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Aujourd’hui, tout le monde ou presque connaît Jorn Lande, et pour cause, car non content d’être extrêmement talentueux, ce Norvégien est sans doute l’un des chanteurs metal les plus médiatiques du moment. Bien qu’ayant évolué très longtemps en dehors de la scène Heavy Metal, ce blondinet avait fait prendre une nouvelle tournure à sa carrière en intégrant le groupe de l’ex-Helloween Roland Grapow : Masterplan. J’avais alors été particulièrement impressionné par sa puissance vocale et son originalité. Et pourtant je n’attendais pas grand chose du nouvel album de son projet solo : "Jorn", tout simplement car les projets solo de chanteurs n’ont pas très bonne cote dans l’histoire du metal.  On peut d'ailleurs citer de nombreux exemples récents qui font plus ou moins figure de fiascos artistiques. Avec comme noms probants : Kotipelto (du chanteur de Stratovarius), Cans (de celui d’Hammerfall) ou encore UDO (projet du légendaire chanteur d’Accept). Ces albums sont généralement plus des faire-valoir, odes à la gloire d’un chanteur, composés dans les toilettes du bus de tournée et enregistrés à la va-vite dans un studio célèbre, que de réelles productions artistiques! La musique ne diffère généralement pas de celle du groupe d’origine, la prise de risque est nulle, tout comme la performance instrumentale, souvent seul le chant attire l’attention, et encore pas tout le temps. Il est clair qu’ayant été profondément déçu par les exemples précités, je ne voyais que d’un mauvais oeil se profiler à l’horizon ce nouveau Jorn intitulé «The Duke», et malheureusement, mes craintes se trouvèrent justifiées. En lieu et place du projet fin et aventureux qui aurait collé au talent de Jorn et que j’avais si ardemment espéré, je n’ai trouvé qu’un vague ersatz des récents albums de Masterplan, sur lequel ont été posées à la hâte quelques influences AOR sans grande originalité. Contrairement au groupe de Roland Grapow, les musiciens sont ici rigoureusement plats, ne proposant aucune partie musicale digne d’intérêt, se contentant de rester piteusement dans les standards du genre sans oser s’en écarter d’un poil. Les soli sont fades, les riffs basiques, la basse et la batterie inexistante (et il me semble dire cela de beaucoup trop de nouveautés). Des chansons comme «Midnight Madness», «After The Dying», «Black Song» et même la reprise de Thin Lizzy «Are You Ready ?» sont terrifiantes de platitude et ne provoquent que l’ennui profond chez l’auditeur. Au niveau instrumental, «The Duke» est une immense déception, là ou j’avais espéré un écrin ciselé digne d’un grand chanteur, je ne trouve qu’un cadre plat et sans finesse, ressassant inlassablement des compositions déjà mille fois utilisées. Une fois cette déception passée, on se prend follement à espérer autre chose, car oui, si la musique est si fade, c’est peut-être pour laisser une plus grande place au chanteur lui-même ? Mais décidément même cet espoir un peu fou ne se réalisera pas, car Jorn, non content de nous offrir une musique sans âme, se repose paresseusement sur son talent, en ne nous offrant pas grand chose, en tout cas rien qui puisse justifier un projet solo. «The Duke», c’est dix titres d’une durée moyenne de quatre minutes, sans réelles variations de tempos ni de structures, sans surprise aucune, ni la moindre fantaisie. On retrouve certes les sempiternels tubes fédérateurs (m’enfin ce n’est pas vraiment une rareté dans le heavy) : «Stormcrow» avec un Jorn agressif, «Duke Of Love» avec un Jorn crooner et «Burning Chains» avec un Jorn plein de chagrins d’amour. Difficile de trouver quoi que ce soit à retenir sur ce disque. En cherchant bien, on peut toutefois ressortir quelques titres sur lesquels le chant se montre un peu plus imaginatif, comme l’ouverture «We Brought the Angels Down» qui malgré ses lourdeurs, comporte quelques très belles parties vocales, et «End Of Time» qui grâce à sa structure variée est certainement le titre le plus original du disque (et bien entendu un des meilleurs). Et paradoxalement, c’est un réenregistrement d’une de ses premières chansons «Starfire» (datant de 2000) qui se retrouve au sommet de l’album, puissant, accrocheur, bien écrit et prenant de la première à la dernière seconde, ce titre est un petit bijou de composition qui mériterait sans doute une place sur un meilleur disque. Mais si Jorn à besoin de revenir à ses débuts pour convaincre, c’est qu’il est temps de se renouveler un tantinet…  On peut donc, à juste titre, s’interroger sur l’utilité réelle de ce produit, à partir du moment où le chant de Jorn Lande est infiniment plus varié sur Masterplan, avec en prime une musique de très grande qualité, je ne vois pas ce qui pourrait justifier qu’on s’intéresse à ce produit douteux. En clair, quand on veut vendre, il vaut toujours mieux prendre son temps pour fignoler un disque réussi plutôt que de bâcler dix titres en espérant empocher un maximum le plus vite possible. Dommage, la pochette était jolie...  SMAUG...

0 Comments 14 février 2006
Whysy

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