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Sous-genre du metal, croisement entre le doom, le pagan, le folk et le black, le viking metal est une veine rare et précieuse, qui n'existe en fait véritablement que sous la patte de son inventeur, Quorthon, le génial leader de Bathory, et quelques groupes ou individus sporadiques mais excellents, tel Falkenbach.

Créateur mythique, le suédois Thomas Forsberg (qui n'est sans doute pas son vrai nom) alias Quorthon meurt en 2004, laissant derrière lui 20 ans d'une œuvre riche en styles et originalités: il invente le concept du black "garage", ce que les norvégiens appelleront le True Norwegian Black Metal, une musique, violente, pure et torturée, mais surtout inaudible, enregistrée au fond d'une cave; il sera un des grands ordonnateurs de la scène death suédoise, participera au mouvement trash du début 80's et surtout, en 1988, lancera le premier manifeste viking metal, Blood Fire Death. Amateur de mélodies vous en trouverez assez peu sur cet album, le style y est encore assez brutal, un mélange black/death, mais on sent déjà les inspirations des albums légendaires du groupe: Hammerheart, Twilight of the Gods, Nordland I et II.

Et voilà que plus de 20 ans après, et alors qu'on croyait que ce style n'était réservé qu'à des puristes chevronnés (Bathory faut s'accrocher hein, le son est plus sale que les Ramones et Quorthon chante faux), on se prend une grosse claque, Ereb Altor. Ce groupe quasi-totalement inconnu existe depuis 20 ans, et il s'agit de son deuxième album. Pour prévenir les fans et les autres je me dois de préciser d'emblée ce fait important: le viking étant tellement lié à Bathory il est difficile d'en faire sans sonner comme Quorthon j'en conviens, mais concernant Ereb Altor, l'affiliation est plus qu'évidente. The End est en quelque sorte Nordland II en mieux produit. Le plus paradoxal dans tout ça c'est que cela ne nuit en rien à l'immense qualité de l'album et à l'intérêt qu'il présente. En voici les grandes lignes.

Qu'est-ce donc que le viking metal? Déjà une musique à l'écart de toute considération technique: même un album de 2010 bien produit sonne encore très roots, en fait tout est là, car le viking est pour moi le style n°2 au cœur scandinave (après le folk). Le rythme lent et peu varié fait penser à du doom (ainsi que les chœurs funèbres), les guitares sont heavy et les riffs sont simples, et la voix rauque et mélodieuse est celle d'un vieux guerrier viking, assis au coin du feu et racontant ses exploits. Notez que cette description vaut pour le dernier Ereb Altor, mais également pour Nordland II par exemple, c'est dire. Bien souvent les intros sont acoustiques, doublées de voix graves et lentes, une sorte de marche funèbre permanente.

Le viking metal est un style mélancolique et triste, et Ereb Altor ne déroge pas à la règle. Les textes sont tirés évidemment de la mythologie scandinave, et je vous donne quelques exemples pour vous mettre l'eau à la bouche: Balder's Fall (Ereb Altor), Odens Ride Over Nordland, Vinland (Bathory), Heathen Foray (Falkenbach, littéralement la Charge Païenne).

Malgré sa ressemblance criante avec les derniers opus du Maître, The End d'Ereb Altor est une perle, un îlot de beauté et de tristesse au milieu de tous ces groupes prétendument nordiques et qui nous délivre le même message que Quorthon en 2003, enjolivé par les mêmes mélodies sublimes: c'est mort les gars, éradiquée une première fois par les moines chrétiens il y a 1000 ans, la culture scandinave est encore une fois sacrifiée sur l'autel des poseurs et du dieu unique, l'argent. Posons donc nos haches, et écoutons cet épique récit de l'ancien temps, dont l'immense profondeur et le désespoir qui l'emplissent sont les symptômes d'une vérité malheureuse et inéluctable: les vikings et leur culture sont morts depuis des siècles.

0 Comments 02 octobre 2014
Whysy

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