The Cat. Mouse incarnera lui aussi avec talent le personnage d’origine noble qui pose fièrement devant Rembrandt. Sa voix sera déformée par quelques effets, mais le tout reste quoiqu’il en soit jouissif.  Alors toi qui n’as pas eu le courage de lire ma chronique jusqu’au bout, sache que cet album est une référence. Aussi bien abouti conceptuellement qu’instrumentalement et vocalement. The Dream Sequencer nous présente un visage épuré de ses traits les plus heavy et ce afin de mieux mettre en valeur les mélodies et le travail des ambiances. Alors je dis oui et encore oui, cet album a égalé son prédécesseur et l’a même distancé. The Dream Sequencer est donc une réussite en tout point… irréprochable… Que les amateurs de grosses guitares passent leur chemin et se dirigent vers The Flight Of The Migrator. Prêtez-vous à l’immersion Dream Sequencer.  Dreamer

0 Comments 26 janvier 2007
Whysy

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